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Vietnam : nababs en faillite

La crise financière au Vietnam fait des ravages dans les milieux d’affaires privés. Faute de crédits, ils ne peuvent pas rembourser leurs dettes.

La crise financière au Vietnam fait des ravages dans les milieux d’affaires privés. Faute de crédits, ils ne peuvent pas rembourser leurs dettes.

Le marché de l’immobilier, au Vietnam, est gelé depuis 2010 et cela fait très mal. Voilà cinq ans, rapporte le site VietnamNet, Hoang avait fait fortune dans la production d’engins mécaniques. «Il était le ‘rêve’, le ‘modèle’ de beaucoup de gens car, à l’âge de 40 ans, il valait des dizaines de millions de dollars». Quand les Bentley étaient encore très rares dans les rues de Hanoi, Hoang avait la sienne, achetée «un million de dollars». A l’occasion du Têt, le nouvel an vietnamien, il se rendait en famille à l’étranger, «en Asie, en Europe».

Mais Hoang, «confiant dans ses capacités»,  avait investi à tour de bras dans des projets immobiliers en 2008-2009, y compris dans un parc industriel «de plusieurs centaines d’hectares» dans la grande banlieue de la capitale. Pour financer ses investissements, il a vendu sur plan, notamment des immeubles d’appartements alors qu’ils n’avaient pas encore été approuvés et que la construction n’avait pas démarré. Quand l’immobilier s’est effondré au point d’être gelé, clients et investisseurs ont réclamé leur remboursement. «Hoang, écrit VietnamNet, a dû vendre sa Bentley et d’autres biens pour payer ses dettes. Ses bureaux ont dû quitter le centre de Hanoï pour la banlieue. Chassé par ses créanciers, combien de temps ce patron pourra-t-il tenir ?».

VietnamNet estime que «des dizaines de milliers d’affaires ont fait faillite au Vietnam» en 2012. Le site rapporte que Phuoc Sang, «producteur connu de films et homme d’affaires», a été accusé par un ami, lui aussi dans les affaires, de n’avoir pas remboursé «plusieurs centaines de milliers de dollars» qu’il lui avait empruntés. Sang a expliqué à la presse que son argent était actuellement bloqué dans l’immobilier et qu’il ne pouvait rien faire.

En raison du marasme, quelques nababs connus ont arrêté de financer des équipes de football. «Certains d’entre eux sont accusés de ne pas payer les salaires des joueurs depuis plusieurs mois», rapporte VietnamNet alors qu’ils accordaient auparavant «des millions de dollars chaque année à leurs équipes».

«Des dizaines de milliers de compagnies ont été dissoutes», affirme le site. Dans une entreprise textile, qui exportait auparavant vers l’Europe et employait «quelques centaines d’ouvriers», il ne reste plus que «le directeur et le portier». Faute de clients, a expliqué le directeur. Des banquiers et des patrons ont été jetés en prison. La crise que traverse le Vietnam est dure à vivre. Pendant les trois premiers trimestres de 2012, le taux d’expansion économique est passé, pour la première fois depuis longtemps, en dessous de la barre des 5%, ce qui est dangereux pour les gouvernants d’une économie émergente. Le gouvernement espère qu’elle repassera au-dessus de cette barre sur l’ensemble de l’année, le quatrième trimestre s’annonçant plus dynamique.


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Par Jean-Claude Pomonti

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