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Asie du sud-est : le volontarisme de Shinzo Abe

Le nouveau premier ministre japonais veut que son pays soit présent en Asie du sud-est. Sa tournée dans la région, du 16 au 18 janvier, l’a clairement confirmé.

En dépit d’un retour précipité à Tokyo à cause de la crise des otages en Algérie, la tournée de trois jours de Shinzo Abe à Hanoï, Bangkok et Jakarta semble confirmer que l’Asie du sud-est est vraiment dans son champ d’optique, contrairement à l’impression qu’il avait laissée lors de son premier passage à la tête du gouvernement en 2006-2007.

Il est vrai que les relations entre le Japon et la Chine sont plus tendues de nos jours, notamment en raison des deux crises maritimes, celle des îles Senkaku/Diaoyu et celle en mer de Chine du sud. Il est également possible que Shinzo Abe ne se soit pas rendu d’abord à Washington en raison d’une tiédeur des relations bilatérales (et de la crise financière à laquelle fait face Barack Obama).

Toutefois, sa tournée au Vietnam, en Thaïlande et en Indonésie a été préparée de longue main. Son ministre des Affaires étrangères, Fumio Kishida, s’est rendu au préalable à Singapour, à Brunei (qui assure la présidence de l’Asean en 2013), aux Philippines et en Australie. De son côté, le vice-premier ministre japonais Taro Aso est allé en Birmanie.

En outre, ainsi que le souligne le quotidien The Australian, Shinzo Abe «est l’un des rares leaders japonais de l’après guerre (1945) à vouloir jouer un rôle sur la scène mondiale qui soit davantage que le commerce ou un appendice du système américain de sécurité». La tournée du premier ministre nippon en Asie du sud-est – où les intérêts et les ressortissants japonais sont très nombreux – laisse prévoir l’affirmation d’une politique japonaise en Asie-Pacifique. Affaire à suivre.

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Le Japonais Shinzo Abe en session de rattrapage au Vietnam

Shinzo Abe est attendu à Hanoï le 16 janvier, son premier voyage à l’étranger depuis sa victoire électorale. Il se rendra également en Thaïlande et en Indonésie.

Le premier ministre nippon va-t-il, à l’instar d’Hillary Clinton en 2009, annoncer que le Japon est «de retour»? En tout cas, il n’en sera pas loin. «Le Japon devrait reconnaître ses nouveaux rôles » et «contribuer à la coopération régionale en Asie de l’Est ; faute de quoi, il se retrouvera à la traîne», estiment,  dans une analyse publiée par le RSIS (Rajaratnam School of International Studies, Singapour, www.rsis.edu.sg), deux experts, Mushahid Ali et Hiro Katsumata.

De quels «nouveaux rôles» s’agit-il ? Pendant sa campagne électorale, Shinzo Abe a annoncé «la renaissance de la diplomatie du Japon» et avancé une liste de 38 initiatives. En font partie, écrit Ken Jimbo de l’université Keio sur le site de l’East Asia Forum, le rétablissement du Conseil national de sécurité, le renforcement des «forces d’auto-défense» (l’armée nippone) ainsi que l’installation permanente de fonctionnaires sur les îles Sekaku (Diaoyu), objet d’un contentieux avec la Chine et que le gouvernement japonais vient de racheter à des propriétaires privés.

En Asie du sud-est, le Japon dispose de quelques à-valoir. Il en a été le principal partenaire jusqu’au tournant du siècle et la locomotive du développement du sous-continent. Avant l’émergence de la Chine, le «miracle asiatique» a été le fait du Japon et, dans son sillage, des «quatre tigres» (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) suivis par les «trois bébés tigres» : Malaisie, Thaïlande et Indonésie.

L’aide et les investissements japonais dans le sous-continent se sont élevés à des centaines de milliards de dollars et ont contribué à façonner des économies tirées par leurs exportations. Les sociétés japonaises sont encore omniprésentes en Asie du sud-est et c’est l’une des raisons pour lesquelles Tokyo resserre aujourd’hui ses liens avec Hanoï, capitale d’un pays demeuré longtemps en marge du développement économique.

Ken Jimbo rappelle que lors de son précédent passage à la tête du gouvernement, Shinzo Abe avait, en 2006-2007, réussi une percée diplomatique avec la Chine, fondant les relations bilatérales «sur des intérêts stratégiques communs». Cette fois, dit-il, «si le pragmatisme prévaut dans les orientations de la politique étrangère d’Abe, le Japon disposera d’un potentiel important pour rehausser son profil diplomatique». Ce serait un moyen d’effacer deux décennies de stagnation et de diplomatie feutrée dont la Chine a profité pour doubler le Japon. Affaire à suivre.

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Asie : La peur de nouvelles tensions entre Pékin et Tokyo

Le pourquoi : à l’affirmation d’un «rêve chinois» centré sur la force militaire par Xi Jinping succède la victoire électorale du  nationaliste japonais Shinzo Abe.

Une nouvelle phase de tensions s’ouvre-t-elle entre Pékin et Tokyo, les deux grands de l’Extrême Orient ? Les élections générales du 16 décembre au Japon marquent le net retour au pouvoir des Libéraux Démocrates après une parenthèse piteuse de trois ans des Démocrates. Shinzo Abe, un nationaliste conservateur qui semble assuré de redevenir premier ministre, s’est empressé de mettre un bémol à l’éclatante victoire de son parti (plus de 300 députés sur 480). Il a sur-le-champ concédé que le vote ne traduit pas «une restauration de la confiance dans le Parti libéral démocrate mais un rejet de trois années de gestion incompétente par le Parti démocrate ».

Sachant sa réputation de nationaliste intransigeant, il a également déclaré, à propos de la dispute avec la Chine au sujet des îles Senkaku (Diaoyu pour les Chinois) qu’il entendait seulement mettre un terme aux «défis» que représentent les revendications de la Chine, premier partenaire commercial du Japon. «Nous n’avons pas l’intention de laisser nos relations se détériorer», a-t-il dit après avoir rappelé que la priorité de son gouvernement serait de stimuler l’économie japonaise pour mettre fin à la déflation.

La situation n’en est pas moins préoccupante, notamment pour l’Asie du Sud-Est. Début décembre, le nouveau patron du PC chinois, Xi Jinping, a profité de sa première tournée hors de Pékin pour expliciter dans la région militaire de Guangzhou que son «rêve chinois» de rajeunissement prend pour pilier les forces armées. La presse a abondamment rapporté ses visites à des garnisons militaires ainsi que son passage à bord d’un destroyer affecté à la surveillance de la mer de Chine du Sud, dont Pékin dispute les eaux à cinq autres Etats riverains (Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei et Taïwan).

Le 15 novembre 2012, Xi Jinping a été le premier chinois depuis 1976 à prendre les fonctions à la fois de chef du PC et de président de la Commission militaire centrale. En outre, le PC semble de plus en plus faire du nationalisme sa priorité aux dépens de l’idéologie. De son côté, Shingzo Abe a été l’un des représentants d’un nationalisme ferme et rien n’indique, à ce jour, qu’il a changé d’avis, même si le redressement économique du Japon est, effectivement, la priorité après deux décennies de stagnation. Il demeure partisan, notamment, d’une révision de la Constitution japonaise qui reviendrait à mettre la clause pacifiste entre parenthèses. Dans sa volonté de «pivoter» vers l’Asie, Barack Obama n’est pas le seul à s’inquiéter de l’éventualité d’une crispation supplémentaire entre Pékin et Tokyo. Les capitales de l’Asean sont également très attentives.