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Asie Inde Politique Viêtnam

Mer de Chine du Sud : quand l’Inde s’en mêle

La Chine et l’Inde ont échangé des propos peu amènes à la suite de l’annonce d’un projet indien, avec le Vietnam, d’exploration pétrolière en Mer de Chine du Sud.

«L’Inde maintient que la Mer de Chine du Sud est la propriété de la planète… ces voies commerciales doivent être libres de toute interférence nationale ». Le ministre indien des affaires étrangères, S. M. Krishna, n’y a pas été de main morte dans sa réponse, le 7 avril, à Wu Shicun, président de l’Institut national pour les études sur la Mer de Chine du Sud et conseiller du gouvernement chinois. Wu avait prié New-Delhi de ne pas intervenir en Mer de Chine du Sud tant que les «disputes» entre Pékin et les autres Etats riverains ne seront pas réglées.

Le fond de l’affaire :  la société indienne Ongc-Videsh et une société vietnamienne ont signé un accord d’exploration pétrolière conjointe de blocs que le Vietnam juge dans ses eaux territoriales alors que la Chine affirme que 40% de la zone considérée se trouve dans des eaux chinoises. Pour New-Delhi, « les risques sont à la fois économiques et politiques », a affirmé Wu.

Ces échanges se sont produits dans la foulée du sommet de l’Asean, qui s’est tenu les 3 et 4 avril au Cambodge. La zone contestée se trouve dans les eaux de l’archipel des Spratleys, lequel comprend 52 îles et îlots. Selon le Times of India,  7 sont contrôlés par la Chine, 40 par le Vietnam, 9 par les Philippines, cinq par la Malaisie et 1 par Taïwan.  Pékin n’a pas obtenu que l’Asean, dont quatre des dix membres sont directement concernés, ignore ce contentieux pendant son sommet.

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Birmanie

Khin Nyunt, le Birman énigmatique

Récemment libéré, l’ancien Premier ministre du Myanmar commence à parler. Il n’en demeure pas moins une énigme en Birmanie.

La grande surprise, lors des libérations du 13 janvier 2012, a été de voir Khin Nyunt sortir de son domicile, à Rangoon pour une brève excursion dans la rue. Ancien officier d’ordonnance du dictateur Ne Win, ancien «secrétaire N°1» de la junte qui a pris le pouvoir en 1988, ancien chef du renseignement militaire (1984-2004), ancien Premier ministre (pendant treize mois), Khin Nyunt n’avait rien d’un dissident.

«Placé sous protection» (arrêté) le 18 octobre 2004 et condamné, le 21 juillet 2005, à 44 ans de prison pour «corruption» et «désobéissance». En bref, il avait été limogé et mis au frais pour le restant de ses jours. Seul geste de clémence, mais important : son assignation, dans la foulée, à résidence.

C’est le comédien Zarganar, lui-même emprisonné à plusieurs reprises au cours des vingt-cinq dernières années, dont deux fois sur ordre de Khin Nyunt, qui a demandé au président Thein Sein sa libération.

«Absence de rancune »

Pourquoi ? «Absence de rancune », a déclaré le comédien dans un entretien au site www.mizzima.com le 19 janvier 2012, après avoir rendu visite au général à la retraite que des médias avaient baptisé le «prince du mal» et qui a affirmé, à sa sortie de prison, qu’il resterait à l’écart de la politique. A l’âge de 71 ans, le prix léger de la liberté ?

Lee Kuan Yew, le patriarche de Singapour, considérait Khin Nyunt comme le seul général birman avec lequel discuter avait un sens. L’ancien officier affirme aujourd’hui qu’il a sauvé la vie d’Aung San Suu Kyi en mai 2003, quand le cortège de la très populaire birmane a été attaqué de nuit (50 morts).

