Nouvelle bouffée de violence en Papouasie indonésienne

Le meurtre le 15 juin par la police d’un militant indépendantiste papou a provoqué des réactions violentes de la communauté papoue dans cette province indonésienne.

Le meurtre le 15 juin par la police d’un militant indépendantiste papou a provoqué des réactions violentes de la communauté papoue dans cette province indonésienne.

Mako Tabuni, le vice-président du Comité national pour la Papouasie occidentale, était soupçonné par la police d’être impliqué dans des émeutes qui ont déstabilisé cette province de l’Indonésie au début de juin. Le 15 juin, la police l’a abattu lors d’une opération lancée sur un complexe résidentiel de Jayapura, le chef-lieu de la province. Selon le chef de la police de Papouasie occidentale, Mako Tabuni aurait essayé de résister à son arrestation. Dès que la nouvelle de la mort du militant s’est répandue, une foule de Papous, armés de machettes, d’arcs et de flèches ainsi que de bombes artisanales, ont incendié des commerces de Jayapura et attaqué des immigrants d’autres provinces indonésiennes, provoquant, selon la police, la mort d’une personne et en blessant quatre autres. En fin de journée, le calme est revenu dans la ville.

Cette nouvelle bouffée de violence intervient après un sérieux incident dans la région de Wamena, au centre de la province, au début du mois de juin. Le 6 juin, des Papous avaient poignardé un militaire indonésien après que celui-ci eut renversé un enfant. En représailles, des centaines de militaires s’en étaient pris aux villageois, les frappant et incendiant leurs maisons. Selon l’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch, un fonctionnaire Papou aurait été tué à coups de baïonnette et sept autres personnes hospitalisées. Le porte-parole militaire de la province avait au départ démenti l’intervention de  l’armée  mais le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a par la suite reconnu que l’armée avait «sur-réagi». Human Rights Watch a demandé, dans un communiqué, que Jakarta permette l’accès de la province aux journalistes étrangers ainsi qu’aux rapporteurs spéciaux des Nations unies, estimant que cela «permettrait de réduire les rumeurs et la désinformation qui, souvent, provoquent des violences».

Ancienne colonie néerlandaise très riche en minerais et en ressources énergétiques, la Papouasie occidentale (ex-Irian Jaya) a été annexée de facto par l’Indonésie en 1963. Cette annexion a été «entérinée» par un «référendum» organisé par les militaires indonésiens et parrainé par les Nations unies en 1969. Un des principaux leaders indépendantistes, Theys Eluay, a été étranglé dans sa voiture en novembre 2001 par des militaires des forces spéciales indonésiennes qui l’avait invité à dîner. La province est peuplée de deux millions d’habitants, dont la moitié est désormais constituée de migrants venus des autres îles de l’Indonésie.