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Politique Société Thaïlande

Thaïlande : 2 attaques, 7 civils tués dans l’extrême sud

Deux attaques ont fait sept victimes civiles dans l’extrême sud du royaume, où la reprise d’une insurrection islamiste et irrédentiste a presque neuf ans.

Cinq personnes ont été tuées le 11 décembre au petit matin dans la province de Narathiwat lorsque des hommes armés de fusils d’assaut M-16 et AK-47, arrivés à bord d’un pick-up, ont arrosé de balles des consommateurs de thé assis dans une échoppe ouverte. Quatre adultes et un bébé âgé de onze mois ont été tués, a rapporté la police. Quatre autres personnes, dont un bébé de dix mois, ont été blessées. Le propriétaire de l’échoppe occuperait des fonctions officielles dans le village où l’opération a eu lieu.

La deuxième attaque a eu lieu le même jour dans la province voisine de Pattani en fin de matinée. Des hommes armés et vêtus d’uniformes de la police ont pénétré dans les locaux d’une école. Selon le Bangkok Post, ils en ont tué le directeur ainsi qu’un enseignant avant de s’enfuir à bord d’un pick-up volé à un autre enseignant. Les classes avaient repris le matin même à Narathiwat dans 378 écoles publiques fermées à la suite d’une grève des enseignants qui réclamaient des mesures plus strictes de sécurité. Au total, 157 enseignants ont été assassinés depuis la reprise de l’insurrection en janvier 2004.

En l’espace de près de neuf années, le conflit a fait plus de cinq mille victimes. A ce jour, «les capacités des insurgés malais et musulmans dans le sud profond de la Thaïlande prennent de vitesse les contre-mesures des gouvernements successifs de Bangkok», estime un rapport de l’ICG (International Crisis Group, Bruxelles) publié le 11 décembre*. L’ICG ajoute que tous ces gouvernements «sont embourbés dans la suffisance et dans des disputes politiques qui traînent au niveau national».

* ICG, Thailand: The Evolving Conflict in the South  (http://www.crisisgroup.org/ )

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les paysans veulent des sous, pas des têtes

La crise que traverse le royaume est le produit d’une évolution économique de la paysannerie, selon une nouvelle et passionnante étude.

L’opposition entre Chemises jaunes et Chemises rouges en Thaïlande est souvent caractérisée dans les médias comme étant un conflit opposant les “élites urbaines” aux “paysans pauvres des provinces”. Ces derniers, menacés dans leur survie quotidienne, se seraient révoltés contres les abus et les privilèges des riches. En 2010, comme l’avait titré le quotidien Bangkok Post, ces “hordes rurales” seraient descendues sur Bangkok pour mettre à bas le pouvoir des amart (i.e. des privilégiés). Chacun se rend compte que, bien sûr, la réalité est plus complexe.

Le livre Thailand’s Political Peasants, publié par le politologue australien Andrew Walker (1), est la première étude destinée à un large public qui permet de cerner précisément les éléments en jeu. Ce livre à caractère universitaire n’est pas d’une lecture facile. Il est truffé d’expressions telles que “ontologie du pouvoir” ou “contraintes idéologiques sur la mobilisation paysanne”. Mais si l’on fait l’effort de digérer ce jargon, l’ouvrage apporte un éclairage approfondi et pertinent sur les mécanismes qui agitent la société thaïlandaise ces dernières décennies.

L’auteur, qui centre son étude sur le cas du village de Ban Tiam dans la province de Chiang Mai, balaie quelques mythes tenaces. Comme, par exemple, celui selon lequel la paysannerie thaïlandaise est en voie de disparition ou qu’elle est majoritairement miséreuse. S’appuyant sur un flot de statistiques et de graphiques, Andrew Walker, qui a cofondé le site New Mandala, montre que le niveau de revenus des paysans thaïlandais a fortement augmenté depuis la fin des années 1970, et ce dans toutes les régions du royaume. “Avec un revenu moyen équivalent à deux ou trois fois le seuil de pauvreté, la paysannerie thaïlandaise n’est certainement pas aisée, mais le ménage rural moyen dispose maintenant d’une sécurité concernant sa subsistance”, écrit-il. Cette augmentation des revenus des paysans s’est faite grâce à une diversification des types de cultures – non plus seulement du riz, mais des cultures d’exportations comme par exemple les ananas ou des végétaux entrant dans la composition de boissons – ainsi que par l’ajout de revenus non agricoles, tels que le petit commerce ou  le travail saisonnier comme taxi.

