Catégories
Viêtnam

Le Vietnam déclare la guerre aux importations clandestines

La majorité des liqueurs et des cigarettes étrangères au Vietnam sont introduites illégalement dans le pays, selon un officiel.

Le chiffre a été révélé lors d’un séminaire par Vuong Tri Dung, le directeur adjoint du sous-département market management de Hanoï et cité par le site de Tuoi Tre : 60 % des timbres d’importations utilisés sur les bouteilles d’alcool venues de l’étranger sont des timbres contrefaits. Quant aux cigarettes importées clandestinement, elles feraient perdre au fisc vietnamien environ 200 millions de dollars par an, selon le site. Ce trafic augmente particulièrement dans les semaines qui précédent le Têt, ou Nouvel an vietnamien, lequel a lieu le 10 février en 2013.

Pour contrer ce trafic illégal croissant de cigarettes et d’alcool, les autorités vietnamiennes ont décidé de publier les listes de numéros qui seront inscrits sur tous les timbres d’importation imprimés pour une période donnée, de manière à ce que les produits illégaux puissent être repérés. Par ailleurs, les consommateurs qui achètent de grandes quantités de produits clandestins (plus de 1.500 paquets de cigarettes ou plus de 100 bouteilles d’alcool) pourront être l’objet de poursuites pénales.

Catégories
Asie Chine Indonésie Malaisie Singapour Thaïlande Viêtnam

Le Japonais Shinzo Abe en session de rattrapage au Vietnam

Shinzo Abe est attendu à Hanoï le 16 janvier, son premier voyage à l’étranger depuis sa victoire électorale. Il se rendra également en Thaïlande et en Indonésie.

Le premier ministre nippon va-t-il, à l’instar d’Hillary Clinton en 2009, annoncer que le Japon est «de retour»? En tout cas, il n’en sera pas loin. «Le Japon devrait reconnaître ses nouveaux rôles » et «contribuer à la coopération régionale en Asie de l’Est ; faute de quoi, il se retrouvera à la traîne», estiment,  dans une analyse publiée par le RSIS (Rajaratnam School of International Studies, Singapour, www.rsis.edu.sg), deux experts, Mushahid Ali et Hiro Katsumata.

De quels «nouveaux rôles» s’agit-il ? Pendant sa campagne électorale, Shinzo Abe a annoncé «la renaissance de la diplomatie du Japon» et avancé une liste de 38 initiatives. En font partie, écrit Ken Jimbo de l’université Keio sur le site de l’East Asia Forum, le rétablissement du Conseil national de sécurité, le renforcement des «forces d’auto-défense» (l’armée nippone) ainsi que l’installation permanente de fonctionnaires sur les îles Sekaku (Diaoyu), objet d’un contentieux avec la Chine et que le gouvernement japonais vient de racheter à des propriétaires privés.

En Asie du sud-est, le Japon dispose de quelques à-valoir. Il en a été le principal partenaire jusqu’au tournant du siècle et la locomotive du développement du sous-continent. Avant l’émergence de la Chine, le «miracle asiatique» a été le fait du Japon et, dans son sillage, des «quatre tigres» (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour) suivis par les «trois bébés tigres» : Malaisie, Thaïlande et Indonésie.

L’aide et les investissements japonais dans le sous-continent se sont élevés à des centaines de milliards de dollars et ont contribué à façonner des économies tirées par leurs exportations. Les sociétés japonaises sont encore omniprésentes en Asie du sud-est et c’est l’une des raisons pour lesquelles Tokyo resserre aujourd’hui ses liens avec Hanoï, capitale d’un pays demeuré longtemps en marge du développement économique.

Ken Jimbo rappelle que lors de son précédent passage à la tête du gouvernement, Shinzo Abe avait, en 2006-2007, réussi une percée diplomatique avec la Chine, fondant les relations bilatérales «sur des intérêts stratégiques communs». Cette fois, dit-il, «si le pragmatisme prévaut dans les orientations de la politique étrangère d’Abe, le Japon disposera d’un potentiel important pour rehausser son profil diplomatique». Ce serait un moyen d’effacer deux décennies de stagnation et de diplomatie feutrée dont la Chine a profité pour doubler le Japon. Affaire à suivre.

