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Culture Thaïlande

Le festival du loi krathong en Thaïlande

Ce charmant festival, dont l’origine remonte au XIIIème siècle, va être observé par des millions de Thaïlandais le 28 novembre.

Le 28 novembre prochain, jour de la pleine lune du douzième mois, des millions de Thaïlandais vont se rendre près d’une étendue d’eau : lac, fleuve, rivière ou bassin pour s’adonner au rite du loi krathong. Le krathong est une corbeille faite d’une section de tronc de bananier et décorée de feuilles de bananiers et de fleurs et sur laquelle on fiche trois bâtons d’encens et une bougie. Loi signifie « faire flotter » ou « laisser dériver ». Le rite consiste donc à faire flotter ces petites corbeilles et à les regarder s’éloigner tout en formulant un vœu. C’est aussi une manière symbolique de se débarasser des choses négatives accumulées durant l’année qui a précédé le festival.

Selon le Dictionnaire insolite de la Thaïlande, de Jean Baffie et Thanida Boonwanno (1), il s’agit également de « remercier la déesse de l’eau, Phra Mae Khongkra, qui offre le précieux liquide aux hommes pour leur consommation et pour s’excuser de jeter les ordures à la rivière ». La fête trouverait son origine dans l’ancien royaume de Sukhotaï au XIIIème siècle.

Phya Anuman Rajadhon, un expert de la culture thaïlandaise, précisait, dans un de ses livres, que, dans le passé, il était coutumier de déposer des piécettes ou un morceau de noix de bétel sur la corbeille flottante. Mais cette pratique n’est plus que rarement observée. Dans les villes, les krathong tendent à être plus sophistiqués que dans les campagnes et peuvent prendre la forme d’oiseaux ou de bateaux.

(1) Editions Cosmopole

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Politique Thaïlande

Thaïlande : premières salves dans le débat de censure

Le débat de censure à l’Assemblée nationale contre le gouvernement a démarré le 25 novembre par des accusations contre un vice-Premier ministre et un ministre de la Défense.

Lors du débat de censure initié par le parti Démocrate et les autres formations de l’opposition, la Première ministre de Thaïlande Yingluck Shinawatra et plusieurs membres du gouvernement, notamment le vice-Premier ministre Chalerm Yoobamrung et le ministre de la Défense Sukumpol Suwannathat, sont visés. La première salve a été tirée sur le ministre de la Défense, accusé d’avoir été « négligent » et d’avoir « ouvert la voie à la corruption » lors de la révision des termes de références d’un contrat pour l’équipement de deux frégates. Selon l’opposition Démocrate, le ministre a changé ces termes pour choisir un système de défense moins performant que le système spécifié initialement, tout en demandant une somme de 67 millions d’euros pour cette « amélioration ». Le ministre s’est défendu en disant simplement que la marine avait jugé le changement nécessaire.

L’autre temps fort de cette première journée a été la passe d’armes entre deux politiciens réputés pour leur combativité : le vice-Premier ministre Chalerm Yoobamrung, qui supervise la police, et le député Chuwit Kamowisit, ancien propriétaire d’une chaîne de salons de massages érotiques et membre du parti Amour du pays. Chuwit a accusé indirectement Chalerm de bénéficier de pots-de-vin versés par des propriétaires de casinos clandestins pour fermer les yeux sur leurs activités. Chalerm a rétorqué que les « preuves » sous forme de vidéo prises en cachette dans des casinos n’étaient pas suffisantes pour lancer des inculpations, car il fallait voir les joueurs « en train d’effectuer des paris ».

Le débat de censure doit se conclure par un vote le 28 novembre. La coalition gouvernementale menée par le parti Phuea Thai de Yingluck Shinawatra détient 300 sièges sur les 500 de l’Assemblée nationale.

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Analyse Politique Thaïlande

Chronique de Thaïlande : Siam Pitak, la tête et les jambes

Le mouvement Siam Pitak, dernier avatar du mouvement anti-Thaksin, est socialement diversifié et mené par le réseau des militaires à la retraite.

