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Asie Culture

Un nouveau projet de recherche Europe-Asie du Sud-est

Cinq institutions de recherche européennes et quatre universités d’Asie du Sud-Est s’associent pour un ambitieux projet de recherche.

Le projet, financé à hauteur de 2,4 millions d’€ par l’Union européenne, a été baptisé SEATIDE et portera sur la thématique : “Intégration en Asie du sud-est. Trajectoires d’inclusion, dynamiques d’exclusion”. Le coordinateur scientifique en sera l’Ecole française d’extrême orient (EFEO), au travers du directeur de cette institution plus que centenaire, Franciscus Verellen, et d’Yves Goudineau, directeur du centre EFEO à Chiang Mai. Cinq universités ou établissements de recherche européens y participent – l’EFEO, l’université de Cambridge, l’université d’Hambourg, l’Université de Milan-Bicocca et l’université de Tallin (Estonie) – ainsi que quatre universités du Sud-est asiatique – l’université indonésienne de Gadjah Mada, l’Académie vietnamienne des sciences sociales, l’université Sains Malaysia et l’université de Chiang Mai (Thaïlande) – constituent le coeur du réseau de recherches, mais des chercheurs d’autres établissements y participeront également (Institut de recherches sur l’Asie du Sud-est contemporaine, Institut de recherches pour le développement, CNRS).

“C’est un réseau de coopération entre chercheurs qui se met en place, le projet va durer une dizaine d’années”, a précisé à Asie-Info Jérémy Opritesco, conseiller culturel et scientifique de l’ambassade de France à Bangkok. Quatre sous-thèmes seront étudiés avec, pour chacun d’entre eux, une ou plusieurs universités jouant un rôle-leader : l’intégration nationale face à la diversité régionale, les mouvements de populations transfrontaliers et intranationaux, l’analyse des réseaux de connaissance et le rôle qu’y joue l’Europe, et l’analyse des crises historiques et politiques dans le but de voir ce qui distingue l’Asean Way du mode d’intégration propre à l’Union européenne.

Le projet doit être officiellement inauguré le 1er février à Chiang Mai en présence du directeur de l’EFEO et du président de l’Université de Chiang Mai, le professeur Kasem Wattanachai.

 

 

 

 

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Indonésie Singapour Tourisme

Indonésie : l’aviation a perdu son bonnet d’âne

Après de graves déboires, le transport aérien reprend nettement le dessus. Commandes, nouvelles compagnies, nouveaux aéroports.

En 2007, donc voilà cinq ans seulement, l’Europe et les Etats-Unis avaient coiffé d’un bonnet d’âne l’aviation en Indonésie en interdisant l’accès de leurs aéroports à la plupart des compagnies aériennes indonésiennes, à commencer par la compagnie nationale Garuda. Les raisons : la multiplication des accidents aériens, au sol comme en l’air.

Ce désastre est en train de devenir un mauvais souvenir. En 2010, l’Europe a de nouveau autorisé la plupart des vols indonésiens. L’Amérique en fera autant en 2013, selon le Straits Times de Singapour. Le transport aérien est à l’image de l’économie de l’archipel de 240 millions d’habitants : en pleine expansion. Le trafic aérien intérieur a augmenté de 13% en 2012, un record. «Or, seulement le tiers de la population vole aujourd’hui, ce qui indique le potentiel d’une croissance massive», souligne le quotidien singapourien en annonçant que 130 nouveaux parcours intérieurs sont à l’étude et que quatre nouvelles compagnies seront lancées en 2013 : Batik Air (filiale de Lion Air), Nam Air, Kartika et Jatayu.

Les achats d’avions se multiplient auprès de Boeing et d’Airbus. Pour sa part, Lion Air, la compagnie à bas coût favorite des Indonésiens, a commandé 230 avions à Boeing en 2011 (22 milliards de dollars). Parallèlement, les infrastructures aéroportuaires sont mises à jour : construction de 24 nouveaux aéroports, qui devraient être opérationnels en 2017 ; relocation et construction de 21 aéroports supplémentaires qui seront disponibles en 2022. Enfin, des experts de Boeing et d’Airbus ont été engagés pour former les contrôleurs aériens, les services de pompiers et la formation continue des pilotes.