L’industrie et le secteur des services, localisés dans les zones urbaines, se sont développés parallèlement à cette montée des revenus des familles rurales, mais à un rythme beaucoup plus rapide. Il en a résulté une baisse de la part de l’agriculture dans l’économie nationale : 12 % du PIB en 2008 contre 36 % au début des années 1960. Et comme cela se produit souvent dans les pays qui évoluent d’un statut de pays à bas revenus vers un statut de pays à revenus intermédiaires, la conversion des paysans en acteurs économiques dans les secteurs industriel et des services n’a pas suivi : 42 % de la main-d’œuvre thaïlandaise était encore employée dans l’agriculture en 2008 contre 83 % au début des années 1960.

Il s’ensuit, selon la démonstration d’Andrew Walker, une perte de productivité dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs de l’économie. “Les rendements des rizières thaïlandaises sont parmi les plus bas du monde”, écrit-il, en précisant que “les rendements rizicoles dans le Laos sous-développé ont dépassé les rendements thaïlandais au milieu des années 1980 et se situent actuellement 15 % au dessus”. L’inégalité sociale et de revenus est la conséquence inévitable de cette très faible productivité agricole, ce dont les gouvernements thaïlandais ont commencé à prendre conscience au cours des années 1980, cessant dès lors de “taxer les agriculteurs”, pour au contraire les subventionner. Ce schéma n’est pas spécifique à la Thaïlande, mais le royaume se distingue par l’extrême disparité entre les familles rurales et les résidents des zones urbaines.

L’investissement de l’Etat dans les zones rurales sous forme de construction d’infrastructures et de soutien à la santé, à l’éducation et aux prix agricoles, a largement contribué à relever le niveau de revenus des paysans, mais aussi celui de leurs attentes. “Le résultat final est que l’Etat thaïlandais a aidé à maintenir une large population rurale qui, malgré une amélioration significative du niveau de vie, est insuffisamment productive pour satisfaire pleinement les aspirations que la croissance économique a éveillées”, écrit l’universitaire. Les efforts gouvernementaux pour réduire l’écart ville-campagne n’a pas suffi à transformer socialement la paysannerie. Et celle-ci, l’appétit aiguisé, consciente des privilèges des habitants des villes, réclame davantage. Thaksin Shinawatra, Premier ministre de 2001 à 2006, n’a pas créé cet état de fait : celui-ci est l’aboutissement d’une évolution sur plusieurs décennies. Mais il a su le reconnaître et en tirer son avantage.

(1) Thailand’s Political Peasants. Power in the Modern Rural Economy, par Andrew Walker, University of Wisconsin Press, Madison, 2012

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Société Thaïlande

Thaïlande : la nationalité accordée à 300.000 étrangers

Trois cent mille étrangers qui sont nés en Thaïlande ou y vivent depuis de nombreuses années  pourront  acquérir la nationalité thaïlandaise.

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Politique Société Thaïlande

Confrontations de 2010 en Thaïlande : Abhisit inculpé de meurtre

L’ancien premier ministre sera inculpé le 12 décembre de meurtre pour son rôle dans la répression des manifestations de mai 2010 à Bangkok.

