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Thaïlande : des camps de détention pour les Rohingyas

Bangkok ne veut pas que les Rohingyas restent plus de six mois sur le sol thaïlandais.

Après une réunion le 25 janvier des agences de sécurité de la Thaïlande sur la question des Rohingyas se trouvant dans le sud du royaume, le chef du Conseil national de Sécurité (CNS), le général Paradon Pattanathaboot, a indiqué, selon le Bangkok Post, que des camps de détention pour Rohingyas allaient être établis dans les provinces de Songkhla et de Ranong. Environ 1.400 Rohingyas ayant fui l’Etat Rakhine dans l’ouest de la Birmanie après les affrontements intercommunautaires de l’été dernier se trouvent dans les provinces du sud de la Thaïlande. Les Rohingyas, de confession musulmane, et les bouddhistes de l’Etat Rakhine se sont violemment affrontés en juin 2012 ; les heurts ont provoqué près de 200 morts et des milliers de blessés. Après la destruction de leurs villages, beaucoup de Rohingyas ont fui la Birmanie, souvent dans l’objectif de se rendre en Malaisie pour y trouver du travail. Ceux qui, à mi-chemin, manquent de vivres, s’égarent ou sont interceptés par des trafiquants ou des militaires aboutissent en Thaïlande.

Peu à peu, cette concentration de “réfugiés” rohingyas en Thaïlande devient une crise majeure, qui n’est pas sans rappeller l’exode des Cambodgiens durant et après le régime khmer rouge dans les années 70 et 80 ou même celle des “boat people” vietnamiens. Le dernier camp de réfugiés cambodgiens a été fermé en 1992. Le général Paradon souligne ainsi, selon le quotidien thaïlandais, que permettre aux Rohingyas de s’installer “à long terme” en Thaïlande aurait un effet d’aimant qui augmenterait les arrivées de Rohingyas. Pour cette raison, il affirme qu’ils ne pourront pas demeurer dans le pays plus de six mois et semble insinuer que ceux qui arriveront après la fin janvier ne pourront pas débarquer sur le sol thaïlandais. Les 1.400 Rohingyas qui se trouvent déjà dans le pays, dans des centres d’immigration ou des locaux administratifs, seront placés en détention et devront, à l’issue de cette période de six mois, être renvoyés en Birmanie ou dans un pays d’accueil. “Nous devons maintenant contacter les pays qui ont voulu que nous aidions les Rohingyas et leur demander s’ils sont prêts à accepter ces gens chez eux”, a dit le chef du CNS cité par le journal.

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Birmanie Social

Birmanie : les paysans du delta se rebiffent

Lors d’une rare manifestation, 2.000 paysans de l’Irrawaddy réclament la restitution de leurs terres.

C’est un réveil après un demi-siècle de silence forcé. C’est du moins comme cela que les organisateurs d’une manifestation qui a rassemblé, le 13 janvier, 2.000 paysans dans la région de l’Irrawaddy, le delta du fleuve du même nom, qualifient ce rassemblement. Selon l’hebdomadaire basé à Rangoon Myanmar Times, ces riziculteurs et ces pêcheurs réclament la restitution des terres qui leur ont été confisquées ces dernières décennies durant la dictature militaire pour être données à des firmes en cheville avec l’armée, ainsi que l’octroi de droits de pêches dans les étangs. « Nous voulons que notre gouvernement sache que les paysans et les pêcheurs de Pantanaw, Nyaung Tone et Danaphyu dans la région de l’Ayeyarwady [ou Irrawaddy] sont traités de manière injuste (…). Cette manifestation intervient après 50 ans de silence. Nous nous sommes tenus tranquilles car nous étions effrayés du gouvernement militaire », a déclaré l’un des organisateurs du rassemblement cité par l’hebdomadaire.

