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Asie Tourisme

Bonne bouffe dans la rue: six sur dix

Où mange-t-on le mieux dans la rue en Asie ? Six villes d’Asie du sud-est figurent parmi les dix meilleurs endroits : Penang, Bangkok, Hanoi, Singapour, Manille et Phnom Penh.

Ce classement (établi par le site www.CNNGo.com  et repris par la presse régionale) ne retient pas Hochiminh-Ville (ex-Saigon), pourtant considérée comme l’un des temples de la bonne bouffe à bas prix dans la rue, notamment autour du Marché central, du Vieux marché et à Cholon, l’ancien quartier chinois. Les villes d’Indonésie sont également absentes, en dépit de la popularité des Warung, les omniprésentes petites cantines installées sous toile de tente sur les trottoirs.

A Bangkok, parmi les plats populaires sont mentionnés les nouilles de riz aux légumes, poulet ou crevettes (pad see ew) , la salade papaye verte (som tam), le riz frit au crabe (khao pad pu). Dans les rues de Hanoi,  se retrouvent sur un trottoir encombré les amateurs de l’incontournable pho (soupe locale à base de nouilles de riz, bœuf ou poulet), de banh cuôn (crêpes de riz farcies et cuites à la vapeur) et de bun cha (lamelles de poitrine de porc grillée accompagnée de nouilles de riz).

Un tel classement élimine la cuisine laotienne, faite à base d’herbes et très appréciée pour son goût et sa légèreté. Les quatre autre villes asiatiques citées sont Taipei (Taïwan), Fukuoka (Japon), Séoul (Corée du Sud) et Xian (Chine). Il n’y a pas de place pour Pékin, Shanghai, Canton et même Hong Kong.

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Asie Politique

Un peu plus d’Asie à la Banque mondiale

Barack Obama a proposé, le 23 mars, que Jim Yong Kim prenne la relève, à la présidence de la Banque mondiale, de Robert Zoellick, qui s’en va en juin.

Le choix de la Maison blanche devrait prévaloir, en dépit des pressions croissantes d’économies émergentes (cette fois, la candidature de la ministre nigériane des finances, Ngozi Okonjo-Iweala, avait été avancée par l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria).

Ressortissant américain d’origine coréenne, Jim Yong Kim, 53 ans, dispose d’un gros bagage : une double formation de médecin (spécialiste de la tuberculose) et d’anthropologue (un doctorat à Harvard) ; plusieurs expériences de gestion, en tant que haut-fonctionnaire de l’ONU et, depuis 2009, de président de l’une des plus prestigieuses universités américaines (le college de Dartmouth à Hanover, New-Hampshire, encore que sa gestion ait été controversée parmi les étudiants).

En choisissant un spécialiste de la tuberculose, très engagé dans la médecine sociale sur le plan international (Kim a fondé Partners in Health en 1987), le président américain a adressé un clin d’œil au monde en développement. Avec la nomination à l’une des directions de la Banque mondiale, en 2010, de Sri Mulyani Indrawati, une économiste dont le président indonésien s’est séparé pour des raisons politiques, l’Asie est davantage présente à la tête de l’institution internationale.

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Analyse Asie Timor Leste

Un au-revoir à Ramos Horta, non un adieu

Eliminé lors du premier tour de l’élection présidentielle au Timor Leste, le président sortant Ramos-Horta peut encore jouer les arbitres. S’il le souhaite.

Jose Ramos-Horta prend du champ. Arrivé, avec 18% des votes,  en troisième position au premier de l’élection présidentielle, le 17 mars, il ne participera pas au deuxième tour, le 16 avril, qui opposera  Lu Olo (28% des voix) à Taur Matan Ruak (25%), les deux candidats qui ont bénéficié de l’appui de grandes formations politiques.

Ramos-Horta, le président sortant, a accueilli cet échec avec détachement. Prix Nobel de la paix (distinction  qu’il a partagée, en 1996, avec Mgr Belo), ayant presque miraculeusement  survécu à une tentative d’assassinat en 2008, Ramos-Horta sait très bien à quoi s’en tenir.

Il a mené une petite campagne électorale. Surtout, trois semaines avant le premier tour, le CNTR (Congrès national pour la reconstruction de Timor) du premier ministre Xanana Gusmao, qui l’avait appuyé lors de son élection en 2007, lui a retiré son appui pour le reporter sur le général José Maria de Vasconcelos, alias Taur Matan Ruak, un nom de guerre. Cet ancien guérillero a été, par la suite, un patron controversé de l’armée, notamment en 2006, lorsqu’une révolte de soldats a conduit le pays, indépendant depuis 2002 seulement, au bord d’une guerre civile stoppée par l’intervention d’une force multinationale.

