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L’Asie, continent le plus affecté par la pénurie d’eau

C’est en Asie que la portion d’eau potable disponible par tête d’habitant est la plus faible. Le sort de la moitié de l’humanité est en cause.

C’est en Asie que la portion d’eau potable disponible par tête d’habitant est la plus faible. Le sort de la moitié de l’humanité est en cause.

Auteur de ‘Water : Asia’s New Battleground’ (L’eau, nouveau champ de bataille de l’Asie), Brahma Chellaney estime que le continent «est en train d’assécher les réserves souterraines d’eau en raison de millions de puits dotés de pompes tout en faisant face à une réduction du débit de ses cours d’eau». Dans les colonnes du Straits Times de Singapour, l’universitaire indien estime que l’eau souterraine «est exploitée sans compter parce qu’elle est invisible ; ce qui ne se voit pas a tendance à être absent de l’esprit et les gens pompent de plus en plus profondément  dans les nappes phréatiques».

Chellaney énumère sept facteurs de pénurie d’eau. Le premier est la forte expansion économique de l’Asie, «élément-clé de la pression sur l’eau». Le continent abrite la majorité des gens qui ne disposent pas d’accès adéquat à l’eau potable. Le deuxième facteur est la prospérité croissante, les machines à laver le linge ou la vaisselle de plus en plus utilisées par les classes moyennes urbanisées dans des pays comme la Malaisie, la Thaïlande et même l’Indonésie. La consommation de viandes, dont la production fait appel à beaucoup d’eau, augmente nettement. Par exemple, la production de porcs et de volailles a doublé dans les années 90 au Vietnam.

Un troisième facteur est la forte extension des cultures irriguées, dont la superficie a doublé entre 1961 et 2003, notamment dans les régions arides ou semi-arides (nord de la Chine, Ouzbékistan).  70% des terres irriguées de la planète se trouvent aujourd’hui en Asie. 82% de l’eau en Asie sont consacrés à la production alimentaire. Enfin, les trois quarts du total de l’eau affectée à l’agriculture le sont en Asie. Ces proportions, juge Chellaney, sont «insoutenables à long terme».

Le quatrième facteur et l’industrialisation et l’urbanisation à un rythme accéléré, notamment en Asie de l’Est, dont les usines et les mégapoles éprouvent du mal à se ravitailler en eau. Un cinquième est la multiplication des «séquestrations» de l’eau (barrages, réservoirs, canaux d’irrigation). L’Asie est le continent où les barrages sont les plus nombreux (la moitié des 50.000 grands barrages de la planète sont en Chine).

Deux derniers facteurs ne doivent pas être sous-estimés : l’impact écologique de l’enrichissement, qui contribue à la baisse de qualité de l’eau. L’épuisement des nappes phréatiques encourage à la dégradation des écosystèmes. D’un autre côté, le manque de coopération entre des Etats qui partagent, par exemple, les mêmes bassins fait que «gérer la compétition concernant l’eau en Asie est devenu de plus en plus difficile.»


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Par Jean-Claude Pomonti

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