Catégories
Histoire Politique Société Viêtnam

Vietnam : renvoyée de son école pour un pastiche sur la Toile

Pour avoir  imité sur Facebook un célèbre discours de Hô Chi Minh, une lycéenne âgée de 14 ans a été exclue pour un an.

Deux internautes sur trois trouvent la punition trop dure. Le père de l’écolière a décidé de porter plainte auprès des autorités locales. Mais Nguyên Tan Si, directeur du lycée Ly Tu Trong a déclaré qu’il ne reviendrait pas sur la sentence prononcée : un an d’exclusion. «L’obliger à rester à la maison est également un moyen de l’éduquer», a-t-il déclaré selon le site de Thanh Nien. De quoi s’agit-il ?

A la mi-décembre, adoptant le ton d’un appel célèbre de Hô Chi Minh à la résistance au retour des Français en 1946, l’écolière a mis sur la Facebook une «Déclaration des étudiants du lycée Ly Tu Trong» qui proclamait : «A tous les élèves! Comme nous voulons la paix, nous avons fait des concessions. Mais plus nous faisons de concessions, plus les enseignants insistent, car ils sont déterminés à nous faire échouer encore une fois». Son message invitait également «tous les élèves» à utiliser «tous les moyens pour obtenir de bonnes notes aux examens», y compris en «copiant» et en recourant aux «antisèches».

Père du régime actuel, Hô Chi Minh (1890-1969) fait l’objet d’un culte qui se veut unanime au Vietnam et son corps embaumé repose dans un Mausolée à Hanoï, sur la place Ba-Dinh, où il a déclaré l’indépendance le 2 septembre 1945 devant un million de gens. Mais les enseignants du lycée concerné, qui porte le nom d’un révolutionnaire abattu à l’âge de 17 ans par les Français en 1931, se sont sentis humiliés. Et la Toile est une redoutable caisse de résonance.

Catégories
Politique Société Viêtnam

Vietnam : la justice ne fait aucune concession aux dissidents

Arrestation d’un avocat, confirmation de peines sévères infligées à des blogueurs, le PC vietnamien ne fléchit pas à l’heure où la croissance économique marque le pas.

L’avocat Lê Quôc Quan a été arrêté alors qu’il conduisait ses enfants à l’école à Hanoï. Selon Tuoi Tre, l’interpellation a eu lieu le 27 décembre. Les autorités accuseraient Quan, qui est également un blogueur dissident, de «fraude fiscale». Cette accusation avait été lancée contre Diêu Cay, autre blogueur connu, lorsqu’il a été arrêté en 2008. Quan avait été hospitalisé en août 2012 après avoir été tabassé par des inconnus dans la capitale du Vietnam. Il avait accusé les autorités d’avoir envoyé des hommes de main pour lui infliger une correction et s’est plaint, depuis, d’être harcelé de façon continue.

D’autre part, une Cour d’appel de Hochiminh-Ville a confirmé le verdict prononcé en septembre par un tribunal contre deux blogueurs dissidents. Ta Phong Tan, ancienne policière, avait été condamnée à dix ans de prison. Après son arrestation, sa mère s’était immolée par le feu pour protester. La Cour a également maintenue la peine de douze ans d’internement infligée à Diêu Cay. Seul à avoir plaidé coupable en septembre, un troisième blogueur a vu sa peine réduite à trois ans de prison, au lieu de quatre initialement. Ces blogueurs avaient dénoncé, avant leurs arrestations, la corruption, l’injustice ainsi que la politique du Vietnam à l’égard de la Chine, trop souple à leurs yeux.

Catégories
Culture Société Viêtnam

Vietnam : les trésors des épaves à la merci des pillards

Le Vietnam manque encore cruellement de moyens pour protéger les trésors contenus dans les nombreuses épaves éparpillées au fond de ses eaux.

Le Vietnam est un pays qui compte plus de deux mille km de côtés situées sur la «route maritime de la soie» et que des embarcations fréquentent depuis deux mille ans. Au large de ses côtes se trouvent probablement «des milliers d’épaves» qui pourraient être remplies d’«objets fascinants et significatifs sur le plan archéologique», écrivait en novembre Mark Staniforht sur le site australien d’analyse et d’enquête The Conversation. Le plus souvent, l’Etat n’a pas les moyens de repérer ces épaves ni ceux de financer des recherches en recourant à des équipes de professionnels.

