Procès khmer rouge : un juge visait Chea Sim et Heng Samrin

Un juge d’instruction, depuis démissionnaire, voulait requérir la participation des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale du Cambodge au procès khmer rouge.

Un juge d’instruction, depuis démissionnaire, voulait requérir la participation des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale du Cambodge au procès khmer rouge.

Quatre dirigeants cambodgiens, parmi lesquels le président du Sénat Chea Sim et le président de l’Assemblée nationale Heng Samrin, avaient été cités comme «personnes d’intérêt» par un juge d’instruction, selon un document confidentiel du Tribunal pour juger les crimes khmers rouges obtenu par le quotidien australien The Age. Selon ce document, Chea Sim, Heng Samrin, ainsi que l’actuel chef de l’armée cambodgienne et un autre sénateur, occupaient des positions importantes au sein de l’armée khmère rouge au moment où celle-ci lançait des incursions meurtrières contre des villages vietnamiens dans le delta du Mékong en 1977 et 1978 et devraient détenir «des informations cruciales» sur ces opérations. Heng Samrin, qui était commandant en chef adjoint des troupes concernées, est considéré comme le mieux informé des quatre. Le document estimait que leur témoignage contribuerait grandement au dossier numéro trois, dans le cadre duquel l’ancien chef de l’armée de l’air khmère rouge Sou Meth et l’ancien chef de la marine khmère rouge Meas Muth, soupçonné entre autres d’avoir fait exécuter deux yachtsmen néo-zélandais, devaient être jugés.

Le gouvernement cambodgien a finalement «interdit» toute poursuite judiciaire au-delà du dossier numéro deux, c’est-à-dire du procès des trois ex-leaders khmers rouges actuellement en cours à Phnom Penh : l’ex-chef d’Etat Khieu Samphan, l’ex-chef de la diplomatie Ieng Sary et l’ex-numéro deux du régime Nuon Chea.

Heng Samrin et Chea Sim avaient déjà été convoqués comme témoins lors d’audiences concernant le rôle de Nuon Chea. Ils avaient refusé de répondre à la convocation. Le juge d’instruction auteur de ce document confidentiel, le Suisse Laurent Kasper-Ansermet, a démissionné de ses fonctions début mai car il estimait être «complétement bloqué dans son travail par le personnel cambodgien». Son prédécesseur avait lui-même démissionné en octobre 2011 à cause de ce qu’il avait qualifié «d’ingérences gouvernementales» dans l’instruction.