Catégories
Indonésie Politique

L’Indonésie sans Lady Gaga

Le concert de la star américaine, le 3 juin à Jakarta, n’aura pas lieu. La raison invoquée : la sécurité. L’image de l’Indonésie n’en sort pas grandie.

Pendant que Lady Gaga se produisait à Singapour, son projet de concert à Jakarta, le 3 juin, est tombé à l’eau, avec promesse de rembourser les 52.000 billets vendus aux «petits monstres» indonésiens. La vedette s’est dite «dévastée» et a admis que les problèmes de sécurité ont mis fin au projet après des semaines de controverse parsemées de rebondissements et de maladresses.

Des groupuscules de miliciens islamistes se réjouissent. La chanteuse accusée de pratiquer «le culte de satan»  et censée être porteuse de valeurs occidentales rejetées ne mettra pas les pieds en Indonésie. Des miliciens avaient même envisagé de lui barrer la route à la sortie de l’aéroport ou de s’introduire dans les rangs du jeune public pour y semer le désordre au cas où la représentation aurait lieu.

Une fois de plus, le gouvernement indonésien n’est pas monté en première ligne. Les milices islamistes ont pris l’habitude de prendre la loi entre leurs mains et de jouer les polices religieuses. La police nationale laisse faire. Le gouvernement préfère, en général, regarder ailleurs. Le message n’est pas clair et la manœuvre consiste à renvoyer la balle dans le camp adverse. Alors qu’aucune décision n’avait été encore prise, Lady Gaga et son équipe ont obtenu leurs visas indonésiens et les billets, pour le concert, ont été mis en vente.  Puis, l’évidence a été annoncée : la police a refusé de s’engager à assurer la sécurité du concert. L’équipe de Lady Gaga a alors pris la décision pour tout le monde : elle a renoncé.

Mais l’Indonésie n’en sort pas grandie. Le Jakarta Post estime, dans un éditorial le 28 mai, que la décision «correcte» a été prise. C’est possible, à ce détail près qu’aucune décision n’a été prise par les autorités indonésiennes. Et c’est cette pusillanimité à répétition qui offre une médiocre image d’un pays que l’on présente comme l’une des grandes démocraties de la planète. Que gagne la liberté quand un gouvernement élu refuse systématiquement de prendre ses responsabilités ?

Jean-Claude Pomonti

Catégories
Politique Thaïlande

Première sortie du roi de Thaïlande en près de trois ans

Le roi Bhumibol de Thaïlande a quitté pour quelques heures son hôpital pour se rendre dans la province d’Ayuthaya.

C’est une visite immensément significative pour la population thaïlandaise, qui n’avait pratiquement pas vu le roi Bhumibol Adulyadej, âgé de 84 ans, hors de l’hôpital Siriraj où il est soigné depuis septembre 2009. Accompagné de la reine Sirikit et de sa seconde fille, la princesse Sirindhorn, le roi s’est rendu dans la province d’Ayuthaya, à proximité de la rizière Makham Yong, une zone de rétention d’eau qu’il avait initiée au milieu des années 90 pour lutter contre les inondations. Transporté dans une camionnette, puis poussé dans un fauteuil roulant sur un tapis rouge, le roi, vêtu d’un uniforme militaire et son appareil photo à la main, est apparu en relativement bonne forme. Des deux côtés de la route, des dizaines de milliers de Thaïlandais habillés en rose, jaune ou bleu (trois couleurs royales) ont crié «Longue vie au roi !» en agitant des drapeaux nationaux ou à l’emblème de la monarchie. Le prince héritier Vajiralongkorn n’était pas présent.

Arrivé à Ayuthaya, la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra, en tenue officielle, a remis une guirlande de fleurs au monarque et a lu un message de bienvenue. Une procession d’éléphants chamarrés d’insignes royaux a ensuite été présentée aux membres de la famille royale installés dans un pavillon au bord du fleuve Chao Phraya. Un spectacle de chants traditionnels a également été donné. Le roi n’avait quitté qu’une seule fois l’hôpital Siriraj depuis septembre 2009 pour résider quelques jours dans son palais de Chitrlada à Bangkok, avant de regagner l’hôpital où un bâtiment lui est entièrement consacré. Le souverain avait été hospitalisé en 2009 pour une infection pulmonaire, dont, selon ses médecins, il est maintenant remis.

Catégories
Asie Politique

Le président Hollande en Asie du sud-est en novembre 2012

Le nouveau chef de l’Etat français devrait se rendre à Vientiane pour y participer, les 5 et 6 novembre 2012, au neuvième sommet de l’Asem.

La France, aux côtés de Singapour, a joué un rôle crucial dans la fondation de l’Asem, le dialogue Asie-Europe, qui réunit aujourd’hui quarante-six pays et deux organisations régionales (l’Asean et la Commission européenne). C’est Jacques Chirac qui avait donné le coup d’envoi de l’Asem lors de son premier sommet, en 1996 à Bangkok. Depuis, ces sommets ont lieu tous les deux ans et le prochain est prévu à Vientiane.

