Des minijupes jugées pornographiques

En Indonésie, le ministre chargé de l’application de la loi contre la pornographie est sans doute maladroit. Mais il est le reflet des aspirations de la présidence.

En Indonésie, le ministre chargé de l’application de la loi contre la pornographie est sans doute maladroit. Mais il est le reflet des aspirations de la présidence. 

Suryadharma Ali, ministre indonésien des affaires religieuses, insiste: toute jupe «qui ne recouvre pas les genoux sera jugée pornographique», a-t-il déclaré, selon le Jakarta Post du 28 mars, deux semaines après avoir été chargé par le président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) de la gestion d’un nouveau Comité d’application de la loi contre la pornographie votée en 2008. La mini-jupe fera donc partie des critères de pornographie. Le président du Parlement, Marzuki Alie, approuve. «Vous savez comment sont les hommes !», a-t-il dit selon le Sydney Morning Herald.

Suryadharma veut que les standards qui seront décidés pour le vêtement soient imposés à tout l’archipel, donc à quelque trois cents ethnies, y compris les Papous aux étuis péniens. Il lui arrive de déraper : il a traité en janvier les shiites d’ «hérétiques». Mais il est surtout le reflet du conservatisme religieux sensible dans l’entourage de SBY.

Commentaires de lecteurs : «un retour à l’âge de pierre» ; «bienvenue en Arabie saoudite». L’immense majorité des Indonésiens pratiquent un islam modéré. En février, la Commission pour la suppression de la corruption s’est interrogée sur le sort des intérêts – qui se comptent en millions d’euros – sur les dépôts des pèlerins à la Mecque faits auprès du ministère des affaires religieuses, lequel passe pour le plus riche en raison de la gestion de ces dépôts et de dons aux pauvres.