Le CNTR a retiré son appui à Ramos-Horta parce que ce dernier, pendant les deux dernières années de son mandat, a pris ses distances à l’égard d’un gouvernement accusé de népotisme et de corruption. Il a d’ailleurs annoncé pendant la campagne électorale que, s’il n’était pas qualifié pour le second tour, il ne reporterait son soutien sur aucun des deux candidats en lice. C’est ce qu’il a fait en assurant le futur élu, quel qu’il soit, de son appui.

Lu-Olo, nom de guerre de Francisco Guterres, est également l’un des anciens leaders de la guérilla contre l’occupation militaire indonésienne (1975-1999). Il est soutenu par le Fretilin (acronyme portugais du Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor Leste), première formation au sein du Parlement sortant. En 2007, Lu-Olo avait obtenu 28% des suffrages, contre 22% à Ramos-Horta au premier tour. Mais ce dernier, avec le soutien du CNRT, l’avait largement emporté au deuxième tour (69%).

En 2012, que Ramos-Horta se retrouve sur la touche est plutôt positif, pour lui-même et pour le Timor Leste. La campagne avait été très tendue en 2007. Le premier tour s’est déroulé dans le calme et sans anicroches en 2012, laissant entrevoir la possibilité d’un retrait des casques bleus dès la fin de l’année. Voix du Timor Leste à l’étranger sous l’occupation indonésienne, Ramos-Horta a tour à tour été, pendant les dix premières années d’indépendance, ministre des affaires étrangères, premier ministre et chef de l’Etat. Il a fait connaître son pays à l’étranger et prêché l’apaisement entre les factions politiques à domicile. Son vœu d’impartialité est prometteur. Agé seulement de 63 ans, il peut rendre encore quelques services à un pays qui en a réellement besoin.

Jean-Claude Pomonti

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Analyse Asie

L’Asie, premier importateur d’armes

Non seulement l’Asie est devenue le premier acheteur d’armements mais la production d’armes, notamment par la Chine, s’y développe rapidement.

Le continent asiatique est devenu le premier importateur d’armes. Telle est la constatation du SIPRI (Stockholm International Research Institute, qui fait autorité en la matière) dans son dernier rapport, diffusé le 19 mars. Pendant la période 2007-2011, «la région Asie et Océanie a représenté 44% des importations mondiales d’armes, suivie par l’Europe (19%), le Moyen-Orient (17%), les Amériques (11%) et l’Afrique (9%).»

Le rapport poursuit : «L’Inde est le plus grand importateur d’armes au monde », avec 10% du total, et les « quatre autres principaux importateurs pendant la période 2007-2011 ont été la Corée du Sud (6%), le Pakistan (5%), la Chine (5%) et, ce qui constitue une surprise,  Singapour (4%). Par rapport à la période précédente (2002-2006), «le volume des transferts d’armes à travers le monde a été plus élevé de 24%», note le dernier rapport du Sipri.

Ces statistiques, toutefois, ne lèvent qu’à moitié le voile sur les changements en cours. Selon Pieter Wezeman, expert du Sipri, «les principaux pays asiatiques importateurs d’armes cherchent à développer leurs propres industries d’armement et à réduire leur dépendance vis-à-vis des sources extérieurs d’approvisionnement.»  C’est notamment le cas de la Chine, dont la montée en puissance sur le plan militaire suscite de sérieuses inquiétudes en Asie du Sud-Est.

Pékin se classe au sixième rang des exportateurs d’armes derrière, dans l’ordre, les Etats-Unis, la Russie, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. «L’augmentation des exportations d’armements de la Chine est principalement liée aux importations croissantes d’armes chinoises par le Pakistan», affirme Paul Holtom, directeur du programme de recherche du Sipri sur les transferts d’armes.

Jean-Claude Pomonti

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Analyse Asie

Quand la Chine s’enrhume…

La lutte pour le renouvellement de la direction du PC chinois en 2013 bat déjà son plein. L’Asie du Sud-Est n’a rien à y gagner.

Le Premier ministre chinois Wen Jiaobao est un habitué des appels pressants aux réformes. Mais pourquoi, le 13 mars, alors qu’il se trouve à un an de la retraite et que son influence au sein du PC est jugée limitée, est-il allé jusqu’à mettre en garde contre un retour aux «erreurs» de la Révolution culturelle ? La réponse ne s’est pas fait attendre. Elle est venue dès le lendemain avec l’annonce du limogeage de Bo Xilai, le patron communiste de Chongqing. Au sein du PC, la crise est donc ouverte à un an du renouvellement de sa direction.

Charismatique et autoritaire, Bo Xilai, 62 ans, fils d’un héros de 1949,  est qualifié de néo-maoïste en raison de son opposition à un capitalisme qu’il juge maffieux et débridé. Il est populaire auprès de la trentaine de millions d’administrés de Chongqing. Mais, au sein de la direction chinoise, il l’est beaucoup moins. Elle lui préfère Wang Yang, 56 ans, patron à Guangdong dans le sud, un homme de dialogue, qui fait beaucoup moins peur.