Les manifestants indiquent que, sur les 18 dernières années, environ 12.000 hectares de terres ont été transférées à des firmes qui avaient signé des contrats avec la junte au pouvoir en Birmanie jusqu’au début de 2011. Les paysans, propriétaires initiaux des terrains, doivent désormais les louer pour pouvoir travailler dessus. Par ailleurs, les paysans n’ont pas légalement le droit de pêcher dans les étangs même si ceux-ci sont situés sur leurs propres terres. Ceux qui s’y risquent sont arrêtés par la police. Les manifestants réclament aussi la libération de ceux qui ont été arrêtés pour avoir pêché dans des étangs. La manifestation avait été légalement autorisée, après que les organisateurs eurent demandé la permission aux autorités locales.

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Singapour Social Société

Nouveau package pro-nataliste à Singapour

Le gouvernement de l’île-Etat a pris une série de mesures pour tenter d’enrayer la chute du taux de fécondité.

Depuis 1975, les Singapouriens ne procréent plus suffisamment pour « se remplacer », indique le quotidien de Singapour, The Strait Times. Le taux de fécondité est actuellement de 1,2 enfant par femme soit bien en dessous du taux de renouvellement, qui est de 2,1. Aussi le gouvernement de Singapour a-t-il décidé de prendre le problème de la faible natalité à bras-le-corps, en mettant en place une série de mesures pro-natalistes qui lui coûteront annuellement 1,2 milliard d’euros. Les bonus financiers par bébé passent à 3.700 euros pour chacun des deux premiers nés et à 4.900 euros pour le troisième et le quatrième. Chaque nouveau-né a aussi droit à un soutien financier de 1.800 euros pour les besoins médicaux, ainsi qu’à une couverture médicale complète pour les problèmes de santé directement liés à la naissance et les défauts congénitaux.

L’un des objectifs du programme gouvernemental, précise le Straits Times, est aussi d’aider les Singapouriens, très focalisés sur leur vie professionnelle, à équilibrer travail et vie parentale. Ainsi, pour la première fois, le père aura droit à une semaine de congé paternité et pourra s’octroyer une semaine supplémentaire pris sur le quota de son épouse. Les femmes ayant adopté un enfant bénéficieront de quatre semaines de congé maternité. Le package essaie aussi d’aider les couples qui ont des enfants mais n’ont pas encore pu s’acheter de logement. Ceux-ci seront désormais inscrits en priorité sur les listes du Housing Development Board (HDB), l’organisme gouvernemental singapourien qui s’occupe de la construction de logements. La ministre auprès du Premier ministre, Grace Fu, cité par le Straits Times, a déclaré que le but du gouvernement était de faire en sorte que le mariage et la maternité soient ré-inclus dans « la liste des priorités des Singapouriens » et de souligner « qu’on ne peut pas attendre trop longtemps pour ces choses ».

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Thaïlande : des militaires impliqués dans un trafic d’esclaves

Des officiers thaïlandais jouent un rôle actif dans l’organisation dans le trafic de Rohingyas entre la Birmanie et la Thaïlande.

Le général Prayuth Chan-ocha, chef de l’armée de terre thaïlandaise, a reconnu, selon le Bangkok Post, que les accusations concernant l’implication d’officiers dans le trafic de Rohingyas dans le sud de la Thaïlande étaient fondées. “Nous sommes en train d’enquêter. Ce sont des mauvais officiers et ils doivent être sanctionnés”, a déclaré le général au quotidien. Des sources policières avaient indiqué auparavant que des officiers, allant du grade de major à celui de colonel et appartenant au Commandement opérationnel pour la sécurité intérieure (ISOC), l’organisme de sécurité le plus puissant dans le pays, contrôlaient depuis plusieurs années le trafic clandestin de main-d’œuvre entre l’ouest de la Birmanie et la Malaisie. C’est apparemment une querelle entre plusieurs des officiers impliqués qui a poussé certains d’entre eux à révéler l’existence du trafic à la police.

