Financement des risques de catastrophe naturelle : être mieux préparé

Community meeting discussing the reconstruction of a village hit by a volcanic eruption, Yogyakarta, Indonesia. © Nugroho Nurdikiawan Sunjoyo/World Bank
Réunion communautaire pour analyser la reconstruction d’un village touché par une éruption volcanique, à Yogyakarta (Indonésie). © Nugroho Nurdikiawan Sunjoyo / Banque mondiale

Au cours des deux dernières semaines, le monde a été témoin des conséquences tragiques du tsunami à Sulawesi, qui sont venues rappeler avec force les risques qu’un grand nombre de communautés et de pays doivent être prêts chaque jour à affronter. L’ampleur de cette catastrophe est visible et montre qu’il faut être prêt à porter immédiatement secours aux victimes, pouvoir coordonner les interventions au niveau international et continuer à investir dans la résilience aux catastrophes naturelles pour protéger la vie des populations et leurs moyens de subsistance.
 
Face aux ravages subis par l’île, l’Indonésie s’est rapidement mobilisée, démontrant ainsi son expérience dans la gestion des catastrophes. Pour de nombreux pays, toutefois, les effets de ces catastrophes peuvent être bien plus dévastateurs. Toute stratégie efficace de gestion des chocs climatiques et des catastrophes naturelles passe par la résilience, des instruments de financement des risques et la capacité institutionnelle à apporter une réponse rapide et à dynamiser les plans de redressement et de reconstruction.

Les connaissances acquises, le partage des expériences et la résilience financière permettent aux pays de gérer l’impact des catastrophes plus efficacement que jamais. Ces objectifs ne sont pas seulement une priorité pour l’Indonésie, mais pour tous les pays particulièrement exposés aux catastrophes naturelles. C’est pourquoi, à la réunion du G20, les dirigeants du monde entier se sont engagés à faire en sorte que le système financier mondial profite à tous. La mobilisation de ressources privées au moyen de mécanismes de financements publics conditionnels et d’instruments d’assurance applicables à l’ensemble du système est l’un des domaines dans lesquels le Groupe de la Banque mondiale progresse pour honorer l’engagement pris. Nous sommes également l’un des membres de l’InsuResilience Global Partnership (a). Créé en application du mandat donné par le G20 en 2017, et sous la conduite de l’Allemagne et du V20, (le groupe des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique), ce partenariat mondial a mis en place une plateforme d’échange de connaissances sur le financement des risques liés aux chocs climatiques et aux catastrophes naturelles.
 
Notre programme d’assurance et de gestion financière des risques de catastrophe (DRFIP) (a) s’est développé rapidement grâce à l’appui de nombreux bailleurs de fonds. Démarré en partenariat avec la Suisse, ce travail, qui s’adresse plus particulièrement aux pays à revenu intermédiaire et à croissance rapide, comme l’Indonésie, vise à intégrer les risques de catastrophe dans la gestion globale du risque budgétaire de ces pays. L’Union européenne, l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni comptent aujourd’hui parmi les bailleurs de fonds finançant ce programme. Nous donnons aussi des avis techniques pour accompagner l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies complètes de protection financière dans plus d’une soixantaine de pays.
 
La gamme de services financiers que nous proposons à nos pays clients pour la gestion des risques de catastrophes se développe également. Elle donne ainsi accès à 2,5 milliards de dollars de lignes de crédit conditionnel pour fournir rapidement des liquidités complétant les budgets nationaux lorsqu’une catastrophe se produit. Cela vient s’ajouter à des transactions relatives à des risques météorologiques ou de catastrophe, qui ont mobilisé les marchés financiers afin de fournir une protection aux gouvernements, pour un montant estimé à 3,9 milliards de dollars au cours des dix dernières années.
 Chaque catastrophe est différente et chaque pays fera face à des défis qui lui sont propres pour y apporter une réponse. Les trajectoires de redressement reposeront toutefois sur quatre éléments communs essentiels :

  • Des marchés stables et des institutions solides, où les risques seront partagés par des acteurs publics et privés. Lorsque l’exposition au risque est forte, la prise en compte des chocs climatiques et des catastrophes naturelles dans la planification du budget et la gestion des risques n’est pas un choix : c’est une nécessité. Au-delà des assurances contre ces risques, des systèmes de paiement robustes sont nécessaires pour s’assurer que les financements parviennent à leurs bénéficiaires sans coûts inutiles.
  • Investir dans les systèmes de prestation de services pour permettre une réponse et un redressement efficaces. La fourniture d’une assistance rapide aux ménages pauvres et vulnérables est une propriété après une catastrophe. Le rétablissement de l’accès aux services de santé et aux écoles, et la reprise de l’activité économique vont au-delà de la satisfaction de besoins essentiels. C’est l’un des domaines dans lesquels le Groupe de la Banque mondiale travaille avec d’autres partenaires de développement dans les pays frappés par une catastrophe.
  • L’innovation et les technologies pour améliorer la résilience financière. Le Groupe de la Banque mondiale travaille en partenariat avec le Japon, le Royaume-Uni, le Centre for Global Disaster Protection (a) et des assureurs de premier plan pour lancer une nouvelle initiative qui facilitera l’utilisation des technologies afin d’améliorer la gestion du risque financier pour les actifs publics. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la collaboration en cours avec le secteur privé par l’intermédiaire du Forum sur le développement de l’assurance.
  • Collaboration internationale. Aucun pays ne peut bâtir sa résilience financière seul. Le mécanisme d’assurance contre les risques de catastrophe d’Asie du Sud-Est (SEADRIF) (a) est un exemple de cet effort collectif, ici, dans la région desservie par l’ASEAN. En application du mandat donné par les ministres des Finances de l’ASEAN+3, et en partenariat avec le Japon, le Groupe de la Banque mondiale aide le SEADRIF à mettre au point des instruments financiers, dont l’assurance, à promouvoir l’échange de connaissances, à mobiliser des investissements à l’appui du développement des biens publics et à faire appel à l’assistance technique.

 
Des catastrophes extrêmes comme à Sulawesi menacent les efforts qui visent à mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. De nombreux enseignements peuvent être tirés de la réponse apportée par l’Indonésie. Ensemble, nous continuerons à animer cette dynamique et à mettre au point des technologies et des outils d’assurance novateurs pour appuyer la prévention, la résilience et le redressement.
 
Regardez la vidéo du Dialogue de haut niveau sur l’assurance et le financement des risques de catastrophe en Indonésie (a), qui s’est déroulé le 10 octobre 2018 lors des Assemblées annuelles du FMI et du Groupe de la Banque mondiale, à Bali.

 

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