Ces manœuvres sont l’illustration de la lutte intense pour les postes à prendre lors du prochain Congrès du PC, en 2013, qui verra l’accession au pouvoir d’une nouvelle génération de dirigeants. Mais elles sont aussi le reflet d’une querelle d’écoles au sein d’un PC qui conserve le monopole du pouvoir : d’un côté, les nostalgiques d’un pouvoir plus centralisé, aux méthodes plus brutales, comme Bo Xilai ; de l’autre, les héritiers des Quatre modernisations, dans la ligne de la direction sortante.

La bataille continue

Bo Xilai vient de perdre une manche, parce que son ancien adjoint Wang Lijun, affolé à l’idée d’être éliminé pour corruption par son ancien patron, s’est réfugié pendant une nuit en février au Consulat américain de Chongqing (les services de sécurité chinois l’ont escorté dans la foulée à Pékin où il est emprisonné). Mais il ne s’agit, semble-t-il, que d’une première manche. La bataille n’est pas terminée.

A défaut de provoquer une implosion du PC, ces querelles devraient au moins affaiblir la direction de la Chine. Elles n’auront, toutefois, qu’une influence limitée sur une politique étrangère dominée par la poursuite d’une montée en puissance. Le raidissement sensible depuis l’élection de Barack Obama devrait même en être encouragé. Pékin a annoncé, le 4 mars, que son budget de la défense bénéficierait d’une augmentation de 11,2%, conformément à la pratique observée depuis une dizaine d’années (Obama avait indiqué en novembre, que les coupes dans les crédits militaires américains n’affecteraient pas la région Asie-Pacifique).

Pressions croissantes

La priorité de Pékin est la protection de ses zones côtières de production et de ses voies de ravitaillement par mer, à commencer par le contrôle, en Asie du sud-est, des eaux de la Mer de Chine du Sud (la Mer de l’Est, disent les Vietnamiens). Le Vietnam a encore protesté, le 16 mars, contre une violation de ses eaux territoriales par les Chinois : ces derniers ont ouvert l’exploration pétrolière, au sud de l’île chinoise de Hainan,  dans les eaux des Paracels,  un archipel dont l’armée chinoise a chassé la garnison vietnamienne en 1974 et qui se situe à la hauteur du port de Da-Nang (Vietnam central).

Les Chinois font pression sur le gouvernement birman pour qu’il revienne sur l’abandon, en 2011, de la construction d’un barrage chinois sur l’Irrawaddy. La pénétration chinoise, à la périphérie méridionale de son territoire, est sensible jusqu’au Sri-Lanka, dans l’Océan indien. Quels que soient les résultats de la lutte politique engagée à Pékin, les voisins de la Chine n’ont aucune raison de s’en réjouir, ne serait-ce que parce que aucun dirigeant ne veut être accusé de faiblesse en politique étrangère. Et que, en cas de besoin, la diplomatie est un bon moyen pour reléguer au second plan des tensions internes.

Jean-Claude Pomonti

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Asie Culture Indonésie Société

La présence chrétienne se renforce sous les tropiques

La configuration chrétienne de la planète s’est nettement modifiée en l’espace d’un siècle, avec un renforcement substantiel de leur présence en Asie-Pacifique.

Les chrétiens représentent aujourd’hui 13,1% de la population de l’Asie-Pacifique, contre 4,5% voilà un siècle. Les chrétiens d’Indonésie (moins de 10% d’une population évaluée dans une fourchette de 230 à 250 millions d’habitants) sont plus nombreux que l’ensemble de ceux des vingt Etats du Proche Orient et d’Afrique du Nord. La Chine est le troisième pays protestant de la planète avec 58 millions de fidèles, derrière les Etats-Unis (159 millions) et le Nigéria (59 millions).

Ces informations sont fournies par un forum protestant américain, le Pew Forum on Religion & Public Life. La planète comptait 35% de chrétiens en 1910 (611 millions sur 1,75 milliard d’habitants). En 2010, elle en comptait 32% (2,2 milliards sur 7 milliards d’habitants). La foi chrétienne s’est mondialisée : si les Amériques sont en tête (36,9% des chrétiens en 2010, contre 27,1% en 1910), l’Afrique noire a fait un bond (23,6%, contre 1,4%) et l’Europe a dégringolé (25,9% contre 66,3%). En Asie du sud-est, les catholiques (51% des chrétiens) sont très présents aux Philippines (85% des 95 millions d’habitants) et forment à nouveau une minorité soudée (de 6% à 7% de la population) au Vietnam (86 millions d’habitants).