Faute de budget, les quelques recherches effectuées l’ont été avec l’aide «de chasseurs de trésors». Résultat, selon Staniforht : «des milliers d’objets en céramique récupérés sur des épaves aux environs de Vung Tau, Ca Mau, Binh Thuan et Hoi Ân ont été vendus aux enchères». L’inconvénient : «au lieu d’être considérés comme une part de l’héritage culturel de la nation qui appartient aux musées ou collections de l’Etat», ces précieux objets «sont traités en fonction de leur valeur financière». Quand des pêcheurs découvrent une épave, ils s’empressent donc de la fouiller, de la dévaliser et de tenter d’écouler la marchandise, le tout plus discrètement possible.

Staniforht cite le cas d’une épave découverte récemment au large de la province Quang Ngai, dans le centre du pays. Pham Quôc Quan, ancien directeur du Musée national d’histoire, a confirmé que cette épave datait du XIV°. Elle contenait des céramiques chinoises ainsi que des pièces de monnaie datant des XII° et 13° siècles. Mais des experts n’ont pas pu procéder  à l’inventaire du navire, faute de plongeurs spécialisés et d’équipement. Dans l’intervalle, les pêcheurs pauvres du coin tentent d’extraire quelques objets de l’épave.

Récemment, les autorités ont commence à prendre leurs distances à l’égard des chasseurs de trésors. Mais la formation de spécialistes de l’héritage culturel sous-marin a pris du retard.  Le professeur Tuong Trung Tin, directeur de l’Institut d’archéologie du Vietnam a encore récemment exprimé ses inquiétudes concernant le manque de fonds, de ressources humaines et d’équipement. Un projet a néanmoins été lancé en novembre 2012 dans l’objectif de renforcer une prise de conscience de l’importance de l’héritage culturel sous-marin à tous les niveaux, local, provincial, national. Ce projet, mené par le groupe de recherche Bach Dang, en association avec l’excellent Institue d’archéologie de Hanoï et plusieurs institutions australiennes (http://commonsites.akvoapp.org/fr/project/613/ ).

Catégories
Asie Expatriés Indonésie Thaïlande Viêtnam

Singapour, Jakarta, Bangkok, les plus chères pour les expats

Surprise : si Singapour est toujours en tête, Hochiminh-Ville et Hanoi se retrouvent en queue parmi les dix villes de la région les plus chères pour les expats.

En 2012, en Asie du sud-est, après Singapour, la ville la plus chère pour les expatriés est Jakarta, en dépit de la baisse récente de la roupiah indonésienne. Puis, dans l’ordre de cherté, viennent : Bangkok, Kuala Lumpur, Surabaya (le grand port de Java-est, Indonésie), Manille, Chiang Mai (nord de la Thaïlande), Johor Bahru (Malaisie), Hanoï. La ville la moins chère des dix est encore Hochiminh-Ville (ex-Saigon, Vietnam).

Tous les ans, se fondant sur les statistiques de septembre, ECA International, société de consultants, établit un index du coût de la vie pour les expatriés. Cette année, rapporté par le Jakarta Globe, cet index porte sur 425 villes situées dans 193 pays. Sur le plan mondial, Singapour demeure à la 31ème place des villes les plus chères (elle est, en 2012, dépassée pour la première fois par Pékin, 22ème, et par Shanghai, 26ème). Pour donner un élément de comparaison, Paris est classée 42ème et Rio de Janeiro 64ème.

Toujours sur le plan mondial, Jakarta (123ème) se situe donc loin derrière Singapour et les autres villes du Sud-Est asiatique occupent les rangs suivants : Bangkok (162ème), Kuala Lumpur (179ème), Surabaya (182ème), Manille (187ème), Chiang Mai (189ème), Johor Bahru (195ème), Hanoï (204ème) et Hochiminh-Ville (217ème). Seul l’ancien Saigon se situe donc dans la deuxième moitié du tableau. Tokyo demeure la ville la plus chère au monde.

Le classement de 2012 fait ressortir que les sept villes australiennes mentionnées figurent parmi les trente villes les plus chères de la planète : Sydney (16ème), Canberra (18ème), Adelaïde (21ème), Melbourne (24ème), Perth (25ème), Darwin (27ème) et Brisbane (28ème). Le coût de la vie pour les expatriés y est donc plus élevé qu’à Singapour.

