Indonésie : achat controversé de cent blindés lourds

L’armée indonésienne a décidé d’acheter une centaine de blindés lourds allemands retapés du type Leopard 2A6. Certains se demandent à quoi ils serviront.

L’armée indonésienne a décidé d’acheter une centaine de blindés lourds allemands retapés du type Leopard 2A6. Certains se demandent à quoi ils serviront.

«Au mauvais moment et inepte», a jugé le Jakarta Post à propos de la décision de l’Indonésie d’acheter, après des mois de controverse, les cent tanks allemands plutôt que des blindés de seconde main et de fabrication hollandaise. Cet achat – une enveloppe supérieure à 200 millions d’€ – «n’était pas urgent» et «n’est pas adapté» au terrain en Indonésie.

En-dehors de la courte frontière avec le Timor Leste, l’Indonésie ne dispose que de deux longues frontières terrestres : l’une qui sépare la Papouasie occidentale (indonésienne) de la Papouasie Nouvelle-Guinée ; l’autre qui sépare, sur l’île de Bornéo, le Kalimantan (indonésien) des Etats malaisiens du Sabah et du Sarawak. Aucune infrastructure n’existe pour associer des blindés au contrôle de ces frontières.

L’Indonésie est un état archipélagique dont la sécurité repose sur sa marine et son aviation, lesquelles demeurent faibles. Pour contrôler ses frontières maritimes, elle aurait besoin de drones, non de blindés. Comme beaucoup de contrats d’achats militaires, celui concernant les tanks allemands ne brille pas par sa clarté. En fait, en-dehors d’intérêts bien compris, cet achat est le reflet du rôle majeur, politique comme militaire, joué par l’armée de terre sous Suharto (1966-1998). Si les forces armées n’ont plus de représentation politique, à l’issue de quatorze ans de réformes, la prépondérance de l’armée de terre demeure. Cette dernière conserve même son commandement territorial, présent dans toutes les communes de l’archipel. Les blindés pourraient être cantonnés à Jakarta et à Surabaya, n’exclut pas le Jakarta Post.