Il reste que l’Indonésie n’est pas sortie du bois, selon la formule de Gerry Soejatman, un analyste interrogé par le Straits Times. Il y a eu des cas de pilotes recourant à des drogues, ou celui d’un avion de ligne qui a atterri sans dommage mais sur un aéroport  situé à douze km de sa destination. «La culture de sécurité doit s’améliorer», a ajouté Gerry.

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Analyse Asie Chine Politique

Sommet Asie-Europe: l’ombre grandissante de la Chine

Le sommet de l’Asem qui se tient les 5 et 6 novembre à Vientiane est l’occasion pour la Chine de s’affirmer comme puissance responsable.

Malgré les effets de manches, les Européens sont venus dans leurs petits souliers au sommet Asie-Europe, qui réunit les leaders d’une cinquantaine de pays des deux continents dans la capitale du Laos. Minés par une crise de la dette publique qu’ils n’arrivent pas à contenir et un euro assiégé de toutes parts, les chefs de gouvernement et d’Etat du vieux continent ne peuvent plus adopter la position de donneurs de leçons – un rôle qu’ils ont parfois donné l’impression de jouer lors de sommets précédents sur les questions de droits de l’Homme mais aussi de bonne gestion économique. Cette conjoncture joue en faveur de la Chine, qui, comme les autres économies orientées vers l’exportation d’Asie, subit le contrecoup des maux économiques et financiers européens.

Avec son poids économique et le crédit de sa monnaie, la Chine sait que sa réaction à la crise économique et financière européenne est déterminante. Et, selon une stratégie habile qu’elle avait déjà suivie en 2007-2008 en ne dévaluant pas le yuan, Pékin saisit l’occasion pour s’affirmer comme une puissance aussi incontournable que responsable, sachant que les Européens ne pourront qu’en être reconnaissants. Malgré un Congrès du Parti communiste Chinois qui doit commencer dans quelques jours, le Premier ministre Wen Jiabao est venu à Vientiane, au ravissement des dirigeants laotiens quelque peu fébriles de vivre le premier grand sommet international organisé sur leur sol.

Avec une Asie du Sud-Est en grande partie tournée vers la Chine, du moins au niveau économique, l’ancien Empire du milieu rayonne dans son habit de « grand frère ». Le ton de la presse chinoise est triomphaliste. L’agence chinoise Xinhua se gargarise de « rôle global sans cesse en expansion de Pékin » et de « soft power chinois ». Certes, les dirigeants philippins et peut-être d’autres tenteront-ils de mettre les tensions en mers de Chine orientale et méridionale sur la table, mais Pékin semble être, cette fois-ci, en position de dicter l’ordre du jour, qu’elle souhaite focaliser sur les questions économiques et de « dialogue civilisationel ».

Coopérer avec les Européens au niveau économique pour tenter de limiter les effets de la crise est une stratégie de bon sens aux yeux de Pékin. Le réengagement américain en Asie, perceptible sous la présidence de Barack Obama inquiète la Chine. La proximité entre l’opposition birmane – peut-être appelée à diriger le pays après les élections de 2015 – et les Etats-Unis n’est pas de bon augure pour la Chine. Alors que les militaires birmans pourraient bientôt assister aux manœuvres Cobra Gold organisées par les Américains et les Thaïlandais, le gouvernement birman suspend d’énormes projets d’investissements chinois. Les Européens, assez divisés sur les questions de politique asiatique, ne sont pas en train de « s’allier » avec la Chine. Mais, hypnotisés par la montée économique du géant asiatique, ils constituent une troisième partie, moins hostile envers Pékin et, parfois, défiante vis-à-vis de Washington.