Un article du webzine Phuketwan décrit la façon dont le trafic est organisé. Des bateaux de gardes-côtes militaires accostent les embarcations de Rohingyas lorsqu’elles celles-ci arrivent au large des côtes thaïlandaises. Les militaires sur ces bateaux sont en cheville avec des passeurs birmans qui ont organisé le voyage au départ et se trouvent aussi à bord avec les Rohingyas. Une fois interceptés, les Rohingyas sont transférés dans des camps clandestins, souvent cachés dans des plantations, dans les provinces du sud de la Thaïlande. Ils ne sont libérés que s’ils peuvent payer une somme supplémentaire allant parfois jusqu’à plusieurs milliers d’euros, sinon ils sont battus et vendus à ces entreprises locales de pêche ou de construction pour lesquels ils doivent travailler sans salaire.

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Social Thaïlande

Thaïlande: l’armée s’attaque aux trafiquants d’esclaves

Une série de raids sur des camps où sont séquestrés des migrants, pour la plupart des Rohingyas venus de Birmanie, a été lancée dans le sud du pays.

Les militaires de Thaïlande ont poursuivi leurs raids sur des camps où des trafiquants retiennent captifs des migrants, dans leur grande majorité des Rohingyas ayant fui l’Etat Rakhine en Birmanie. Ces « camps », parfois des plantations d’hévéas, sont situés dans l’extrême sud de la Thaïlande, non loin de la frontière avec la Malaisie. Selon le webzine Phuketwan, l’armée a libéré 800 d’entre eux, parmi lesquels un grand nombre de femmes et d’enfants, mais a provoqué la dispersion de centaines d’autres dans la nature. Certains de ces camps renfermaient jusqu’à 800 captifs, selon le webzine.

Ces migrants paient des passeurs pour leur permettre d’aller, par voie maritime, en Malaisie, mais ils sont parfois débarqués dans le sud de la Thaïlande, où des trafiquants, en cheville avec certaines autorités locales selon Phuketwan, leur demandent de payer une somme supplémentaire pour pouvoir être transportés en Malaisie. Le statut apatride de ces Rohingyas les rend vulnérables, car ils craignent d’être livrés à la police et renvoyés en Birmanie. Si les migrants sont incapables de payer, ils sont vendus à des employeurs thaïlandais pour travailler sur des chalutiers ou sur des chantiers de construction, parfois sans salaire. L’action vigoureuse de l’armée laisse penser que, peut-être, certains officiers thaïlandais de police et de l’immigration, soupçonnés de tremper dans ce trafic, vont devoir rendre des comptes.

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La Thaïlande renvoie des Rohingyas à la case départ

Un groupe de 74 Rohingyas, ou musulmans venus de l’Etat Rakhine en Birmanie, sont renvoyés par voie de terre dans leur pays.

A court d’essence, ils avaient stoppé leur embarcation au large de l’île thaïlandaise de Phuket le 1er janvier. Selon le site d’informations Phuket Wan, qui a interviewé plusieurs de ces Rohingyas, leur bateau surchargé accompagnait un autre, beaucoup plus important, qui transportait environ 500 personnes et a accosté le 30 décembre sur l’île de Langkawi en Malaisie. Parmi les 74 passagers du bateau, immobilisé au large de la plage de Rawai, sur l’île de Phuket, figurent dix enfants de moins de dix ans et quatorze femmes, pour la plupart des adolescentes. Selon Phuket Wan, ils viennent de Maungthaw, une ville de l’Etat Rakhine dévastée par les violences intercommunautaires et ont navigué 13 jours avant d’arriver à Phuket. Chacun a payé 400 euros le passeur qui a organisé leur voyage.

Comme la plupart des Rohingyas fuyant la Birmanie, ceux-ci comptaient atteindre la Malaisie pour y trouver du travail. La police thaïlandaise leur a donné des vivres et de l’essence pour leur permettre de poursuivre leur périple, mais, finalement, ces Rohingyas ont renoncé devant le risque d’un chavirage. En conséquence, ils seront reconduits en camion à la frontière birmane par les autorités de Thaïlande. Le groupe de 481 Rohingyas qui est arrivé sur l’île malaisienne de Langkawi risque aussi d’être renvoyé en Birmanie. Plusieurs organisations de protection des droits de l’Homme ont appelé Kuala Lumpur à ne rien en faire.

