Vietnam: la colère contre Pékin tolérée… pendant 30 minutes

Deux centaines de manifestants ont pu protester dans le centre de Hanoï contre les actions chinoises en mer de Chine du Sud. Pendant une demi-heure seulement.

Deux centaines de manifestants ont pu protester dans le centre de Hanoï contre les actions chinoises en mer de Chine du Sud. Pendant une demi-heure seulement.

Luong Thanh Nghi, porte-parole du ministère des affaires étrangères, occupe l’un des postes les plus difficiles de la fonction publique : il est, dans les faits, la voix officielle du Vietnam. A ce titre, à longueur de conférences de presse, il dénonce les initiatives de Pékin en mer de Chine du Sud, que les Vietnamiens appellent la mer de l’Est. La dernière en date : le 6 décembre, Pékin a demandé à Hanoï de cesser toute exploration ou exploitation unilatérales d’hydrocarbures dans les eaux que la Chine affirme sous sa souveraineté, soit les quatre cinquièmes de la superficie de la mer de Chine du sud. Quelques jours auparavant, un ‘bateau de pêche’ chinois avait sectionné le câble servant à établir les relevés de cartographie sismique d’un bateau vietnamien (Hanoï avait réagi en annonçant des patrouilles navales de protection).

Les relations entre la Chine et le Vietnam sont devenues un sujet si sensible que les autorités vietnamiennes entendent, tout en montrant qu’elles défendent l’intérêt national, contrôler seules ce débat. Les blogueurs qui enfreignent cette règle peuvent être condamnés à la prison. Les autres médias, tous officiels, sont priés de ne pas s’écarter de la ligne du parti. Il est encore moins question que la rue participe au débat. Aussi, quand des manifestants descendent dans la rue pour dénoncer les «agressions» chinoises, ils attirent tout de suite l’attention même quand ils ne se comptent que par dizaines.

C’est ce qui s’est produit le 8 décembre à Hanoï quand deux cents personnes munies de banderoles se sont réunies devant l’Opéra, dans le centre-ville, et ont commencé à défiler sous haute surveillance policière. Au bout d’une demi-heure, le cortège semblant prendre la direction de l’ambassade chinoise, les policiers l’ont dispersé et une vingtaine de manifestants ont été emmenés à bord d’un autobus. Il y a également eu une petite et brève manifestation à Hochiminh-Ville.