Sur place, les préparatifs vont bon train car l’Asem est l’un des évènements majeurs dans la capitale du Laos depuis  l’ouverture du pays sur le reste du monde voilà plus d’un quart de siècle. Une cinquantaine de luxueuses villas sont en construction pour accueillir les chefs des délégations. Ces villas s’inscrivent dans un futur ensemble qui, le long du Mékong, comprendra également un hôtel de grand luxe, un centre commercial et une promenade.

Des travaux ont également  été  entrepris à l’aéroport international de Wattay, à trois km de la ville : extension de 260 mètres de la piste d’atterrissage ; aménagement d’une aire de parking susceptible d’accueillir au moins l’équivalent de trente-cinq gros porteurs commerciaux. Les chefs d’Etat français assistent traditionnellement aux sommets de l’Asem. En revanche, il est encore trop tôt pour savoir qui accompagnera le président français et si ce dernier en profitera pour  se rendre dans d’autres capitales de l’Asie du sud-est.

Catégories
Politique Viêtnam

Vinalines : Hanoi fait le ménage dans les compagnies d’Etat

Trois anciens dirigeants de la compagnie nationale de shipping ont été arrêtés. Une enquête a été ouverte sur cette compagnie d’Etat à la gestion douteuse.

Les medias du Vietnam ont rapporté l’arrestation, le 18 mai, de Duong Chi Dung, qui a dirigé la compagnie d’Etat Vinalines pendant sept ans avant d’être promu, en février 2012, directeur de l’administration maritime. Deux anciens collaborateurs de Dung, Mai Van Phuc (ex-directeur général) et Tran Huu Chieu (son adjoint) ont également été placés sous les verrous.

L’inspection d’Etat aurait rapporté, selon le quoditien Thanh Nien (La Jeunesse) et le site VnExpress, de «nombreuses irrégularités» dans la gestion de Vinalines de 2007 à 2010, en particulier l’acquisition de vieux cargos – contraire au règlement – et l’inefficacité de leur utilisation. Les bénéfices rapportés par Vinalines ont été mis en doute, notamment en raison des importantes pertes annoncées récemment par plusieurs de ses filiales en dépit de la vente de nombreux biens.

Cinq des filiales déficitaires d’une autre compagnie d’Etat, Vinashin, au bord de la banqueroute en 2010, on été transférées à Vinalines en 2011. Mais, avant même ce boulet supplémentaire, Vinalines était en difficulté. Sa flotte de 154 cargos représente la moitié de la capacité vietnamienne de transport maritime, un secteur nettement dominé par les étrangers. Vinalines doit être restructurée et ses résultats financiers devraient être rendus publics avant toute opération de sauvetage.

Catégories
Asie Philippines Politique

Mer de Chine du Sud: le triomphe des poissons

Dans la dispute entre Pékin et Manille en mer de Chine du Sud, aux alentours du récif de Scarborough, les grands vainqueurs sont les poissons. Voilà pourquoi.

Pour éviter de relancer la tension en mer de Chine du Sud, le président des Philippines Benigno Aquino a convaincu, le 18 mai, un groupe d’une vingtaine de pêcheurs de renoncer à se rendre à Scarborough, le récif qui fait l’objet d’un contentieux entre Manille et Pékin. Du coup, les poissons qui fréquentent ces eaux – ils sont, parait-il, fort nombreux – vont avoir la paix.

En effet, selon le Wall Street Journal, Pékin a annoncé une interdiction de la pêche du 16 mai au 1er août dans la zone qui comprend Scarborough, afin d’éviter qu’une pêche trop intensive dépeuple les eaux. Ce n’est pas la première fois que la Chine prend ce type de mesure temporaire. Tout en ne reconnaissant pas les décisions de Pékin concernant des eaux qui se trouvent dans la zone économique exclusive des Philippines, Manille a décidé d’en faire autant. Le président Aquino a pris cette initiative afin de reconstituer les stocks de poissons.

Ces mesures parallèles reflètent sans doute une volonté de désescalade dans un conflit qui aurait pu prendre mauvaise tournure, même si le fond du problème, la souveraineté sur ces eaux, n’est pas abordé. Les filets ont été retirés. Manille et Pékin jouent les verts. Toutefois, pour les poissons, le répit sera de quelle durée ?

Catégories
Politique Thaïlande

Morts de 2010 en Thaïlande : les militaires pointés du doigt

L’étau se resserre peu à peu autour des militaires accusés par plusieurs services de police d’avoir tué des manifestants en avril-mai 2010.

