Les massacres de 1965 en Indonésie : un ministre les justifie

La polémique sur les massacres de 1965 (un demi-million de victimes) prend de l’ampleur : un membre important du gouvernement estime qu’ils étaient nécessaires.

La polémique sur les massacres de 1965 (un demi-million de victimes) prend de l’ampleur : un membre important du gouvernement estime qu’ils étaient nécessaires.

Djoko Suyanto, 62 ans, maréchal de l’air à la retraite, qui a terminé sa carrière militaire comme commandant en chef des forces armées de l’Indonésie, est depuis 2009 l’un des trois super-ministres du gouvernement, en charge des affaires politiques, légales et de sécurité. Il n’a pas du tout apprécié les résultats de l’enquête de quatre ans de Komnas HAM (Commission nationale des droits de l’homme) qui font valoir que la persécution et les meurtres de membres présumés du PKI (PC indonésien) en 1965-1966 et de leurs familles représentent «une grossière violation des droits de l’homme».

«Définissez une grossière violation des droits de l’homme ? Contre qui ? Et que se serait-il passé si le contraire était intervenu ?», a déclaré Djoko, selon le site du Jakarta Post, en marge d’une réunion avec une Commission parlementaire le 1er octobre. A ses yeux, a-t-il dit, il s’agissait de sauver le pays. «Ce pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si cela ne s’était pas produit. Bien sûr, il y a eu des victimes et nous enquêtons», a-t-il ajouté.  L’enquête de Komnas HAM a rapporté le rôle central joué par l’Etat et les militaires, notamment avec la détention de suspects dans des garnisons où ils ont été interrogés, torturés, assassinés.

Le président Susilo Bambang Yudhoyono, général à la retraite, a ordonné à l’Attorney General de donner suite à l’une des requêtes de Komnas HAM : la formation d’une Commission Réconciliation et Vérité. Sans effet pour le moment. Des députés ont dénoncé le rapport et la polémique ne fait qu’enfler. En 2006, quand il était patron des forces armées, Djoko avait condamné publiquement l’attitude d’ONG indonésiennes qui dénonçaient les exactions commises en Papouasie occidentale, où la situation n’a pas changé depuis.