«J’ai envoyé mes hommes pour l’extraire de la foule et la déposer à l’abri dans un cantonnement militaire du voisinage», affirme-t-il dans un entretien publié par le Bangkok Post le 8 avril 2012. Il lui aurait donc sauvé la vie, ce qui pourrait expliquer pourquoi il a été lui-même arrêté l’année suivante : il n’avait pas les moyens de tenir tête à la faction militaire la plus dure.

D’autres pensent que Khin Nyunt avait fait du Renseignement militaire un Etat dans l’Etat ou, plus exactement, au sein d’une caste fermée, un clan qui monopolisait de bonnes affaires, notamment la contrebande aux frontières. Et quand il a été arrêté, le Renseignement a été démantelé et les officiers qui dirigeaient ce service emprisonnés. Khin Nyunt dément le tout aujourd’hui, affirmant au Bangkok Post qu’il n’avait jamais «abusé des pouvoirs qui lui avaient été confiés ni bâti une fortune personnelle».

La conscience tranquille

Khin Nyunt revendique la paternité des négociations avec les dix-sept minorités ethniques qui ont abouti à des cessez-le-feu sur place. Il rappelle qu’il a qualifié Mme Suu Kyi de «petite sœur» et qu’il a lancé le programme de «démocratisation». Sa marge de manœuvre était-elle limitée ? Toujours est-il qu’il n’a jamais libéré un prisonnier politique et que ses rares rencontres avec Mme Suu Kyi n’ont jamais débouché sur des réformes.

La Birmanie, rebaptisée Myanmar, est entrée dans un nouveau cycle de vie et tous les repères ont changé. Se clamant «la conscience tranquille», Khin Nyunt dit se consacrer à la gestion d’une petite organisation caritative dans son bourg natal, à 50 km de Rangoon. Il vient, a-t-il dit au Bangkok Post, d’offrir mille robes de bonze à l’occasion du 75ème anniversaire de l’un de ses maîtres en religion. S’exerçant à réhabiliter son image de marque – ou à réécrire l’histoire, selon ses adversaires –, Khin Nyunt parle un peu et l’essentiel de l’énigme qui l’entoure subsiste.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie Société

Torture : la police indonésienne toujours sur la sellette

Dans une lettre ouverte au ministre indonésien de la justice, Amnesty International déplore la poursuite de tortures en détention et l’impunité de la police.

Deux hommes d’ethnie chinoise, Sun An Alang (51 ans) et Ang Ho (34 ans), auraient été détenus par la police de la province de Sumatra-Nord (Indonésie) du 2 au 16 avril 2011 et torturés jusqu’à la signature d’une confession les impliquant dans le meurtre de deux hommes le 29 mars précédent. Les deux détenus avaient été arrêtés par des policiers en civil démunis de mandat d’arrêt. Brulures, coups, assauts sexuels. Ils ont été inculpés d’homicide, jugés et condamnés à la prison à vie en l’absence de toute enquête indépendante. Cette affaire est l’un des exemples qui figurent dans une lettre publiée le 4 avril et adressée par Amnesty International (AI) à Amir Syamsuddin, ministre indonésien de la Justice et des droits de l’homme.

AI cite également le cas de Yusli, 23 ans, originaire de Bogor (Java-Ouest),arrêté le 26 décembre 2011 et qui est mort le jour-même. Le corps, déposé à la morgue d’un hôpital de Jakarta, était couvert de multiples blessures (coups à la tête, lacérations du visage, impact de balle sur le côté et coupures diverses). Un chef de village a tenté d’acheter le silence de la famille, laquelle a refusé et ignore toujours la raison de l’arrestation. AI demande à Jakarta d’appliquer la Convention de l’ONU contre la torture, ratifiée par l’Indonésie en 1998, de renforcer la discipline au sein des forces de l’ordre et de sanctionner les coupables.

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Société Viêtnam

Vietnam : lendemains qui déchantent pour un fermier modèle

La spéculation foncière et immobilière est source de graves conflits. Le Vietnam, où la terre est théoriquement propriété de l’Etat, n’échappe pas à la règle.