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Politique Thaïlande

Des heurts lors de manifestations en Thaïlande

La manifestation anti-gouvernementale du 24 novembre à Bangkok s’est déroulée pour l’essentiel dans le calme, malgré quelques heurts entre policiers  et militants.

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Politique Thaïlande

Thaïlande: loi d’urgence à Bangkok

Le gouvernement thaïlandais a décidé d’imposer la Loi sur la sécurité intérieure dans une partie de Bangkok en prévision d’une manifestation de ses opposants.

Le Conseil des ministres a décidé de mettre en vigueur la Loi sur la sécurité intérieure (ISA) dans trois districts de Bangkok – Dusit, Phra Nakhorn et Pomprap Sattruphai – pour se préparer à la manifestation anti-gouvernementale organisée par le mouvement Siam Pitak le 24 novembre. La loi sera appliquée dès le 22 novembre et son application levée le 30 novembre si la situation est calme. Selon le quotidien The Nation, cette loi permettra au gouvernement de Thaïlande de faire appel aux forces armées si la police ne parvient pas à contrôler la foule. Le Bangkok Post rapporte de son côté que la décision de recourir à cette loi d’urgence a été prise sur proposition du Conseil national de sécurité et sur la base de rapports des services de renseignements, selon lesquels la manifestation pourrait mettre en danger la vie des personnes et provoquer des dégâts matériels.

La dernière fois que la Loi sur la sécurité intérieure a été décrétée à Bangkok remonte à avril-mai 2010, quand le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva faisait face à des manifestations de dizaines de milliers de Chemises rouges, partisanes de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra. La cheffe actuelle du gouvernement, Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, doit expliquer à la télévision le 22 novembre dans la soirée les raisons de la mise en vigueur de cette loi. Le mouvement Siam Pitak rassemble les Chemises jaunes et les Chemises multicolores, émanations de l’establishment conservateur et des élites urbaines.

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Mer de Chine du Sud : la phase dépassée du Code de conduite

En 2002, la Chine et l’Asean s’étaient mises d’accord sur le principe d’un Code de conduite en mer de Chine du Sud. Rien n’a été fait. Y aurait-il une solution ?

Voilà dix ans, face aux conflits de souveraineté en mer de Chine du Sud, la Chine et l’Asean ont admis le principe d’un Code de conduite commun. Depuis, Pékin a fait marche arrière : le Code de conduite interviendra au «moment opportun», disent les Chinois, et seules des négociations bilatérales sont concevables. Entre-temps, la Chine a profité de sa supériorité militaire pour faire la police maritime, y compris dans les zones économiques exclusives des Philippines et du Vietnam. De leur côté, les Etats-Unis sont entrés dans la danse en affirmant, depuis 2010, que des négociations globales doivent avoir lieu entre la Chine et l’Asean. Aujourd’hui, plus rien ne bouge et l’impasse semble totale. Mais l’est-elle vraiment?

L’une des raisons de la paralysie est la désunion au sein de l’Asean, dont la moitié des dix membres n’est pas directement concernée par la volonté chinoise de contrôler 80% des eaux de la mer de Chine du Sud. Les altercations de 2012, au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, laissent penser qu’aucun consensus ne peut se dégager. La Birmanie, même si elle a pris ses distances à l’égard de la Chine, croule sous ses propres problèmes. Le Cambodge privilégie ses relations avec Pékin. Ni le Laos ni la Thaïlande ni même Singapour ne monteront au créneau pour inviter la Chine à davantage de souplesse en mer de Chine du Sud.

Les pays directement concernés sont le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, auxquels peut s’ajouter l’Indonésie, dont les gisements de gaz off-shore de Natuna se trouvent à la limite des eaux revendiquées par Pékin. Ancien directeur de la Far Eastern Economic Review et observateur averti de la région, Philip Bowring suggère que ces cinq Etats, au lieu de tenter en vain de rallier à leur cause d’autre Etats indifférents de l’Asean, forment un groupe de travail «lié de façon informelle à l’Asean» et susceptible de proposer «un consensus sur la négociation avec la Chine». La présence de l’Indonésie, estime-t-il dans les colonnes du Wall Street Journal, serait indispensable pour renforcer la présence du monde malais et donner plus d’autorité au groupe aux yeux des Chinois.

