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Philippines : le contrôle des naissances est adopté

Le vote par le Sénat d’une loi sur «la santé reproductive» est une victoire pour le président Aquino et une défaite pour la hiérarchie catholique.

Par 13 voix contre 8, le Sénat des Philippines s’est prononcé, le 17 décembre, pour une loi qui donne les moyens à l’Etat de procéder au contrôle des naissances. Comme la Chambre des Représentants en avait déjà fait autant le 13 décembre (par 113 voix contre 104), il ne reste plus qu’à accorder deux textes déjà quasi-identiques – la tâche d’une Commission de conciliation, qui prendra deux ou trois jours – pour que le chef de l’Etat promulgue une loi qui marque une victoire pour le président Noynoy Aquino, élu en 2010.

Cette loi sur «la santé productive» donnera à toute femme «le choix de déterminer le nombre de ses enfants, répond au besoin des adolescentes d’être protégées contre les grossesses imprévues et d’instruire les gens sur la santé sexuelle», estime le Philippine Daily Inquirer. Malacañang, siège de la présidence, s’est félicité de ces deux «votes historiques» et de l’adoption d’une loi «qui peut réellement répondre aux besoins de notre population».

En autorisant l’Etat à dégager des fonds pour appliquer la contraception, cette loi s’est heurtée à la vive opposition de l’église catholique dans un archipel qui compte 80% de chrétiens. Le dimanche 16 décembre, la lettre pastorale lue dans les églises a jugé que la loi menaçait la moralité de la nation. «Le large et libre accès aux contraceptifs détruira la vie familiale», a estimé Mgr Socrates Villegas, un archevêque qui est vice-président de la Conférence des évêques.

Pour sa part, la sénatrice Pia Cayetano, qui a parrainé la loi, a déclaré : «je ne vais pas jubiler. En fait, mon travail ne fait que commencer… [Cette loi] s’adresse à toute femme coincée dans la pauvreté, à celles qui ne savent même pas qu’elles ont le droit de pas être battues par leurs compagnons». La loi devrait notamment contribuer à contrôler une expansion démographique parmi les plus fortes de la planète et qui freine le développement du pays.

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Philippines : dernière étape avant le contrôle des naissances

Le contrôle des naissances pourrait intervenir avant Noël à la suite d’un vote favorable, le 13 décembre, de la Chambre des Représentants. Une longue bataille.

Le premier projet de loi sur la «santé reproductive» a été déposé devant le Congrès des Philippines en 1987. Voilà donc quinze ans que la planification familiale, notamment en raison du recours à la contraception, est rejetée. La raison : la forte influence de la hiérarchie catholique dans un archipel qui compte 85% de chrétiens, dont une majorité de catholiques, héritage de quatre siècles de colonisation espagnole.

Mais, cette fois-ci, la loi pourrait bien être votée. Réunie à Manille le 13 décembre, la Chambre des Représentants l’a adoptée par 113 voix contre 104 (3 élus se sont abstenus et 62 étaient absents). Le vote a été nominal et non secret. Pour être serré, le résultat ouvre toutefois la voie à la dernière étape : un débat au Sénat et un éventuel accord des deux Chambres sur le texte. La hiérarchie catholique ne s’avoue pas battue. Mais, pour la première fois, avec le président Noynoy Aquino, l’archipel a un chef d’Etat prêt à essuyer les foudres de son église pour faire passer une législation qu’il juge indispensable à la santé tout court du pays.

Les Philippines comptaient 28 millions d’habitants en 1960. Elles ont franchi le cap des 80 millions en 2003 et atteindront dans quelques années les cent millions. La démographie rogne une croissance retrouvée : 24 naissances et 5,3 décès par 1000 habitants ; indicateur de fécondité, 3 enfants par femme. Aquino, qui s’était prononcé en faveur du contrôle des naissances pendant sa campagne électorale en 2010, a donc relancé le projet placé dans un placard en dépit des menaces d’excommunication. Les temps lui sont favorables : près de 40% des Philippines pratiquent déjà la contraception (pilule, stérilet, préservatif, dont l’église condamne la distribution). Le suspens, toutefois, durera jusqu’à la dernière minute.

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Philippines : après la corruption, le contrôle de naissances

L’église catholique philippine menace le président d’excommunication. Mais les bénéfices de la croissance seront perdus sans contrôle des naissances.

Les Philippines comptaient 28 millions d’habitants en 1960. Elles ont franchi le cap des 80 millions en 2003 et atteindront dans quelques années les cent millions. La Thaïlande – une quarantaine de millions d’habitants dans les années 60 – n’en abrite que 65 millions aujourd’hui à la suite d’une efficace campagne de contrôle des naissances. Le Vietnam (près de 90 millions d’habitants de nos jours) est parvenu lui aussi à contrôler les naissances et, selon les projections, entrera même dans une phase de vieillissement en 2017 avec 10% de plus de 60 ans (alors que la moitié de sa population avait 25 ans et moins en 1975).

Depuis quinze ans, à Manille, la Conférence des évêques bloque un projet de loi sur les droits de reproduction qui introduit l’accès universel pour les femmes au contrôle des naissances. 85% des Philippins sont chrétiens, dans leur immense majorité des catholiques dont la moitié vont à la messe chaque semaine. La puissante hiérarchie catholique avait surveillé de très près le président Fidel Ramos (1992-1998), de confession protestante. Elle se méfie aujourd’hui du président Noynoy Aquino, certes catholique mais qui s’est prononcé pour le contrôle des naissances dans sa campagne électorale en 2010.

Noynoy relance son projet, placé un temps dans un placard, en projetant des crédits alloués aux services publics de santé sous forme de crédits à des «fournitures» liées à la planification familiale et destinées à être distribuées à travers l’archipel. Les temps lui sont favorables : l’économie redémarre ; la corruption marque le pas ; les grands projets de développement sont votés. En outre, plus du tiers des Philippines pratiquent déjà la contraception (pilule, stérilet, préservatif, dont l’Eglise condamne la distribution). La lutte s’annonce ardue et de longue haleine.