Catégories
Chine Politique Viêtnam

Vietnam: la colère contre Pékin tolérée… pendant 30 minutes

Deux centaines de manifestants ont pu protester dans le centre de Hanoï contre les actions chinoises en mer de Chine du Sud. Pendant une demi-heure seulement.

Luong Thanh Nghi, porte-parole du ministère des affaires étrangères, occupe l’un des postes les plus difficiles de la fonction publique : il est, dans les faits, la voix officielle du Vietnam. A ce titre, à longueur de conférences de presse, il dénonce les initiatives de Pékin en mer de Chine du Sud, que les Vietnamiens appellent la mer de l’Est. La dernière en date : le 6 décembre, Pékin a demandé à Hanoï de cesser toute exploration ou exploitation unilatérales d’hydrocarbures dans les eaux que la Chine affirme sous sa souveraineté, soit les quatre cinquièmes de la superficie de la mer de Chine du sud. Quelques jours auparavant, un ‘bateau de pêche’ chinois avait sectionné le câble servant à établir les relevés de cartographie sismique d’un bateau vietnamien (Hanoï avait réagi en annonçant des patrouilles navales de protection).

Les relations entre la Chine et le Vietnam sont devenues un sujet si sensible que les autorités vietnamiennes entendent, tout en montrant qu’elles défendent l’intérêt national, contrôler seules ce débat. Les blogueurs qui enfreignent cette règle peuvent être condamnés à la prison. Les autres médias, tous officiels, sont priés de ne pas s’écarter de la ligne du parti. Il est encore moins question que la rue participe au débat. Aussi, quand des manifestants descendent dans la rue pour dénoncer les «agressions» chinoises, ils attirent tout de suite l’attention même quand ils ne se comptent que par dizaines.

C’est ce qui s’est produit le 8 décembre à Hanoï quand deux cents personnes munies de banderoles se sont réunies devant l’Opéra, dans le centre-ville, et ont commencé à défiler sous haute surveillance policière. Au bout d’une demi-heure, le cortège semblant prendre la direction de l’ambassade chinoise, les policiers l’ont dispersé et une vingtaine de manifestants ont été emmenés à bord d’un autobus. Il y a également eu une petite et brève manifestation à Hochiminh-Ville.

Catégories
Politique Société Viêtnam

Vietnam : camarade, si tu veux être fonctionnaire, paie d’abord

Un membre de l’inspection du PC vietnamien a déclaré que les candidats à la fonction publique devaient débourser avant de se présenter aux  examens d’entrée.

L’équivalent de 3700 €, voilà ce qu’il en coûte pour pouvoir postuler à la fonction publique à Hanoï. C’est du moins ce qu’a déclaré Trân Trong Duc le 7 décembre lors de la dernière séance du Conseil populaire (conseil municipal) de la capitale du Vietnam. Duc n’est pas n’importe qui : il est, au sein du PC vietnamien, le président de la Commission pour l’inspection dans la capitale, autrement dit l’inspecteur en chef. «Déclaration qui a provoqué un choc», a jugé Tuoi Tre en la rapportant.

Duc a déclaré que les fonctionnaires chargés de recevoir les candidatures «perçoivent des ‘dessous de table’ des candidats qui veulent passer les examens et que ces pots de vin ne sont pas inférieurs à cent millions dôngs», soit 3700 €. «Sinon, a-t-il ajouté, les candidats ne peuvent pas se présenter aux examens». Les bons payeurs, apparemment, bénéficient de feuilles d’examen pré-marquées, ce qui permet l’octroi des meilleures notes. Membre lui-même du service des examens de la capitale, Duc a raconté que «deux enseignants ont été surpris en train de marquer les feuilles de candidats afin que ces dernières puissent être identifiées». «Nous avons réclamé des sanctions contre les deux enseignants», a-t-il ajouté.

Duc a précisé que la qualité de ces examens n’était pas aussi bonne que souhaité. «Au sein du staff de mon département, a-t-il dit, 30% environ des effectifs peuvent être qualifiés de ‘bons’,  35% de ‘relativement bons et moyens’, et le reste de ‘médiocres’». En règle générale, a-t-il conclu, «de 20% à 30% des employés de l’Etat échouent à remplir leurs devoirs de fonctionnaires». Duc n’a pas ajouté que les fonctionnaires doivent se débrouiller pour rentrer dans les frais déboursés pour réussir leurs examens.