Trafic routier: amendes et corruption

Augmenter les amendes pour violation du code de la route peut renforcer la corruption. Un dilemme débattu à l’Assemblée nationale du Vietnam.

Augmenter les amendes pour violation du code de la route peut renforcer la corruption. Un dilemme débattu à l’Assemblée nationale du Vietnam.

Face à la congestion croissante de la circulation et à la multiplication des accidents de la route au Vietnam, le vice-ministre des Transports Lê Manh Hung a demandé aux députés l’autorisation d’augmenter le prix des amendes payables sur le champ jusqu’à deux millions de dôngs (70€), soit dix fois l’amende maximale en cours. De son côté, un haut fonctionnaire du ministère de la Sécurité, Do Dinh Nghi, a suggéré qu’en cas d’activités menaçant le bien-être public, comme les courses illégales, les véhicules devraient être confisqués. «Si cette proposition n’est pas approuvée, il sera très difficile pour nous de gérer les violations», a-t-il ajouté, selon le quotidien Tuoi Tre.

Mais les élus ne sont pas convaincus, rapporte un autre quotidien, Thanh Nien. Dang Dinh Luyên, vice-président de la Commission des lois, estime que le gouvernement doit prendre en considération le fait que, si les amendes sont trop élevées, beaucoup de fauteurs ne pourront pas y faire face. Ou le fait que la police devra assurer la garde du véhicule pendant que le contrevenant réunit les deux millions de dôngs.

Nguyên Ba Thuyên, député de la province de Lam Dông, a fait valoir que plus l’amende sera élevée, plus les auteurs d’infraction et les policiers seront tentés de recourir à des «dessous de table». D’un autre côté, plutôt que de renforcer les effectifs de la police, mieux vaudrait recourir à des moyens techniques comme les radars et caméras. «Je pense qu’ajouter des gens ne fera que renforcer le risque de corruption», a-t-il affirmé. 70.000 contraventions ont été rapportées en 2011. Ce chiffre est 2,3 plus élevé qu’en 2010 mais demeure insignifiant dans un pays où les accidents de la route font, chaque année, des milliers de victimes. La plupart des infractions se règlent donc à l’amiable et ne sont pas rapportées. Le dilemme est loin d’être résolu.