La première tâche de ce groupe serait de s’entendre sur l’histoire de la région antérieure à l’arrivée des Occidentaux et à l’expansion chinoise (les Chinois n’ont, par exemple, colonisé Taïwan qu’en 1650 ; ils ont été chassés du Vietnam en l’an 969). Dans une deuxième phase, poursuit Bowring, les cinq pays devraient régler les contentieux maritimes qui les opposent entre eux (notamment en ce qui concerne la zone très disputée de l’archipel des Spratleys), quitte à s’en remettre à une juridiction internationale pour régler le sort de zones qui se chevauchent.

Bowring estime que la formation de ce nouveau groupe, qui représenterait les deux tiers des côtes de la mer de Chine du Sud, renforcerait la main des pays qui le forment dans une négociation avec Pékin et ramènerait un peu de sérénité dans les rangs de l’Asean où la question de la mer de Chine du Sud a suscité quelques amertumes, encore plus prononcées que celles, autrefois, à propos de la Birmanie. De toute manière, écrit-il, ce développement contribuerait à remettre sur les rails une Asean «qui paraît de plus en plus sans prise sur une agression chinoise».

Que Brunei ait pris la relève du Cambodge à la présidence de l’Asean, jusqu’à la fin 2013, pourrait faciliter les choses. Les Philippines ont déjà annoncé une réunion, le 12 décembre à Manille, des vice-ministres de la Défense des quatre Etats directement impliqués en mer de Chine du Sud. On verra alors ce qu’ils comptent faire et comment réagit Jakarta.

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Barack Obama en Asie du Sud-Est : le coup de maître birman

Le point fort de la tournée du chef de l’Etat américain demeurera sa visite à Rangoon, où il a ancré l’espérance, sentiment rare par les temps qui courent.

Six heures seulement à Rangoon, capitale déchue depuis 2005 par la volonté mégalomaniaque d’un ancien tyran qui avait choisi d’extraire de la jungle Naypyidaw, nouvelle capitale isolée, ville surréaliste pour dieux-rois, bunker-retraite pour généraux apeurés par la nouvelle planète, ces mêmes généraux qui avaient refusé en 2008, aux populations du delta de l’Irrawaddy dévasté, l’aide internationale acheminée par bateaux.

Une demie heure à l’Université de Rangoon, fermée près d’une année sur deux pendant deux décennies, fermée comme un refus du savoir, de l’avenir, de l’ouverture sur une jeunesse et sur le monde. Une génération délibérément sacrifiée. Barack Obama a fait rêver les étudiants non en leur promettant la lune mais en leur rappelant que le chemin serait long, plein d’obstacles, et en affirmant qu’il continuerait de se tenir à leurs côtés comme il l’a fait au cours des quatre dernières années.

La grâce ? Thein Sein n’en est plus un officier déguisé en civil mais un gouvernant fréquentable, qui bénéficie d’un préjugé favorable et qui fait face à une tâche surhumaine. Mme Suu Kyi n’en est plus l’assignée permanente à résidence, muselée. Elle rebondit sur terre, met en garde contre les défis à venir et s’apprête à mettre les mains dans le cambouis.

Après avoir recherché une solution avec l’aide de Hillary Clinton, Barack Obama a enfin trouvé la brèche et l’a exploitée dès la première opportunité. Etat-voyou hier, attiré par le nucléaire nord-coréen, la Birmanie n’est plus le même pays aujourd’hui. Ses conflits ethniques, les retards de ses campagnes, son déficit de structures, son sous-développement ne sont plus statiques. Elle part de très loin, mais elle bouge.

Du coup, le Cambodge qui se modernise, ouvert à tous, les bons comme les mauvais, a vu ses gouvernants tancés comme de mauvais élèves, enfoncés à s’en cacher dans les profondeurs de leurs fauteuils de nouveaux riches. Ils ont pris un coup de vieux. Certes, ils se rattrapent en se disant que les leçons de morale américaine ne durent qu’un temps et que ce qui compte le plus est de conserver quelques bons amis aux poches pleines. Mais, dans ce genre de panorama très large, il y a les habitudes d’hier et celles de demain, avec une Thaïlande égale à elle-même, plantée en plein milieu du décor, qui ne dit jamais non mais se contente, souvent, d’observer.

