La route cahoteuse vers le déploiement de la 5G en Inde

Auteur : V Sridhar, IIIT Bangalore

L’Inde a beaucoup à gagner de la 5G, non seulement en raison des transferts de données à grande vitesse qu’elle fournit, mais également de l’impact de la technologie sur l’agriculture, l’éducation, la santé, les transports et d’autres services. La technologie devrait augmenter le PIB mondial d’environ 2 000 milliards de dollars américains dans des secteurs clés tels que les soins de santé, la vente au détail, la mobilité et la fabrication à eux seuls. Mais la route vers le déploiement de la 5G est loin d’être facile.

Un homme et deux passagers passent en scooter devant un magasin affichant le logo Vodafone sur son volet à Jammu, en Inde, le 21 novembre 2011 (Photo : Reuters/Mukesh Gupta).

Après quelques années tumultueuses, le secteur des télécommunications en Inde se prépare au déploiement et à l’adoption des services de réseau 5G. Alors que le gouvernement a annoncé la formation d’un panel de haut niveau pour évaluer et approuver les feuilles de route et les plans d’action pour le déploiement de la technologie 5G en Inde, il est temps d’évaluer les conditions préalables et les défis d’un tel déploiement.

Le spectre radio permet la communication entre les téléphones portables et les réseaux, et c’est une ressource rare et essentielle pour que les opérateurs fournissent des services de communication. En Inde, la feuille de route pour l’attribution du spectre radioélectrique pour la fourniture de services 5G reste floue. Il existe trois bandes de fréquences essentielles à la promotion des services 5G à travers le pays. Parmi celles-ci, la bande controversée de 700 MHz est restée invendue lors des dernières enchères de spectre qui ont eu lieu en 2016 et en février 2021, en raison des prix de réserve élevés fixés par le gouvernement. Bien que le spectre de la bande moyenne (3,3 à 3,6 GHz) soit mis aux enchères au début de l’année prochaine, la quantité de spectre à mettre en bloc dépendra de la publication correspondante par le ministère de l’Espace.

Pendant ce temps, la bande 60 GHz – qui est supérieure pour les réseaux à grande capacité et à micro-échelle en 5G – n’a pas encore été autorisée par le ministère des Télécommunications. Il est urgent de réviser le Plan national d’attribution des fréquences 2018 pour ouvrir la voie à la libération des bandes de fréquences appropriées pour le déploiement de la 5G.

On s’interroge également sur l’interdiction à certains équipementiers, comme Huawei, de participer aux essais 5G en Inde pour des raisons de sécurité. L’équipementier chinois était un important fournisseur d’équipements de réseau pour les opérateurs de télécommunications indiens, principalement en raison de l’arbitrage des coûts. Cette interdiction affecterait-elle les entreprises de télécommunications en Inde de migrer leurs réseaux vers la 5G ? Bien que Huawei détienne une part de marché raisonnable sur le marché indien, des fournisseurs européens tels qu’Ericsson et Nokia ont également joué un rôle important.

Les entreprises de télécommunications sont également en train de s’orienter vers une architecture de réseau d’accès radio ouvert (Open RAN) que les fabricants d’équipements tels que Nokia prennent également en charge. Le concept clé d’Open RAN est « d’ouvrir » les protocoles et les interfaces entre les différents blocs de construction (radios, matériel et logiciel) du RAN. L’Alliance O-RAN a défini des spécifications d’interface ouverte pour l’interopérabilité entre les appareils et les systèmes des fournisseurs, ce qui réduit la dépendance des entreprises de télécommunications vis-à-vis des fabricants d’équipements de réseau spécifiques et de leurs équipements propriétaires.

Avec de plus en plus de composants logiciels remplaçant le matériel dans l’architecture O-RAN, il existe une opportunité pour les start-ups logicielles en Inde de concevoir et de développer des équipements 5G indigènes en phase avec la mission du gouvernement « Inde autonome ».

Il s’agit également de compléter les réseaux mobiles à large bande des opérateurs qui fonctionnent sur des bandes de fréquences sous licence avec des réseaux WiFi haute fidélité émergents qui fonctionnent dans des bandes de fréquences sans licence. Les entreprises de télécommunications ont pris conscience de l’importance d’intégrer leurs réseaux cellulaires aux réseaux WiFi pour améliorer la qualité de service. Bien qu’elles ne soient pas largement annoncées, la plupart des entreprises de télécommunications en Inde fournissent des services tels que Voice over WiFi pour se greffer sur les réseaux WiFi afin de fournir une qualité vocale supérieure là où les signaux du réseau mobile sont faibles, en particulier à l’intérieur des bâtiments.

Le gouvernement a également lancé une architecture d’interface réseau d’accès WiFi qui favorise une mobilité, un accès et un paiement transparents pour le WiFi public croissant dans le pays. La Telecommunications Standards Development Society of India travaille également à l’adoption de 6 GHz pour une bande exempte de licence (comme approuvé dans de nombreux pays) pour le déploiement éventuel de points d’accès WiFi 6, qui peuvent grandement compléter la connectivité haut débit mobile.

L’intention du gouvernement de recalibrer les prélèvements réglementaires – tels que les frais annuels d’utilisation du spectre, les frais de licence annuels et le récent moratoire de quatre ans sur le paiement des frais réglementaires en attente – devrait également apporter un certain soulagement financier au secteur des télécommunications en difficulté.

Le secteur qui connaissait autrefois une hyper-concurrence avec neuf à dix opérateurs dans chaque zone de service de licence s’est consolidé et est désormais réduit à quatre opérateurs. Couplé à un allègement des charges réglementaires et à une prochaine vente aux enchères de spectre bien planifiée, on s’attend à une augmentation de l’efficacité de l’industrie, conduisant à la fourniture de services mobiles de bonne qualité…

Source : East Asia Forum