Tarit Pengdith, directeur du Département des enquêtes spéciales (DSI) du ministère de la Justice de Thaïlande, a annoncé le 6 décembre qu’Abhisit Vejjajiva et l’ancien vice-premier ministre Suthep Thaugsuban seront inculpés en vertu de l’article 288 du code pénal, lequel punit le meurtre. Il leur sera reproché, le 12 décembre 2012, d’avoir autorisé le recours par les forces de l’ordre à des munitions pour disperser des opposants à son gouvernement (jusqu’à cent mille «chemises rouges» avaient alors campé pendant des semaines dans le centre de Bangkok).  Il y avait eu au moins 90 morts et 1.800 blessés, pour l’essentiel des civils.

Tarit a indiqué que ces ordres «avaient causé la mort de nombreuses personnes» mais que, dans un premier temps, Abhisit et Suthep ne seraient inculpés que de la mort d’un chauffeur de taxi, Phan Khamkong, abattu le 14 mai 2010 par des soldats, l’un des premiers décès à faire l’objet d’un recours devant la justice. Un grand nombre de victimes ont été dénombrées le 19 mai, quand l’armée a reçu l’ordre de disperser les «chemises rouges» par la force. Suthep, alors le numéro deux du gouvernement, était en charge de l’agence chargée des manifestations.

Abhisit, président du Parti démocrate, est aujourd’hui le chef  l’opposition parlementaire au gouvernement de Yingluck Shinawatra, issu des urnes en juillet 2011 et soutenu par les «chemises rouges» (dont le héros et financier est Thaksin, frère aîné de Yingluck, exilé depuis 2008 pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir). Les rôles se sont donc inversés. Un porte-parole du Parti démocrate a accusé des fonctionnaires de rechercher des promotions en «tentant de tronquer l’appareil judiciaire». L’inculpation de l’ancien premier ministre marque le début de procès qui pourraient s’étaler sur des années, une Commission d’enquête indépendante ayant, en septembre, rappelé que dans les rangs des «chemises rouges» avaient également été repérés des individus armés, appelés les «chemises noires».

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Culture Politique Thaïlande

Le roi de Thaïlande fait une apparition pour son anniversaire

Le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande a prononcé une allocution devant 200.000 Thaïlandais à l’occasion de son 85ème anniversaire.

Hospitalisé depuis septembre 2009, le roi Bhumbol Adulyadej ne fait plus que de très rares apparitions publiques hors de l’hôpital Siriraj où il est soigné. Aussi, sa brève apparition au balcon du bâtiment de la Salle du trône Ananta Samakhom, l’ancien parlement, face à environ 200.000 Thaïlandais vêtus de jaune (une couleur associée au roi) constitue-t-elle un événement important. A cette occasion, le monarque, qui détient le record du règne le plus long des souverains actuels (66 ans), a prononcé une brève allocution dans laquelle il a déclaré qu’il “croyait que la bonne volonté et la compassion (des Thaïlandais) étaient cruciales pour le développement de l’harmonie entre les différents groupes de personnes”. Cet appel à l’unité, fréquent dans les interventions royales, est lancé alors que le pays ne parvient pas à résoudre les conflits politiques qui opposent l’establishment conservateur aux partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, souvent issus des provinces rurales.

Les membres de la famille royale entouraient le souverain, dont la santé est déclinante, à l’exception de la reine Sirikit, laquelle a été traitée en juillet dernier pour une petite “perte de sang” dans le cerveau. Un communiqué du palais a indiqué que la reine était encore “trop faible” pour pouvoir assister à la célèbration de l’anniversaire de son mari. La dernière apparition du roi Bhumibol au balcon de la Salle du trône Ananta Samakhom était en juin 2006, quand le roi a célèbré le soixantième anniversaire de son règne devant environ un million de personnes.

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Analyse Société Thaïlande Tourisme

Chronique de Thaïlande : où est l’Asie qui grouille ?

L’Agence touristique nationale promeut une Thaïlande aussi enchanteresse que virtuelle au détriment des entrailles du royaume.

