Un au-revoir à Ramos Horta, non un adieu

Eliminé lors du premier tour de l’élection présidentielle au Timor Leste, le président sortant Ramos-Horta peut encore jouer les arbitres. S’il le souhaite.

Eliminé lors du premier tour de l’élection présidentielle au Timor Leste, le président sortant Ramos-Horta peut encore jouer les arbitres. S’il le souhaite.

Jose Ramos-Horta prend du champ. Arrivé, avec 18% des votes,  en troisième position au premier de l’élection présidentielle, le 17 mars, il ne participera pas au deuxième tour, le 16 avril, qui opposera  Lu Olo (28% des voix) à Taur Matan Ruak (25%), les deux candidats qui ont bénéficié de l’appui de grandes formations politiques.

Ramos-Horta, le président sortant, a accueilli cet échec avec détachement. Prix Nobel de la paix (distinction  qu’il a partagée, en 1996, avec Mgr Belo), ayant presque miraculeusement  survécu à une tentative d’assassinat en 2008, Ramos-Horta sait très bien à quoi s’en tenir.

Il a mené une petite campagne électorale. Surtout, trois semaines avant le premier tour, le CNTR (Congrès national pour la reconstruction de Timor) du premier ministre Xanana Gusmao, qui l’avait appuyé lors de son élection en 2007, lui a retiré son appui pour le reporter sur le général José Maria de Vasconcelos, alias Taur Matan Ruak, un nom de guerre. Cet ancien guérillero a été, par la suite, un patron controversé de l’armée, notamment en 2006, lorsqu’une révolte de soldats a conduit le pays, indépendant depuis 2002 seulement, au bord d’une guerre civile stoppée par l’intervention d’une force multinationale.

Le CNTR a retiré son appui à Ramos-Horta parce que ce dernier, pendant les deux dernières années de son mandat, a pris ses distances à l’égard d’un gouvernement accusé de népotisme et de corruption. Il a d’ailleurs annoncé pendant la campagne électorale que, s’il n’était pas qualifié pour le second tour, il ne reporterait son soutien sur aucun des deux candidats en lice. C’est ce qu’il a fait en assurant le futur élu, quel qu’il soit, de son appui.

Lu-Olo, nom de guerre de Francisco Guterres, est également l’un des anciens leaders de la guérilla contre l’occupation militaire indonésienne (1975-1999). Il est soutenu par le Fretilin (acronyme portugais du Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor Leste), première formation au sein du Parlement sortant. En 2007, Lu-Olo avait obtenu 28% des suffrages, contre 22% à Ramos-Horta au premier tour. Mais ce dernier, avec le soutien du CNRT, l’avait largement emporté au deuxième tour (69%).

En 2012, que Ramos-Horta se retrouve sur la touche est plutôt positif, pour lui-même et pour le Timor Leste. La campagne avait été très tendue en 2007. Le premier tour s’est déroulé dans le calme et sans anicroches en 2012, laissant entrevoir la possibilité d’un retrait des casques bleus dès la fin de l’année. Voix du Timor Leste à l’étranger sous l’occupation indonésienne, Ramos-Horta a tour à tour été, pendant les dix premières années d’indépendance, ministre des affaires étrangères, premier ministre et chef de l’Etat. Il a fait connaître son pays à l’étranger et prêché l’apaisement entre les factions politiques à domicile. Son vœu d’impartialité est prometteur. Agé seulement de 63 ans, il peut rendre encore quelques services à un pays qui en a réellement besoin.

Jean-Claude Pomonti