Barack Obama le réélu, qui n’a même pas pris le temps de sabrer le champagne de la victoire, s’est précipité à l’est. Dès le premier voyage à l’étranger et en Asie de son second  mandat, il a su trouver un souffle en dépit de l’environnement dans lequel il s’est retrouvé. Vladimir Poutine a fait faux bond, Wen Jiabao est un premier ministre sur le départ, le chef du gouvernement japonais Yoshhiko Noda ne survivra pas aux élections qu’il vient d’annoncer, le premier ministre du Vietnam est controversé et le président sud-coréen s’apprête à prendre sa retraite.

En outre, l’année qui vient n’annonce pas de bouleversements. L’Asean a beau s’être entendue sur le refus d’une «internationalisation» des contentieux en mer de Chine du sud, ce consensus a été exprimé du bout des lèvres et ne satisfait déjà pas le président Aquino des Philippines (et si les Vietnamiens ne disent encore rien, ils n’en pensent pas moins). Ce contentieux se résorbe d’autant moins qu’en 2013, Chinois et Américains auront d’autres priorités : les premiers, avec l’écart croissant entre riches et pauvres ou la dégradation de leur environnement ; les seconds avec leur économie.

Visant le long terme, Obama aborde déjà un rééquilibrage de son pivotement vers l’Asie en insistant désormais davantage sur les aspects économiques, non les militaires. Personne, pour le moment, ne semble avoir envie d’en découdre et c’est une partie complexe qui se réamorce. Les points marqués à Rangoon par Obama font déjà réfléchir Pékin.

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Asie du sud-est : le bond des achats d’armes, face à la Chine

Les gouvernements de la région multiplient leurs achats d’armes. La raison première: la montée en puissance du géant chinois.

Lorsqu’une vingtaine de dirigeants de l’Asie-Paicifique se réuniront à Phnom Penh, le 20 novembre, ils ne pourront pas oublier que l’Asie du sud-est s’arme à tours de bras, estime le Sydney Morning Herald.  Le quoditien de Sydney rapporte que, selon l’International Peace Research Institute (Stockholm), les budgets militaires ont augmenté, en Asie du sud-est, de 13,5% en 2011 pour atteindre un total de plus de 25 milliards de dollars. Les projections indiquent que ce montant sera porté à 40 milliards de dollars en 2016.

L’Institut de Stockholm estime que les budgets de défense de l’Indonésie, du Vietnam, de la Thaïlande et du Cambodge ont augmenté dans une fourchette de 66% à 82% pendant la première décennie du XXI° siècle. Jakarta, poursuit le Sydney Morning Herald, achète des sous-marins à la Corée du Sud et des systèmes de radars côtiers à la Chine ; Hanoï se fournit en sous-marins et en avions d’attaque auprès de la Russie (et aurait également acquis des missiles balistiques israéliens).

Cinquième importateur mondial d’armes, Singapour a un budget de la defense de 9,7 milliards de dollars en 2012 (24% du budget national). Ses achats comprennent des chasseurs-bombardiers américains et des sous-marins suédois. La Thaïlande étudie l’achat de sous-marins et de chasseurs-bombardiers. Les Philippines ont émis plusieurs requêtes auprès des Etats-Unis et entrepris quelques achats ailleurs, notamment de vedettes garde-côtes françaises. Quant au Vietnam, son budget de la défense a augmenté de 35% en 2012, pour dépasser les 3 milliards de dollars.

Ces efforts pèseront d’un certain poids pendant le 7ème sommet de l’Asie de l’est, lequel réunit les dix Etats membres de l’Asean, trois pays d’Extrême Orient (Chine, Japon, Corée du sud), ainsi que les Etats-Unis (Barack Obama sera présent), la Russie, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ils sont souvent liés au renforcement considérable des moyens militaires chinois et aux pressions que Pékin exerce en Mer de Chine du sud pour imposer sa souveraineté sur ces eaux.