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Selon l’Unicef, les violences contre les enfants sont fortement présentes en Asie-Pacifique

L’organisation onusienne a lancé officiellement le 8 août à Bangkok un rapport compilant des centaines d’études sur les mauvais traitements à l’encontre des enfants dans la région Asie-Pacifique.

Dans le rapport intitulé Child Maltreatment. Prevalence, Incidence and Consequences in East Asia and Pacific, l’Unicef a fait la synthèse de 356 études effectuées entre 2000 et 2010 par des organisations internationales, des gouvernements et des organisations non gouvernementales. Elle en conclut que les violences à l’encontre des enfants, qu’ils s’agissent de violences physiques, d’abus sexuels ou de violences émotionnelles, sont largement répandues dans la région. Ainsi, selon les pays, entre 9 % et 25 % des enfants subissent des violences sévères, incluant des bastonnades à mains nues ou avec des objets et pouvant entrainer des blessures.

En Chine, les mauvais traitements sont exercés le plus souvent par les parents, mais aussi par les enseignants. L’école est le lieu privilégié où ces violences sont infligées. Au Vietnam, selon une étude de cas figurant dans le rapport, le concept de masculinité, enraciné dans la culture, favorise les châtiments corporels au sein de la famille ; ces châtiments sont souvent dispensés par le père ou le grand père de l’enfant.

Le rapport de l’Unicef. qui peut être téléchargé sur le lien http://www.unicef.org/eapro/Child_Maltreatment.pdf, insiste sur le fait que ces violences, qu’elles soient physiques ou émotionnelles, ont un impact à long terme sur les enfants, une fois ceux-ci devenus adultes. Les tendances dépressives et suicidaires sont beaucoup plus élevées chez les jeunes qui ont subi des violences sexuelles ou physiques pendant leur enfance. Dans les campagnes chinoises, la première cause de mortalité des jeunes filles est ainsi le suicide. L’étude constate également que les violences contre les enfants se produisent dans tous les milieux sociaux, et ne sont pas, comme des observateurs candides peuvent le croire, confinées aux familles les plus pauvres.

Ce rapport est une première étape pour faire prendre conscience aux sociétés et aux gouvernements asiatiques de l’ampleur du fléau, de manière à pouvoir ensuite mieux le combattre, comme cela s’est produit en Europe et aux Etats-Unis.

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Culture Thaïlande

Thaïlande : un roi en Suisse, une plongée dans la jeunesse de Bhumibol

Un ouvrage précis décrit l’enfance et l’adolescence helvétiques du roi de Thaïlande et enrichit la connaissance de ce sujet peu traité.

Parmi le très grand nombre d’ouvrages publiés en Thaïlande sur la vie du roi Bhumibol Adulyadej, l’énorme majorité souffre d’un style hagiographique qui empêche de percevoir l’homme derrière le souverain. D’autres livres, parus à l’étranger, adoptent une approche critique, laquelle incommode certains Thaïlandais par leur désacralisation du monarque. Le livre d’Olivier Grivat, écrivain et ancien rédacteur en chef adjoint de «24 heures», se maintient sur un juste milieu entre ces deux rives : respectueux d’un homme dont l’aura et le dévouement pour son pays sont évidents, l’ouvrage n’hésite toutefois pas à montrer que le roi Bhumibol, IXe souverain de la dynastie Chakri, a été, dans sa jeunesse, un «petit écolier suisse», puis un adolescent avec ses passions et ses failles.

Pour remonter le cours de cette jeunesse helvétique, Olivier Grivat s’est plongé dans les archives, non seulement celles de la presse suisse, qui a largement publié sur la famille royale siamoise entre 1933 et 1951, mais aussi dans les documents de la sûreté du canton de Vaud. Il en résulte un livre précis, souvent empreint d’un humour salutaire et qui remplit son objectif : mettre à jour une foule de faits inconnus sur la jeunesse d’un des grands monarques du XXe siècle. Le roi Bhumibol est une personnalité tout à fait à part dans l’histoire thaïlandaise, ce qui est dû en grande partie à son éducation : esthète, original, curieux de tout, il reflète à la fois la tradition siamoise que lui a inculquée sa mère, la princesse Mahidol, une orpheline roturière élevée dans l’enceinte du Palais royal, et une culture d’ouverture d’esprit apprise sur les bancs de l’Ecole nouvelle de la Suisse romande, puis de l’Université de Lausanne. Six décennies après avoir quitté la Suisse, cette empreinte helvétique reste forte. A ses visiteurs venus de la Confédération, le roi s’enquiert de savoir «comment vont les vins vaudois ?» ou aime à évoquer ses anciens professeurs.

Un roi en Suisse, par Olivier Grivat, Editions Favre, Lausanne, 2011.

Le livre est disponible en Thaïlande à la Librairie Carnets d’Asie.