Les écologistes de Birmanie font grise mine

Un projet sino-birman de mine de cuivre dans le nord de la Birmanie a provoqué des manifestations des habitants des environs, épaulés par des environnementalistes.

Un projet sino-birman de mine de cuivre dans le nord de la Birmanie a provoqué des manifestations des habitants des environs, épaulés par des environnementalistes.

La mine de cuivre est située dans la chaîne de montagnes de Letpadaung, à 24 kilomètres à l’est de Monywa, principale ville de la division de Sagaing, dans le nord de la Birmanie. Pour l’exploiter, le conglomérat militaire birman Myanmar Economics Holding Ltd s’est allié à la firme chinoise Wan Bao Mining. Selon le magazine online Irrawaddy, les habitants des villages alentour sont mobilisés depuis un mois et demi contre le projet, non seulement à cause des risques environnementaux qu’il présente, mais aussi parce qu’il a d’ores et déjà conduit à des confiscations de terrains. Une unité anti-émeute de la police a été dépêchée sur place après que des villageois eurent bloqué le passage de bulldozers pour stopper les travaux. Une douzaine de personnes ont été arrêtées et trois femmes sont toujours en détention. L’affaire a désormais un retentissement national et des militants des droits de l’Homme et de protection de l’environnement sont venus prêter main forte aux protestataires.

Le 11 septembre, une marche pour demander la libération des trois détenues a rassemblé 1.500 personnes à Monywa dont une vingtaine d’étudiants venus de Mandalay. Le lendemain, toujours selon le site Irrawaddy, 300 habitants de douze villages proches de l’emplacement de la future mine ont organisé un rassemblement pour demander l’annulation du projet. Des membres du groupe Generation 88 sont venus les soutenir, notamment Jimmy l’un des leaders de ce mouvement ayant manifesté en 1988 contre les militaires au pouvoir. Les villageois se sont entretenus avec le “chief minister” de la division de Sagaing, Thar Aye, qui a promis de relâcher les trois détenues, mais en respectant la procédure légale. En revanche, il a dit n’avoir pas l’autorité pour décider de l’annulation du projet de mine de cuivre et a suggéré aux protestataires de contacter le gouvernement à Naypyidaw. Le même jour, une députée locale de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi est venue discuter avec les protestataires.

En septembre 2011, le gouvernement birman, sous pression de la population locale et à cause des risques pour l’environnement, avait suspendu le projet de barrage-réservoir de Myintsone, situé dans l’Etat kachin dans le nord-est du pays et dont l’investisseur principal est la firme chinoise China Power Investment Corporation. C’était la première fois que le pouvoir birman, alors au début de sa phase de transition, donnait favorablement suite à une demande exprimée par la population.