J’ai récemment participé à l’organisation du tournage d’un programme de télévision française en Thaïlande portant sur les aspects culturels du royaume. Ce programme adopte une tonalité positive pour mettre en valeur des aspects insolites, étonnants ou amusants d’un pays que l’on sillonne dans des trains. Des autorisations officielles de tournage avaient été requises et une accompagnatrice ainsi qu’un guide-interprète de l’Agence thaïlandaise du tourisme (TAT) nous ont surveillés d’un oeil diligent pendant les deux semaines de tournage. L’expérience fut éprouvante, à la fois pour nous, les journalistes français, ainsi que pour nos anges-gardien. Au gré du tournage, deux expressions revenaient sans cesse dans leur bouche : “c’est interdit” et “ce n’est pas approprié”.

Filmer une statue du Bouddha dans le quartier chinois, c’est interdit. De même que de filmer un portrait du roi Bhumibol dans une gare. Tourner une séquence sur un bonze thaï qui entraîne des enfants des rues à la boxe thaïlandaise pour leur donner plus d’espoir en l’avenir n’est pas approprié. Et filmer un médium investi d’un esprit dans son antre de sorcier-tatoueur est strictement interdit. Que peut-on faire alors ? Filmer les projets sociaux du roi et des princesses est vivement conseillé. De même que les divers festivals qui ponctuent le calendrier thaïlandais : loi krathong, notamment, dont les innocentes corbeilles de feuilles de bananiers échappent à la sourcilleuse censure du TAT. Ce qui n’est pas le cas du nouvel an thaï ou songkhran, dont les agressions à coup de seau d’eau et – horreur suprême ! – les jeunes filles en tenue ultra-serrée ont provoqué le bannissement.

Ces officiels et beaucoup des fonctionnaires travaillant dans les ministères estiment de leur mission de présenter au monde une image de la “belle Thaïlande” où des femmes soumises et chastes confectionnent des guirlandes de fleurs au bord d’étangs parsemés de fleurs de lotus et où les hommes, guerriers valeureux d’antan, assurent la paix et la sécurité. La Thaïlande réelle, celle des sorciers-tatoueurs et des bonzes excentriques mi-médium mi-maître de cérémonies, celle des billards enfumés et des rizières en voie d’urbanisation n’est pas jugée valorisante. Et on peut le comprendre. Chaque pays essaie de promouvoir les facettes qu’il juge les plus attractives, encore que j’ai rarement vu le ministère du tourisme français mener campagne pour chanter les louages des pavés de Paris.

Ce qui frappe dans le cas thaïlandais est que la “belle Thaïlande” promue par le TAT est une Thaïlande qui n’existe pas et n’a jamais existé. Elle a germé dans les esprits bureaucratiques des préposés à la beauté nationale, puis a été ajustée et polie dans les officines d’organismes tels que le Bureau national de la commission culturelle et le Bureau de l’identité nationale. C’est une Thaïlande virtuelle, entre plages paradisiaques et temples immaculés, mais qui, une fois conçue, est bien utile dans le cadre d’une propagande commerciale et idéologique : “ce n’est pas approprié” signifie “ce n’est pas en conformité avec le modèle élaboré”.

Au final, faut-il s’en plaindre ? La vaste majorité des touristes sera parfaitement contente de passer d’un décor à l’autre sans chercher à regarder derrière le carton-pâte, guidée par les bons conseils de TAT repris par les agences de voyage. Le tourisme est un business et le client est roi. Seuls des originaux, éternels insatisfaits, continueront à rechercher ce qu’un ami parisien qualifie “d’Asie qui grouille”.

 Max Constant

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Asie Cambodge Culture Expatriés Société Thaïlande Viêtnam

Vietnam : la librairie française Nam Phong, dix ans déjà

Les communautés francophones gonflent en Asie du sud-est. Des points d’attache se créent et se développent, dont des librairies. Celle de Saigon fête ses dix ans.

