Vietnam : les catholiques dénoncent l’évolution du régime

Condamnations injustes, répression des libertés et des religions, violences, l’Eglise catholique estime que le parti communiste a la main de plus en plus lourde.

Condamnations injustes, répression des libertés et des religions, violences, l’Eglise catholique estime que le parti communiste a la main de plus en plus lourde.

La Commission ‘Justice et Paix’ de l’Eglise catholique estime que «l’arbitraire» dans l’application de la loi, déjà relevé dans un premier rapport en mai 2012, se poursuit : condamnations «irrationnelles et totalement injustes» de trois jeunes chrétiens (à Vinh, dans le centre-nord du Vietnam, 20 septembre 2012) et de trois blogueurs (quatre jours plus tard). En outre, «les plaintes collectives pour spoliations de terrains se prolongent sans être réglées» parce que les autorités «protègent les intérêts d’investisseurs ou de différents groupes privilégiés».

Selon ce rapport, qu’Eglises d’Asie, site des Missions Etrangères de Paris, vient de traduire en français, les autorités recourent à des «voyous» pour «réprimer aussi bien des individus que des groupes de personnes, comme par exemple un cortège funéraire, un rassemblement de personnes spoliées de leurs biens ou encore une manifestation». Par ailleurs, poursuit la Commission catholique, l’enrichissement d’«un groupe de privilégiés» se fait, «ces derniers mois», aux «dépens du reste de la population». En 2012, « 40.000 entreprises ont cessé leurs activités». Dans un pays parmi «les moins transparents» du monde, «la corruption, qui est devenue un fléau national, a pour moteur essentiel les organes dirigeants».

Le rapport estime que, de nos jours, «la liberté, l’indépendance et la souveraineté nationale sont dangereusement menacées par les provocations militaires et les empiétements de la Chine voisine» car «la population n’est pas informée du véritable contenu des ‘arrangements’ et des ‘pactes’ conclus entre les autorités des deux pays». La Commission rappelle avoir  écrit en mai : «Ce qui est encore plus difficile à comprendre, c’est la répression sévère infligée par les autorités aux organisations et aux individus qui, par patriotisme, protestent contre le cynisme des envahisseurs. Les hésitations et l’irrésolution manifestées par les dirigeants vietnamiens au sujet de la délimitation des zones frontalières et la protection de la souveraineté nationale en mer d’Orient [mer de Chine du Sud] ont provoqué du mécontentement dans l’opinion publique».

Dans son rapport soumis à la Conférence épiscopale réunie au siège de l’évêché de la province de Thanh Hoa le 1er novembre, la Commission ‘Justice et Paix’ estime que l’ensemble des médias, lesquels «appartiennent strictement à l’Etat», «est censuré et contrôlé très sévèrement». En ce qui concerne la Toile, « les mesures qui ont été prises pour contrôler, interdire, voire détruire les sites Internet ou les blogs individuels, mais surtout les arrestations et les condamnations des blogueurs, ont constitué une très grave violation des droits de l’homme». Enfin en ce qui concerne la liberté des religions, inscrite dans la Constitution, dans certains communes et districts, les catholiques «rencontrent de multiples difficultés» dans «la restauration des chapelles, l’organisation de réunions de prière».

L’Eglise catholique compte près de 7 millions de fidèles dans un pays de 86 à 87 millions d’habitants. Depuis le début du XX° siècle, les négociations entre Hanoï et le Vatican en faveur de l’établissement de relations diplomatiques progressent lentement.