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Asie du Sud-Est : semi-paralysie dans les deux camps

Le dessin de Stephff

Le Congrès du PC chinois prend fin le 14 novembre. Alors que la partie d’échecs se poursuit avec l’Amérique, aucun changement radical ne semble se profiler.

Dans son discours d’adieu, le 8 novembre, le président chinois sortant, Hu Jintao a lancé un sévère avertissement à son successeur présumé, Xi Jinping : la corruption à l’intérieur du parti communiste est une gangrène. « Si nous ne parvenons pas à bien résoudre ce problème, le coup pourrait être fatal pour le parti et pourrait provoquer l’effondrement du parti et la chute de l’Etat», a-t-il dit devant 2.200 délégués du PC chinois et sous le regard attentif de l’influent patriarche Jiang Zemin, aujourd’hui âgé de 86 ans.

Il serait difficile d’en dire davantage dans le genre bord du précipice. C’est un discours que l’on entend également au Vietnam. Des propos d’urgence : il faut corriger le tir le plus vite possible, sinon… Et puis ? Hu Jintao n’en a pas dit long sur ce qu’il faudrait entreprendre pour corriger le tir. Il n’a pas suggéré une ébauche de programme à suivre. Et personne ne peut se faire d’illusions, surtout pas le réélu américain, Barack Obama, sur le rythme des réformes en Chine et sur la possibilité d’un dialogue plus harmonieux entre Pékin et Washington.

La mise en place de l’équipe de Xi Jinping va prendre du temps. Aucun membre de cette nouvelle direction chinoise ne sera présent à Phnom Penh, du 18 au 20 novembre, lorsque le chef de l’Etat américain se rendra au Cambodge pour assister à un sommet de l’Asie de l’est avant d’effectuer des sauts en Birmanie et probablement en Thaïlande. La réélection d’un Démocrate à la Maison blanche, pour la première fois depuis Franklin Roosevelt, soit depuis 68 ans, peut difficilement être prise comme  le symbole souhaité du changement. L’accession au pouvoir d’une nouvelle direction chinoise ne précipite rien non plus. Et si une semi-paralysie semble prévaloir dans un camp comme dans l’autre, la partie d’échecs risque de prendre son temps.

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L’Asie du Sud-Est entre l’œuf chinois et l’œuf américain

6 novembre : élection d’un président au pays de Sandy pour 4 ans. 8 novembre : lever de rideau à Pékin sur l’installation de nouveaux patrons pour 10 ans.

Américains et Chinois pondent donc en même temps. Ce ne seront ni le mariage de Kate et Williams ni une finale de la coupe d’Europe de football. Toutefois, les élites gouvernantes de l’Asie du Sud-Est vont se pencher sur leurs récepteurs de télévision car elles sont concernées par les résultats des pontes. Et, dans les deux opérations, le suspens est de rigueur.

Aux Etats-Unis, la remontée de Mitt Romney annonce, paraît-il, un score serré entre le Républicain, mal aimé dans le coin, et l’enfant de Menteng (il a passé quatre ans dans ce quartier huppé de Jakarta), que l’on connaît ou croît connaître, qui a fait plaisir en «pivotant» vers l’Asie et en envoyant Hillary donner l’accolade à la Lady à Rangoon. Le Vietnam en tête, la région vote Barack, à l’exception, peut-être, du Cambodge, qui hésite sur le nom du candidat-moindre mal.

Le suspens, à Pékin, est lié à l’opacité d’une nomenclature secouée par l’affaire Bo Xilai (qui n’est pas close). Même l’effacement pendant deux semaines de l’empereur désigné, Xi Jinping, inquiète. Et l’on attend, avec le Congrès du PC, la révélation de l’équipe Xi qui, faute d’urnes, sortira de conclaves clandestins et interminables. La presse américaine, ressentie comme hostile par le pouvoir et quelques autres en Chine, annonce que les Chinois instruits (et fortunés) votent avec leurs pieds (avec du moins un pied, celui que l’on met prudemment à l’étranger).

Quand deux éléphants s’affrontent, l’herbe en est déracinée. Voilà la crainte de quelque six cents millions d’habitants, de Mandalay à la Papouasie indonésienne. Il y en aura donc un bon petit paquet pour suivre les progrès de la ponte et ses résultats, non pour se réjouir – une réaction rare par les temps qui courent – mais pour prendre la mesure des pièges dans lesquels ils seront tombés ou auxquels ils auront échappé.

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Hillary Clinton à Pékin : une réception peu chaleureuse

La mer de Chine du Sud ne sera pas le théâtre d’une guerre entre la Chine et les Etats-Unis mais Pékin redit à Washington de cesser de se mêler de ce contentieux.

A Jakarta, puis à Pékin où elle a séjourné les 4 et 5 septembre, la secrétaire d’Etat américaine a réitéré que l’intérêt général est le lancement par «la Chine et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est d’un processus diplomatique vers le but partagé d’un Code de conduite», ainsi qu’elle l’a répété à Pékin après y avoir été reçue le 5 septembre par le président Hu Jintao.

En Indonésie, avant de s’envoler pour Pékin, Mme Clinton a redemandé aux Etats membres de l’Asean d’adopter une position commune sur la mer de Chine du Sud, ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire lors de la conférence annuelle de leurs ministres des affaires étrangères à Phnom Penh en juillet. C’est surtout cet appel qui a irrité la Chine, qui revendique 80% des eaux de la mer de Chine du Sud et veut négocier individuellement ses contentieux avec les quatre Etats de l’Asean qui sont riverains, à savoir le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Bruneï.

Pour souligner leur mauvaise humeur, les Chinois ont supprimé à la dernière minute une audience que devait accorder à Mme Clinton le vice-président chinois Xi Jinping, successeur présumé de Hu Jintao. L’agence officielle Xinhua a demandé aux Etats-Unis de cesser de jouer «à la dérobée, les fauteurs de trouble»  et le Global Times, organe également officiel, a reproché à Mme Clinton de manifester de «l’antipahtie» à l’égard de la Chine. Hu Jintao a néanmoins rectifié le tir en saluant les «efforts» de la secrétaire d’Etat américain «pour faire progresser la relation sino-américaine.»