Thaïlande : un universitaire menacé pour ses positions sur le crime de lèse-majesté

Pavin Chachavalpongpun, un politologue thaïlandais enseignant au Japon, a été menacé d’agression physique s’il parle publiquement sur la monarchie en Thaïlande.

Pavin Chachavalpongpun, un politologue thaïlandais enseignant au Japon, a été menacé d’agression physique s’il parle publiquement sur la monarchie en Thaïlande.

Ancien diplomate et actuellement professeur en sciences politiques à l’université de Kyoto, Pavin Chachavalpongpun considère la menace reçue comme sérieuse. Un interlocuteur mystérieux l’a insulté et l’a menacé d’agression physique à deux reprises par téléphone le 14 juin si l’universitaire persistait dans son intention de donner deux conférences en Thaïlande sur la question de la réforme de l’article 112 du code pénal, lequel punit le crime de lèse-majesté. Répondant de Kyoto aux questions d’Asie-Info au lendemain de l’incident, Pavin a estimé que la «menace d’attaque physique pouvait devenir réelle», rappelant qu’un autre universitaire, le juriste Worachet Pakeerut, avait été attaqué en mars dernier par deux individus dans l’enceinte de l’université Thammasat, à Bangkok.

Pavin a dit ne pas vouloir pointer le doigt vers qui que ce soit, tout en ajoutant qu’il ne serait «pas étonné si des ‘autorités’ étaient derrière la menace». Le politologue a pris depuis plusieurs mois la tête d’une campagne pour amender l’article 112 qui punit d’une peine de trois à quinze ans de prison toute personne insultant le roi, la reine ou le prince héritier. Il avait notamment milité activement pour promouvoir la cause d’Amphon Tangnoppakul, un retraité condamné à 20 ans de prison pour avoir envoyé quatre texto insultant la reine – des allégations qui n’avaient pas été prouvées clairement lors du procès. Amphon, surnommé par les médias «oncle SMS», est décédé d’un cancer en prison le 9 mai dernier.

Pavin a indiqué qu’il se rendrait en Thaïlande malgré les menaces et donnerait bien deux conférences sur l’article 112, l’une à l’université d’Ubon Ratchathani le 22 juin et la seconde à l’université Thammasat le 24 juin. Il a considéré que plus les ultra-royalistes «utilisaient ce genre de méthodes, plus ils endommageaient la monarchie», car cela «montre qu’ils ne veulent pas nous parler en utilisant la raison, mais qu’ils veulent créer une atmosphère de peur». Pour lui, ces incidents «posent la question de savoir si la liberté universitaire existe encore en Thaïlande».