Doan Van Vuon était donc un exploitant catholique qualifié de « modèle » (élevage de poissons et crustacés) sur le territoire de la ville de Haiphong, jusqu’au jour de janvier 2012 où la police locale a monté un raid pour le chasser de ses terres et que, dans la foulée, son habitation a été détruite par des hommes de main. Il y a eu résistance armée (4 policiers et 2 soldats blessés), ce qui, en d’autres temps, aurait condamné Vuon et ses acolytes.

Mais les médias ont suivi l’affaire, devenue un scandale national. Le Premier ministre Nguyên Tân Dung a été contraint d’intervenir personnellement. La récupération des terres de Vuon a été déclarée «forcée et illégale», la presse a été félicitée par un collaborateur du Premier ministre et une solution juste annoncée.

Deux mois plus tard, l’optimisme n’est plus de mise, rapporte le site des Missions étrangères de Paris. «Le manque d’objectivité et d’impartialité» des médias a été dénoncé publiquement par un membre du gouvernement. Tout en reconnaissant l’illégalité du raid de la police, le comité populaire (mairie) de Haiphong a, le 3 avril, dénoncé «des infractions commises par l’exploitant exproprié» (utilisation de terrains non alloués, destruction d’un bois, négligence dans le paiement des impôts). Loin des caméras, rien ne se règle.

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Asie Brunei Indonésie Viêtnam

Investissements: la palme à l’Indonésie et au Vietnam

L’Asie du sud-est demeure une destination favorite parmi les investisseurs. Mais cinq pays sur dix raflent la majorité de la mise.

Quel est le pays préféré par les investisseurs en Asie du sud-est ? L’Indonésie se situe en tête (50%) devant le Vietnam (46%), Singapour (43%), la Malaisie et la Thaïlande (42%). Les autres Etats membres de l’Asean sont moins bien perçus : Philippines (27%), Laos et Cambodge (26%), Birmanie/Myanmar (25%), Brunei (17%). Tels sont les résultats d’un sondage du Business Advisory Council de l’Asean réalisé auprès de 405 patrons et dont le Jakarta Globe a donné les résultats le 7 avril. Le questionnaire, qui autorisait les réponses multiples, souligne le net clivage au sein de l’Association (le petit sultanat de Brunei est un cas à part : il est assis sur une mine d’or noir).

88% des personnes interrogées ont l’intention de renforcer leurs investissements dans la zone Asean dans les trois années à venir. Cette zone est jugée plus «attrayante» que la Chine. En tête des obstacles à surmonter : la corruption et les incertitudes légales ; le déficit d’infrastructures (Indonésie et surtout Philippines) ; l’instabilité politique (Thaïlande).

La mesure du pouvoir d’attraction de ces économies, calculée sur une échelle de 0 à 10, donne des résultats concordants : Indonésie (6,89), Vietnam (6,29), Singapour (6,07), Thaïlande (6,04) et Malaisie (5,69). L’Indonésie est la première économie de la région.

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Indonésie Société

L’odeur de la kretek

Le lobby anti-tabac américain est furieux : l’Organisation mondiale du commerce a dénoncé l’interdiction d’importer la kretek, fameuse cigarette de l’Indonésie.

Dégoût des uns, régal des autres, l’odeur du clou de girofle qui crépite en se consumant est le symbole, la mémoire de l’Indonésie. N’importe où, cette odeur signifie la présence d’un amateur de kretek, cigarette inventée en 1880 par un javanais asthmatique et qu’il avait truffée de clous de girofle dont le contenu en eugénol soulageait ses douleurs de poitrine. Les fabriques de kretek emploient aujourd’hui 180.000 personnes et cette cigarette est consommée par 90%  des fumeurs indonésiens, y compris ceux qui ont émigré aux Etats-Unis.

