L’enquête le dit : le premier juge des Philippines ? Un ripoux

De 2002 à 2011, membre de la Cour suprême des Philippines, avec un salaire alors inférieur à 800 €, Renato Corona a mis de côté plus de 20 millions d’€…

De 2002 à 2011, membre de la Cour suprême des Philippines, avec un salaire alors inférieur à 800 €, Renato Corona a mis de côté plus de 20 millions d’€…

Deux jours après l’élection de son successeur à la présidence des Philippines et un mois avant la fin formelle de son mandat en 2010, Gloria Macapagal-Arroyo avait nommé Renato Corona président de la Cour suprême, avec l’espoir qu’il pourrait la protéger contre un procès annoncé pour corruption. La manœuvre a été vaine : Arroyo est poursuivie en justice et la Chambre des représentants a voté l’impeachment de Corona le 12 décembre 2011, donc sa traduction devant le Sénat transformé en tribunal.

Les résultats de l’enquête, présentés le 15 mai devant les sénateurs-juges à Manille, sont éloquents : Corona avait un dollar dans un compte bancaire en 2003. Il est titulaire en 2012 de 82 comptes bancaires en devises étrangères. Ses rentrées se sont élevées à plus de vingt millions d’€ et le total de l’«argent frais» dont il dispose aujourd’hui est évalué à près de la moitié de cette somme.

Si Corona, qui a auparavant nié les accusations, est jugé coupable d’avoir abusé de ses fonctions pour s’enrichir – et, de surcroît, d’avoir prononcé des verdicts injustes – il sera limogé. Son témoignage devant le Sénat, s’il a lieu, n’y changera pas grand-chose. Pour l’élu de 2010, le président en exercice Benigno Aquino, il s’agit d’un point marqué dans la lutte contre la corruption.