Crime de lèse-majesté : un Américain libéré en Thaïlande

Joe Gordon, un Américain d’origine thaïlandaise condamné à un an de prison pour insulte envers le roi de Thaïlande a été remis en liberté le 10 juillet après avoir reçu un pardon royal.

Joe Gordon, un Américain d’origine thaïlandaise condamné à un an de prison pour insulte envers le roi de Thaïlande a été remis en liberté le 10 juillet après avoir reçu un pardon royal.

L’ambassade américaine à Bangkok a confirmé que Joe Gordon, qui avait été condamné à deux ans et demi de prison en décembre dernier, a quitté la prison de Klong Prem, dans le nord de Bangkok, dans la soirée du 10 juillet. Il avait été jugé pour avoir traduit en Thaï et posté sur son blog des extraits de la biographie du roi Bhumibol Adulyadej «The King Never Smiles», publiée en 2006 par le journaliste américain Paul M. Handley. La thèse centrale  de ce livre, interdit en Thaïlande, est que le roi a orchestré une campagne massive de propagande pour consolider le pouvoir monarchique au détriment du développement de la démocratie.

Résidant aux Etats-Unis depuis trente ans mais d’origine thaïlandaise, Joe Gordon, âgé de 56 ans, avait été arrêté en mai 2011 alors qu’il se rendait en Thaïlande pour visiter sa ville natale. Une demande de pardon royal avait été déposée en début d’année. L’ambassade américaine s’était montrée solidaire de son ressortissant en discutant régulièrement de son cas avec les autorités thaïlandaises. Le directeur d’une ONG a confié récemment à Asie-Info que le Palais royal, inquiet du ressentiment contre la loi de lèse-majesté, cherche à favoriser le pardon royal pour la quasi-totalité des condamnés et, dans ce but, les pousse à en faire la demande.

Des milliers de personnes du monde universitaire et des milieux de la société civile ont lancé depuis environ deux ans une campagne en Thaïlande et à l’étranger pour réclamer une réforme de l’article 112 du code pénal qui punit les insultes envers le roi, la reine et le prince héritier d’une peine entre trois et quinze ans de prison. Plusieurs dizaines de personnes en attente de procès ou condamnées sont actuellement en prison pour crime de lèse-majesté.