La lutte contre la corruption en Indonésie franchit une nouvelle étape

En 2002, la première génération de l’ère post-Suharto en Indonésie, incarnée par la présidente Megawati Sukarnoputri avait fait voter une loi anti-corruption par l’Assemblée législative instituant la Commission d’éradication de la corruption, plus connue comme la KPK.

En 2002, la première génération de l’ère post-Suharto en Indonésie, incarnée par la présidente Megawati Sukarnoputri avait fait voter une loi anti-corruption par l’Assemblée législative instituant la Commission d’éradication de la corruption, plus connue comme la KPK. 

La commission, une décennie plus tard, est peut être effectivement être en train de modifier le paysage politique du pays. Certes, éradiquer complètement la corruption dans un pays aussi anarchique et tentaculaire que l’Indonésie peut sembler impossible. Néanmoins, depuis le début de ses opérations à la fin de 2003, la KPK, ainsi dénommé par ses initiales en Indonésie, est devenue une force redoutable avec un effectif de 750 personnes.

Elle a récemment ajouté à son tableau de chasse  trois partis politiques parmi les plus en vue du pays, des membres de la police nationale, et a inculpé le chef de la Cour constitutionnelle de corruption passive.

Akil Mochtar, le président de la Cour constitutionnelle, a été appréhendé le 2 octobre au soir à son domicile par des membres de la commission pour l’éradication de la corruption, en compagnie d’un parlementaire  – membre du Golkar [parti au pouvoir pendant les trente-deux ans de la dictature Suharto] et trésorier du Haut Conseil des oulémas – et d’un homme d’affaires. Ces derniers étaient en train de lui remettre en liquidités 284 000 dollars singapouriens [160 000 euros] et 22 000 dollars USD [16 000 euros], afin qu’il se prononce, dans le cadre d’un litige électoral, en faveur du maire d’une circonscription de Kalimantan-Centre, présent aussi ce soir-là.

Des pouvoirs très étendus

La législation mise en place en 2002 a conféré au KPK  des pouvoirs draconiens calqués sur la Commission indépendante de Hong Kong contre la corruption, avec le pouvoir d’autoriser des écoutes électroniques sans mandat de justice, de confisquer les passeports, de collecter des informations financières sur les suspects, leurs comptes bancaires et autres transactions financières. En dépit de son budget annuel limité de seulement à 57 millions de dollars US, son parcours a été spectaculaire, avec un taux de condamnation de 100 % à l’encontre de 86 suspects lors de sa dernière campagne anti corruption.