Faire la loi dans la mer de Chine méridionale

Auteur: Donald R Rothwell, ANU

23 juillet de l’Australie déclaration au Secrétaire général de l’ONU en réponse formelle à une série d’échanges diplomatiques entre la Malaisie, la Chine et d’autres États est la plus claire à ce jour sur les questions juridiques liées aux revendications maritimes de la mer de Chine méridionale. D’un point de vue diplomatique, la déclaration est banale, mais juridiquement, elle rend très claire la position de l’Australie sur certaines questions clés.

La déclaration a été faite par l’intermédiaire du Secrétaire général à la Commission sur la Limites du plateau continental (CLCS). Depuis que la Commission a commencé à examiner les soumissions du plateau continental en 2001, de nombreux échanges diplomatiques de ce type ont eu lieu. Ils sont devenus une partie normale du processus par lequel les États affirment formellement les positions diplomatiques et juridiques découlant des soumissions de la CLCS au titre de la Convention des Nations Unies de 1982 sur la Droit de la mer (UNCLOS). Ces positions peuvent concerner à la fois des différends territoriaux et maritimes et des interprétations de la CNUDM.

Le fait que le CLCS soit un organe scientifique et technique sans compétence juridique est devenu hors de propos pour que ces échanges deviennent un forum dans lequel les positions politiques et juridiques sont affirmées. L’un des échanges diplomatiques les plus importants a été déclenché par la Malais et vietnamien Soumission CLCS résultant en un chinois Remarque verbale avec une carte d’accompagnement montrant la ligne à neuf tirets de la Chine. Mais c’est le décembre 2019 de la Malaisie Soumission CLCS répondre à sa revendication de plateau continental dans la partie nord de la mer de Chine méridionale qui a abouti à la dernière vague de 11 échanges diplomatiques.

La Chine, l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam et les États-Unis, outre l’Australie, ont maintenant tous répondu. Si la déclaration de l’Australie est techniquement une réponse à la communication malaisienne du CLCS, elle concerne directement cinq notes chinoises de décembre 2019 et de mars, avril et juin 2020.

La déclaration de l’Australie repose principalement sur une interprétation juridique de la CNUDM, avec une référence particulière à la mer de Chine méridionale de 2016 sentence arbitrale entre les Philippines et la Chine, et la pratique et le comportement ultérieurs de la Chine. À cet égard, la déclaration se concentre sur les revendications maritimes régionales de la Chine et ne traite que marginalement des questions territoriales. Pourtant, l’Australie fait deux remarques à cet égard.

Premièrement, l’Australie rejette l’affirmation de la Chine dans son 17 avril 2020 notent que ses revendications de souveraineté sur les îles Paracel et Spratly sont «largement reconnues par la communauté internationale». L’Australie indique clairement qu’elle ne reconnaît pas les allégations de la Chine ou de tout autre État à l’égard de ces îles et qu’elles restent un sujet de différend. À cet égard, la position de longue date de l’Australie sur le statut contesté des îles n’a pas changé.

Deuxièmement, l’Australie indique également clairement que la position de la Chine selon laquelle elle exerce sa souveraineté sur les élévations à marée basse est un sujet de «  forte préoccupation  » car les revendications de telles caractéristiques sont incompatibles avec le droit international parce qu’elles ne forment pas le territoire terrestre d’un État.

La position de l’Australie concernant les revendications maritimes de la Chine est plus importante. Conformément à la sentence arbitrale de la mer de Chine méridionale, l’Australie rejette l’argument des «droits historiques» de la Chine comme étant incompatible avec l’UNCLOS. L’Australie exprime également clairement sa position concernant la tentative de la Chine de tracer les lignes de base de l’article 7 ou de l’article 47 de la CNUDM autour de ses prétendues îles de la mer de Chine méridionale.

Ici, la position australienne est conforme à la CNUDM, qui limite le tracé des lignes de base droites de l’article 7 aux cas où un littoral est profondément en retrait, coupé dans ou lorsqu’il y a des îles frangeantes au large. De même, toute tentative de la Chine de tracer des lignes de base archipélagiques au sens de l’article 47 est également contestée par l’Australie au motif que la Chine n’est pas un État archipélagique au sens de l’article 46.

En conséquence, l’Australie rejette les tentatives de la Chine de revendiquer une gamme de droits maritimes tels qu’une zone économique exclusive ou un plateau continental à partir de ces lignes de base. L’Australie rejette également les revendications maritimes chinoises équivalentes concernant des caractéristiques maritimes submergées ou des élévations à marée basse qui ont été artificiellement transformées par la construction de terrains et les activités associées. Bien que l’article 60 de la CNUDM prévoie la construction d’îles artificielles, ces caractéristiques ne génèrent aucun droit maritime distinctif semblable à une île de forme naturelle reconnue par l’article 121.

La déclaration de l’Australie a cherché à renforcer certains des principes fondamentaux de l’UNCLOS auxquels l’Australie et la Chine sont parties. Les interprétations avancées par l’Australie sont conformes à celles adoptées dans la décision unanime de l’arbitrage en mer de Chine méridionale, dont l’Australie rappelle à la Chine qu’elle est définitive et contraignante. Certains aspects des affirmations de la Chine sur la mer de Chine méridionale trouvent un appui dans la pratique des États, mais cette pratique n’est pas suffisamment répandue ni suffisamment représentative de la communauté internationale pour en aucune manière être interprétée comme un droit international nouvellement développé.

Ce qui est le plus important dans cette déclaration, c’est qu’elle a été faite dans le contexte de différends dans lesquels l’Australie n’a aucun intérêt direct. La position de l’Australie est alors de chercher à faire une déclaration claire sur son interprétation du droit de la mer, ce qui à son tour peut mettre un terme au développement d’une pratique étatique contraire à la CNUDM. Il précise également la position de l’Australie concernant certaines questions juridiques critiques en cours dans la mer de Chine méridionale découlant des actions de la Chine.

Donald R Rothwell est professeur de droit international au College of Law de l’Australian National University. Il est co-auteur de Le droit international de la mer (2e éd., Bloomsbury, 2016).

Source : East Asia Forum