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Philippines : Arroyo toujours dans de beaux draps

A nouveau hospitalisée depuis le 11 octobre, l’ancienne présidente Gloria Macapagal Arroyo va être formellement placée en état d’arrestation une deuxième fois.

Mme Arroyo commence à bien connaître le Veterans Memorial Medical Center (Vmmc), un hôpital militaire de Manille où elle a déjà été détenue, pour raisons de santé, jusqu’en juillet 2012. Un tribunal avait alors autorisé sa libération sous caution à la suite d’une inculpation pour fraude électorale prononcée contre elle, en novembre 2011, par la Commission électorale et le ministère de la justice des Philippines.

Mais, cette fois-ci, la possibilité d’une libération sous caution semble exclue car l’accusation porte sur un acte criminel : un détournement de fonds publics entre 2008 et 2010 (les dernières années de son mandat présidentiel). Un tribunal a ordonné son arrestation tout en reportant le choix de son lieu de détention «en attendant que ses docteurs déterminent la nature exacte de son état de santé», selon le Philipine Daily Inquirer. En bref, l’hôpital ou la prison.

Nona Legaspi, directrice du Vmmc a déclaré que Mme Arroyo, âgée de 65 ans et élue membre de la Chambre des Représentants en 2010, est depuis le 12 octobre en soins intensifs. Elle souffrirait d’ischémie coronaire, dans son cas une insuffisance de la circulation du sang dans le cœur accompagné d’un élargissement du ventricule gauche. Elle se serait plainte de douleurs à la poitrine. Son arrestation formelle interviendra avec la lecture de l’acte d’accusation.

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Thaïlande

Thaïlande : dix ans de prison pour un financier véreux

Rakesh Saxena, l’ancien conseiller financier de la Bangkok Bank of Commerce, dont l’effondrement avait été l’une des causes de la crise Tom Yam Kung, a été condamné le 8 juin.

A son échelle la Bangkok Bank of Commerce a été le Merrill Lynch asiatique, et à son niveau Rakesh Saxena, le conseiller auprès du président de la banque, le Bernard Madoff thaïlandais. Rakesh Saxena, qui s’était enfui au Canada en 1996 et en a été extradé en 2009, a été condamné le 8 juin à dix ans de prison et à 24.400 euros d’amende, pour avoir «causé des dommages à l’économie thaïlandaise». De nationalité indienne, il était arrivé au tribunal pénal de Bangkok Sud poussé par des aide-soignants dans un fauteuil roulant.

De concert avec le directeur de la banque, Krikkiat Jalichandra, Rakesh Saxena avait emprunté pour le compte d’une société sous leur contrôle 40 millions d’euros de leur propre banque sur la base de collatéraux faussement évalués à cent fois leur valeur réelle. La supercherie avait été découverte en 1996 et les ondes de choc avaient déstabilisé le système financier thaïlandais, entrainant par ricochet le pays dans une profonde crise financière et économique en 1997-1998 – une crise retenue par l’histoire sous le nom de crise Tom Yam Kung d’après l’appellation d’une soupe épicée thaïlandaise.

Krikkiat avait été condamné, après une série de procès entre 2006 et 2009, à 130 ans de prison et à 268 millions d’euros d’amende. Le tribunal a aussi demandé à Rakesh Saxena de restituer 27 millions d’euros qui ont disparu des caisses de la banque. Jusqu’à présent, le bureau du procureur général et la banque de Thaïlande ont réussi à récupérer environ un million d’euros appartenant à la défunte Bangkok Bank of Commerce, qui étaient cachés sur des comptes dans des banques suisses.

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Politique Thaïlande

Gueule de bois au Parlement de Thaïlande

Au lendemain d’une séance parlementaire chaotique à propos d’un projet de loi sur la «réconciliation», l’opposition demande le renvoi du président de l’Assemblée nationale.

Le chaos qui a prévalu le 30 mai au sein de l’Assemblée nationale de Thaïlande n’a pas atteint la dimension épique des pugilats parlementaires à Taiwan ou en Ukraine, mais la scène n’en a pas moins enrichi la collection locale, déjà copieuse, des incidents de séance. La controverse a éclaté après que le président de l’Assemblée Somsak Kiatsuranont eut décidé, sans tenir compte des protestations de l’opposition, d’appeler à un vote pour inscrire en priorité à l’ordre du jour un projet de «loi de réconciliation», lequel aurait notamment comme effet de lever la condamnation pour abus de pouvoir pesant sur l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé à Dubaï. Dans un concert de cris, un député du Parti démocrate d’opposition a lancé au président : «Est-ce qu’il y a le tampon de Dubaï sur votre maillet de séance? C’est une dictature parlementaire! De qui êtes-vous le sbire?». Des dizaines de députés de l’opposition ont ensuite entouré le président de l’Assemblée, provoquant l’intervention des policiers affectés au Parlement.

Le 31 mai, 100 députés de l’opposition ont remis au président du Sénat une requête demandant le limogeage de Somsak pour violation de la Constitution. Ils lui reprochent de n’avoir pas voulu classer le projet de loi de réconciliation parmi les projets pouvant avoir des implications financières, ce qui aurait exclu une inscription prioritaire à l’ordre du jour. Selon eux, une des conséquences du projet, s’il devient loi, pourrait être de restituer à Thaksin 1,2 milliard d’euros qui lui ont été confisqués en 2010 sur décision de la Cour suprême pour fraude financière. Le leader du Parti démocrate, l’ancien premier ministre Abhisit Vejjajiva, a reconnu que l’incident du 30 mai avait terni l’image de son parti, tout en disant qu’il n’était pas nécessaire de s’excuser car «rien d’illégal n’avait été commis». Le projet de loi de réconciliation, proposé par le gouvernement, vise à lever toutes les peines  infligées à des personnes dans le contexte de la crise politique entre le 15 septembre 2005 et le 10 mai 2011.