Les librairies françaises sont peut-être rares dans la région, mais très attachantes. Il y a d’abord les deux Carnets d’Asie, l’une à l’Alliance française de Bangkok en Thaïlande, l’autre à l’Institut français de Phnom-Penh au Cambodge. Elles tournent autour d’Olivier Jeandel, homme de goût et de plume, plein de nuances, qui comprend fort bien l’environnement dans lequel il baigne. Il y a également la bibliothèque riche en livres sur l’Indochine française, y compris des anciens, où l’on prend son temps pour fouiner en compagnie d’un connaisseur, François Doré : elle est située à Bangkok et s’intitule la Librairie du Siam et des Colonies.

Au Vietnam, le lieu de rendez-vous se trouve chez Colette et Khanh, au pied du gratte-ciel de Bitexco, le plus élevé de Hochiminh-Ville, non loin du Vieux marché, à dix mètres d’un nouveau café franco-vietnamien et près du restaurant La Niçoise. Le 30 novembre, la librairie Nam Phong célèbre son dixième anniversaire. Nguyên Quôc Khanh est le fils aîné de l’écrivain Nguyên Tiên Lang, mandarin nationaliste et francophile de la Cour de Hué, qui maniait dans l’entre-deux-guerres la langue française dans un style qu’on dirait aujourd’hui désuet mais d’une délicatesse toujours aussi touchante.

Auteurs, photographes, artistes francophones de la région ont tous été accueillis dans les murs de Nam Phong. Deux d’entre eux, la photographe Martine Aepli et le céramiste François Jarlov, y sont présents le 30 novembre. On y a même retrouvé, voilà un an, lors d’une soirée à l’affluence record, Francis Renaud y dédicaçant l’émouvante biographie qu’il a faite de son père, le juge Renaud. Le Vietnam est le pays d’adoption du fils Renaud, qui a même été un moment grand spécialiste du café.

Ces librairies apportent leur petit écot à l’entretien et au renouvellement du fonds de francophonie de l’ancienne péninsule indochinoise. Leur présence rassure, à l’image de leurs rayons où s’affichent également les ouvrages les plus récents. A Nam Phong, on rêve désormais d’accueillir Patrick Deville, dernier prix Femina pour sa biographie d’Alexandre Yersin, aujourd’hui génie tutélaire dans une pagode proche de Nhatrang. Les liens subsistent, la langue et l’écriture aussi.

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Politique Thaïlande

Sud de la Thaïlande : le ras le bol des enseignants

A la suite de l’assassinat d’une directrice d’école, le corps enseignant de la province de Pattani s’est mis en grève pour une durée indéterminée.

Une nouvelle fois, les enseignants de l’extrême sud de la Thaïlande en ont assez de faire les frais de la guerre civile relancée en janvier 2004 dans l’extrême sud du royaume, frontalier de la Malaisie, après plusieurs années de relative tranquillité. A Pattani, l’une des trois provinces affectées, 332 écoles ont été fermées par le syndicat régional des enseignants pour obtenir des autorités des mesures de sécurité plus efficaces. Nanthana Kaewchan, directrice d’école, a été assassinée par balles alors qu’elle retournait, au volant de sa voiture, à son domicile. Ce genre d’attaque est fréquent.

Selon le Bangkok Post, 66 enseignants ont été tués et 46 blessés dans la province de Pattani au cours des huit dernières années. Les enseignants de Pattani ont demandé à leurs collègues de Yala et de Narathiwat, les deux autres provinces affectées par l’insurrection et peuplées en majorité de musulmans d’origine malaise, de se joindre à leur mouvement de grève. Les écoles publiques sont des cibles privilégiées des militants armés qui appartiennent à des mouvements irrédentistes et parfois islamistes, dont la direction est mal connue.

L’insurrection s’était calmée pendant une quinzaine d’années grâce à la mise en place de canaux de communication avec la forte communauté musulmane et d’origine malaise. Mais la dégradation de la situation sous la houlette de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra (2000-2006), réfugié depuis 2008 à l’étranger et dont la sœur cadette dirige actuellement le gouvernement de Bangkok, a précédé une reprise de combats qui ont fait plus de cinq mille victimes depuis 2004.