Les communautés francophones gonflent en Asie du sud-est. Des points d’attache se créent et se développent, dont des librairies. Celle de Saigon fête ses dix ans.
Les librairies françaises sont peut-être rares dans la région, mais très attachantes. Il y a d’abord les deux Carnets d’Asie, l’une à l’Alliance française de Bangkok en Thaïlande, l’autre à l’Institut français de Phnom-Penh au Cambodge. Elles tournent autour d’Olivier Jeandel, homme de goût et de plume, plein de nuances, qui comprend fort bien l’environnement dans lequel il baigne. Il y a également la bibliothèque riche en livres sur l’Indochine française, y compris des anciens, où l’on prend son temps pour fouiner en compagnie d’un connaisseur, François Doré : elle est située à Bangkok et s’intitule la Librairie du Siam et des Colonies.
Au Vietnam, le lieu de rendez-vous se trouve chez Colette et Khanh, au pied du gratte-ciel de Bitexco, le plus élevé de Hochiminh-Ville, non loin du Vieux marché, à dix mètres d’un nouveau café franco-vietnamien et près du restaurant La Niçoise. Le 30 novembre, la librairie Nam Phong célèbre son dixième anniversaire. Nguyên Quôc Khanh est le fils aîné de l’écrivain Nguyên Tiên Lang, mandarin nationaliste et francophile de la Cour de Hué, qui maniait dans l’entre-deux-guerres la langue française dans un style qu’on dirait aujourd’hui désuet mais d’une délicatesse toujours aussi touchante.
Auteurs, photographes, artistes francophones de la région ont tous été accueillis dans les murs de Nam Phong. Deux d’entre eux, la photographe Martine Aepli et le céramiste François Jarlov, y sont présents le 30 novembre. On y a même retrouvé, voilà un an, lors d’une soirée à l’affluence record, Francis Renaud y dédicaçant l’émouvante biographie qu’il a faite de son père, le juge Renaud. Le Vietnam est le pays d’adoption du fils Renaud, qui a même été un moment grand spécialiste du café.
Ces librairies apportent leur petit écot à l’entretien et au renouvellement du fonds de francophonie de l’ancienne péninsule indochinoise. Leur présence rassure, à l’image de leurs rayons où s’affichent également les ouvrages les plus récents. A Nam Phong, on rêve désormais d’accueillir Patrick Deville, dernier prix Femina pour sa biographie d’Alexandre Yersin, aujourd’hui génie tutélaire dans une pagode proche de Nhatrang. Les liens subsistent, la langue et l’écriture aussi.
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