Le Département des enquêtes spéciales (DSI), l’équivalent thaïlandais du FBI, a indiqué qu’au moins 25 personnes tuées lors des manifestations anti-gouvernementales d’avril-mai 2010 ont été les victimes des tirs des soldats déployés pour réprimer les Chemises rouges à Bangkok. Jusqu’à présent, le DSI avait attribué 22 morts à l’armée. L’organisme, qui dépend du ministère de la Justice et non du département de la police, a ajouté que les Chemises rouges étaient, pour leur part, responsables de la mort de douze des victimes, parmi lesquelles le colonel Romklao Thuwatham, tué par grenades à Rajdamnoen le 10 avril. Au total 91 personnes avaient été tuées durant les manifestations à Bangkok et en province.

Parallèlement, la police métropolitaine de Bangkok, chargée du dossier de plusieurs autres victimes, a confirmé que le photographe italien Fabio Polenghi, tué par balles le 19 mai sur l’avenue Rajdamri, avait bien été tué par des soldats. Le bureau du procureur général a entamé des poursuites. Une première audience doit avoir lieu le 23 juillet, au cours de laquelle plusieurs journalistes présents au moment des faits seront appelés à témoigner. Elisabetta, sœur cadette de Fabio Polenghi, présente à Bangkok pour le second anniversaire de la mort de son frère, s’exprimera publiquement sur l’estrade des Chemises rouges érigée à Rajprasong pour commémorer le deuxième anniversaire de la répression du 19 mai.

Catégories
Politique Thaïlande

Thaïlande : le chef de l’armée étrillé pour des propos insensibles

Les propos du général Prayuth Chan-Ocha, réagissant à des photos montrant des soldats ayant des relations sexuelles avec une femme, ont soulevé une tempête.

Le chef de l’armée de terre de Thaïlande a déclaré le 14 mai, après avoir vu des clichés montrant six soldats dans leurs ébats avec une femme et diffusées sur internet, qu’il «n’était pas sûr de ce que pensait la femme», que celle-ci «souhaitait peut être s’amuser» et qu’il pouvait y avoir eu «consentement mutuel». Les photos litigieuses ont été prises il y a trois ans dans une garnison dans le nord du pays. Prayuth Chan-Ocha a ajouté que ces soldats devaient être punis s’ils étaient «coupables» mais qu’il s’agissait peut-être d’un «complot pour discréditer l’armée».

Plusieurs organisations de protection des droits des femmes ont vivement réagi à ces propos. Usa Lertsrisantad, directrice de la Fondation pour les femmes, a dit douter de ce que les soldats impliqués seraient vraiment punis s’ils s’avèrent coupables. «Qui sait si ces femmes sont droguées ou menacées ? Une telle conclusion hâtive [de la part de Prayuth] peut violer les droits des femmes car cela leur donne une mauvaise image et les force à se soumettre à la pression sociale», a-t-elle déclaré au Bangkok Post. Dans le courrier des lecteurs du même journal, un contributeur régulier, Burin Kantabutra, a écrit à propos de Prayuth : «Cet homme est l’un des plus puissants du pays, avec de facto le droit de vie et de mort sur tous les civils. Et, malgré cela, il n’a aucune idée de ce que sont les droits de l’Homme».

Catégories
Asie Philippines Politique

Face aux Philippines, la main chinoise est trop forte

Dans la dispute qui oppose Pékin à Manille en mer de Chine du Sud, les Philippines disposent de très peu d’atouts, militaires comme économiques. Une main faible.

La Chine est devenue le troisième partenaire commercial des Philippines, avec des échanges d’un montant de 23 milliards d’€ en 2011. Manille et Pékin ont décidé de doubler ce montant d’ici à 2016, ce qui fera de la Chine le premier marché pour les produits philippins. C’est un atout auquel Pékin peut faire appel en cas de désaccord sur les frontières maritimes entre les deux pays.

Selon le Manila Bulletin, 150 conteneurs de bananes importées des Philippines sont en train de pourrir sur les quais de ports chinois à la suite d’inspections poussées qui ont fait état de la présence d’«insectes». Parallèlement, l’Administration chinoise du tourisme a déconseillé de se rendre aux Philippines et trois compagnies aériennes chinoises ont réduit leurs vols en raison d’un manque de passagers.

Ces mesures soulignent à quel point les Philippines sont dépendantes économiquement de la Chine, au moment où Manille négocie avec Pékin des projets de contrats chinois d’un montant de 6 milliards d’€. En recourant à des bateaux de pêche, formés aux missions en eaux disputées et protégés par des bateaux armés placés à courte distance, Pékin n’a pas besoin de faire intervenir sa marine de guerre (ce qui risquerait de provoquer une réaction américaine).

Le seul navire de guerre philippin présent à proximité du récif de Scarborough, où un face-à-face se poursuivait depuis le 10 avril, s’est donc retiré. «Je pense qu’on en restera là pour le moment», a déclaré Scott Harold, expert de la Rand Corporation, au Christian Science Monitor. En ajoutant : «Pékin a indéniablement le dessus dans le contrôle du récil de Scarborough. Les Chinois n’ont rien à gagner en recourant à la force. Les Philippines, de leur côté, sont si faibles militairement qu’elles vont être très prudentes».