Quand, en 2009, les Etats-Unis ont décidé de bannir les cigarettes parfumées – à la cannelle, à la fraise, à la cerise, censées séduire un public jeune –, la kretek n’a pas échappé au couperet. Mais les Indonésiens ont réagi en intervenant auprès de l’OMC, qui a fini par trancher, le 4 avril, en déboutant Washington. La raison : la cigarette mentholée, produite par d’influents fabricants américains, n’est pas interdite aux Etats-Unis. Que faire? Il est vrai que les amateurs de kretek aux Etats-Unis sont surtout des Indonésiens.

Comme les Indonésiens sont encore de gros fumeurs, le clou de girofle conserve un avenir. Originaire de Ternate aux Moluques, l’ancien «archipel aux épices»  le giroflier s’est répandu jusqu’à Madagascar, aux Comores et à Zanzibar. Mais l’Indonésie représente plus des deux tiers de la production mondiale de clous de girofle.

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Laos Société

Les Rameaux célébrés malgré un interdit dans deux villages

Le Laos, où le Parti populaire révolutionnaire règne sans partage depuis 1975, surveille de très près les religions, en particulier les protestants.

Deux petites communautés protestantes de la province de Savannakhet, au sud du pays à la frontière avec la Thaïlande, ont célébré les Rameaux, le 1er avril, devant leurs temples placés sous scellés par les autorités, rapporte le site d’information des Missions étrangères de Paris ( http://eglasie.mepasie.org/ ) en citant des ONG chrétiennes. La police n’est pas intervenue sur-le-champ. Sous prétexte «d’irrégularités dans les permis de construire», le temple du village de Kengweng (élevé voilà plus de quarante ans) a été placé sous scellés en février 2012 et celui de Dongpaiwan en septembre 2011. Ces petites communautés ont également reçu l’ordre de ne plus se réunir.

Une autre petite communauté protestante, celle du village de Nadaeng, dont le temple vieux d’un demi-siècle a été séquestré en décembre 2011, ne s’est pas encore réunie. Elle attend de voir ce qui se passera le dimanche de Pâques à Kengweng et à Dongpaiwan, jour où les chrétiens disent qu’ils lèveront les scellés. Les trois communautés réclament, en vain, la restitution de leurs lieux de culte. Le Laos compte «un peu plus d’1%» de chrétiens. L’immense majorité de la population se réclame du bouddhisme theravada. Toutes les églises sont étroitement surveillées par les services de sécurité.

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ASEAN Asie Politique

Consolidation au sommet de l’Asean

La réunion annuelle de l’Asean s’est déroulée sans anicroches dans la capitale du Cambodge. Le prochain rendez-vous régional aura lieu fin juillet.   

Débarrassée, pour le moment, du fardeau birman, l’Asean peaufine ses dossiers. En l’absence du président de l’Indonésie, retenu à Jakarta par une sérieuse crise, le vingtième sommet de l’Association des nations de l’Asie du sud-est, les 3 et 4 avril à Phnom Penh, s’est déroulé sans vagues.

A la tribune, le président des Philippines, Noynoy Aquino, a réclamé que les dix Etats membres de l’Association s’entendent d’abord sur le Code de conduite en Mer de Chine du sud, avant d’en discuter «avec la Chine». Mais cette formule n’a pas été reprise par la «déclaration de la présidence» de l’Asean, texte qui fait office de communiqué final. La «déclaration» du Cambodge, qui assure la présidence annuelle de l’Asean, appelle à une résolution «pacifique» du contentieux en Mer de Chine du sud, conformément à la Convention de l’ONU sur les droits de la mer promulguée en 1982. Le texte cambodgien réclame également la négociation du Code de conduite dont le principe avait été adopté dès 2002, y compris par la Chine. En clair, les Etats de l’Asean ne sont pas encore prêts à adopter une position commune sur ce conflit face à Pékin.

La «démocratisation» de la Birmanie (Myanmar)  ayant franchi «un pas significatif» supplémentaire le 1er avril, l’Asean a réclamé la levée de «toutes les sanctions» imposées par les Occidentaux.