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Asie Social Thaïlande

La Thaïlande face au problème croissant de l’opium

La découverte d’un vaste champ d’opium dans le nord du royaume alerte les autorités de la Thaïlande.

Depuis des décennies, la culture du pavot à opium dans le nord de la Thaïlande, près des frontières de la Birmanie et du Laos est considérée comme étant sous contrôle : seuls quelques paysans dans des zones reculées continuaient à cultiver des petites parcelles de pavots, dont l’opium, une fois extrait, était le plus souvent directement consommé par les villageois. Les projets menés par le roi de Thaïlande pour substituer diverses cultures (café, fraises…) à l’opium sont généralement considérés comme des réussites, y compris par l’agence onusienne de lutte contre la drogue (UNDOC). Mais, selon le quotidien de Singapour The Straits Times, la découverte fin décembre par la police thaïlandaise d’un champ d’opium de près de 13 hectares dans le district de Chai Prakan, dans la province de Chiang Mai, a montré la nécessité de renforcer la vigilance dans ce domaine, même si la priorité des autorités de Thaïlande reste la lutte contre le trafic de méthamphétamine. Cela fait plusieurs décennies qu’on n’avait pas trouvé un si vaste espace de culture consacré aux pavots.

The Straits Times cite également un expert de la lutte contre le trafic de drogue, lequel souligne que « la demande d’héroïne augmente », tirée notamment par les consommateurs chinois. En juillet 2011, la police australienne a saisi une cargaison de 306 kilos de méthamphétamine sous forme de cristaux cachée dans des poteries en provenance de Thaïlande. La cargaison contenait aussi 252 kilos d’héroïne. Une fois récoltée, l’opium est envoyé en Birmanie pour être transformé en héroïne dans des «laboratoires» proches de la frontière. L’héroïne est ensuite acheminée vers la Thaïlande, qui constitue un pays de transit alimentant le marché international.

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Social Thaïlande

Bonnet d’âne pour les écoliers du sud de la Thaïlande

Les élèves des écoles de la région déstabilisée par une insurrection sont classés au bas de l’échelle nationale.

Les assassinats d’enseignants dans le sud à majorité musulmane de la Thaïlande font régulièrement les gros titres des journaux. Près de 160 d’entre eux, à 80 % de confession bouddhiste, ont été tués depuis la résurgence de l’insurrection séparatiste en janvier 2004. Selon le Straits Times de Singapour, un des effets de cette violence contre les enseignants dont on parle peu est le mauvais résultat des élèves des écoles du Sud dans le classement national. En 2012, les écoliers des trois provinces frontalières de la Malaisie – Pattani, Yala et Narathiwat – se retrouvent à nouveau dans le bas du tableau national.

Selon Prasit Meksuwan, ancien président de la Confédération des enseignants du sud cité par le quotidien, les assassinats d’enseignants ont un impact psychologique important sur l’état d’esprit des élèves, les décourageant d’apprendre. Toutefois, ce sont surtout les conditions culturelles qui désavantagent les écoliers du sud, lesquels sont dans leur immense majorité issus de familles malaises (qui parlent le jawi, un dialecte malais, à la maison) et donc ne rentrent en contact avec la langue thaïe que lors de leur entrée dans le cycle primaire.

En outre, parallèlement à leur cursus à l’école publique, ces enfants suivent presque toujours une éducation religieuse à l’école coranique, où des textes écrits en arabe sont appris par cœur sans véritable compréhension du contenu. Selon plusieurs experts, cette double éducation les désavantage par rapport à leurs camarades thaïs bouddhistes. Le Straits Times estime que le risque de ces handicaps cumulés est la condamnation des jeunes Malais musulmans “à une vie d’échecs”.